L’histoire d’un grand homme qui risque de sortir par la petite porte…

« Abdoulaye Wade n’a jamais été mon ennemi. C’était mon adversaire, je l’ai vaincu. C’est l’élève qui a battu le maître. (…) Pendant 19 ans, on a cheminé, 11 ans dans l’opposition et 8 ans au pouvoir. Nous avons eu des divergences sur les principes, ce qui a entraîné ma destitution à l’Assemblée nationale. Cela a entraîné ma sortie du PDS et j’ai rendu tous les mandats obtenus à travers ce parti. La rupture était ainsi consommée et j’ai pris mon destin en main. J’ai créé un mouvement politique, j’ai lancé un appel aux Sénégalais qui, trois ans après, m’ont plébiscité. » Président Macky Sall.

Bataille de positionnement

Après une rude bataille avec son mentor, le président Sall annonce la création d’un nouveau parti politique : l’Alliance pour la République. Il annonce n’avoir aucune rancune contre le président Wade et il ne cache pas sa préoccupation sur l’affaiblissement de la démocratie sénégalaise et le manque de séparation des pouvoirs sans oublier l’inefficacité de l’Assemblée nationale. 

Macky Sall disait que depuis mars 2007, il savait que ses jours étaient dénombrés, mais qu’il avait décidé de jouer le jeu jusqu’à la fin. Il a voulu se martyriser pour pouvoir créer un solide soutien à la base. Il pouvait compter sur le Nord d’où viennent ses parents et dans sa région natale de Fatick. Il ne voulait point s’attaquer au président Wade, car il doutait que ce dernier veuille se présenter aux élections présidentielles de 2012.

Il savait que le PDS était fracturé et que les choses s’étaient détériorées depuis février 2007, il voulait en profitait pour avoir une idée du soutien qu’il avait. C’est ainsi que 100 000 cartes sont imprimées et envoyées à l’étranger puis 300 000 autres cartes imprimées un mois plus tard. Il avait le soutien des citoyens sénégalais, mais l’argent faisait défaut. Macky Sall avait besoin d’argent pour aller vers les Sénégalais, et dans les villages le plus reculés. 

Où va-t-il trouver de l’argent ?

Il a été accusé de blanchiment d’argent de fonds reçus du président gabonais, Omar Bongo, mais cela ressemblait plus à un stratagème politique qu’à autre chose. Il y a eu cependant, disent certains, une lettre de Macky Sall à Bongo demandant de l’aide et d’autres disent que Bongo lui avait donné de l’argent, mais qu’il ne s’agissait pas d’un montant important. On ne peut pas qualifier une demande d’argent à un chef d’état étranger comme blanchiment d’argent, mais que c’est un outil facile à utiliser par le gouvernement. Cependant, si le président Wade voulait, il serait facile pour les inspecteurs de faire un cas de corruption contre Macky Sall vu le temps qu’il a passé dans le gouvernement et dans les affaires de l’Etat.

Il n’avait d’œil que sur les élections présidentielles de 2012 et il pensait que ses concurrents à la présidence étaient feu Ousmane Tanor Dieng, ancien secrétaire général du Parti socialiste, Moustapha Niasse, président de l’Alliance des Forces de Progrès et son frère adoptif Idrissa Seck, ancien Premier ministre et président de Rewmi qui avait les moyens de sa politique. Quant à Karim Wade, il ne le prenait pas pour un prétendant sérieux. Il affirmait même que ce sont les conseillers de Wade qui lui ont poussé à mettre Karim, mais qu’il ne voulait pas que sa famille fasse de la politique. Il ne pense pas que la Génération du Concret soit réellement un parti sérieux et que les gens autour y sont pour faire plaisir au président Wade.

Il comptait plus de vingt députés au sein du PDS pour le soutenir sans réserve dans son combat, même s’il a préféré leur demander de rester à l’Assemblée nationale pour l’instant. Cela faisait sa force, car beaucoup se sont enrichis sous Wade, mais ils étaient contre le fait qu’il veuille leur imposer son fils. Macky Sall savait même que certains parlementaires qui ont voté pour le démettre de ses fonctions l’ont fait à contrecœur, mais ils avaient peur de défier le président Wade.

Il savait où se trouvait le problème et était prêt à tout changer pour que le Sénégal devienne un pays de droit. Il disait que la taille du gouvernement était trop importante et que les fonds publics étaient mal gérés. Il disait que la plateforme de son parti était de revitaliser la nature républicaine de l’Etat, de renforcer la séparation des pouvoirs et de l’Assemblée nationale en particulier, de revitaliser l’agriculture et de réorienter les projets d’infrastructures hors de Dakar.

Promesses de positionnement

Mandat de 7 ans : « Il faut qu’on comprenne, en Afrique aussi, qu’on est capable de donner la leçon, et que le pouvoir ce n’est pas une fin en soi » disait Macky Sall quand il avait promis de réduire son mandat en cours de 7 à 5 ans tout en sachant que dans une République, cela ne puisse point dépendre de lui, mais plutôt du Conseil constitutionnel. Monsieur le Président, pensez-vous que là où le Sénégal en était que vous aviez besoin de cette promesse ? Je pense que le Sénégal voulait d’un changement indépendamment du candidat qui serait face au président Wade.

Ingérence familiale : Monsieur le Président, vos propres mots : « Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce que je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal (Wade père et fils) et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme ». Oui, Monsieur le Président. Vous aviez raison et le Sénégal était fatigué de la manière dont le président Wade gouvernait. Pourquoi avez-vous suivi ces pas Monsieur le président ?

Inégalités Sociales : Monsieur le Président, vos propres mots : « Mes principaux adversaires ne sont pas Wade et consorts, ce sont les inégalités sociales, le chômage des jeunes, la situation dans les banlieues ou en milieu rural. Si j’ai des soucis à me faire, c’est par rapport à ces défis, que nous devons impérativement relever. Le reste, c’est de la politique politicienne.

Et maintenant ?

Combien de plans et de programmes d’ordre structurel ont été imposés aux pays pauvres sans que ces plans et programmes ne puissent développer ces pays ? Le même traitement est prescrit pour n’importe quel mal, il s’agit entre autres de privatiser les secteurs clé de l’économie et de déréglementer le marché afin de rendre le marché plus compétitif. 

Comment peut-on prescrire ces recommandations à des pays dont l’économie est déjà agonisante ? Le FMI a généralement rendu le problème en Afrique pire qu’il ne l’ait trouvé. Le « Consensus de Washington » n’a pas marché et la dette des pays pauvres a tellement augmenté qu’il a fallu venir à leur rescousse pour éviter l’irréparable. Certains pays en Afrique ont même rejeté l’aide du FMI et cela les a valus de meilleures performances en termes d’indice de développement humain et de l’environnement des affaires. Le FMI n’a-t-il pas reconnu avoir commis des erreurs dans plusieurs pays et en particulier en Grèce ?

Le président Sall a finalement admis que les dépenses de l’Etat étaient injustifiées et dans sa volonté de vouloir rationaliser ces dépenses, le président a commencé par les dépenses liées au téléphone. Une économie d’une dizaine de milliards, dit-on, mais peu importe, le montant est dérisoire et la rationalisation devait commençait à la présidence où des milliards de fonds politiques sont logés. Toute cette flopée de ministres conseillers avec leurs salaires et d’autres avantages, le HCCT, le CESE, le budget exorbitant de la présidence entre autres doivent être réévalués.

Le gouvernement a émis plusieurs eurobonds pour pouvoir boucler les fins d’années et c’est ainsi qu’en 2014, un eurobond a été émis au taux de 6,25 % remboursable dans 10 ans, puis un autre eurobond en 2017 au même taux remboursable dans 16 ans et enfin un autre eurobond en 2018 à un taux de 4,75 % remboursable dans 30 ans. Notons quand même que l’eurobond émis en 2011 est dû en 2021, avant les recettes d’hydrocarbures. Pourquoi le Sénégal a eu besoin de tant d’eurobonds ?

Pourquoi ne dit-on pas aux Sénégalais que les pressions budgétaires se sont accrues à cause des revenus inférieurs, mais surtout aussi à cause de l’augmentation de la masse salariale, qui malheureusement n’a pas amélioré les conditions de vie de la majorité des fonctionnaires. Et pourtant, le Sénégal avait promis d’augmenter les recettes tout en réduisant le train de vie de l’Etat. Pourquoi n’a-t-on pas encore dit aux Sénégalais que de nouvelles mesures ont été prises, car les précédentes n’ont pas été respectées et que le gouvernement s’est encore engagé à contenir les dépenses d’investissement non-prioritaires qu’on finance avec de l’argent emprunté à des taux exorbitants.

Enfin

Monsieur le Président, je pense sincèrement qu’il serait plus sensé pour vous de forcer le troisième mandat, car la situation est catastrophique et je ne pense pas que vous puissiez protéger tous ceux qui sont autour de vous si vous quittez en 2024. Je ne pense pas qu’amnistier Khalifa Sall et Karim Wade et de maintenir le parrainage pour mettre votre candidat dans le but de protéger vos fidèles collaborateurs marchera. Monsieur le Président, que faire ?

 

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