Lettre ouverte à Madiambal Diagne

Chez nous, il y’a plus d’un demi-siècle, les colonisateurs avaient pour alliés des « fortes gueules » qui n’avaient pour seule arme que des injures proférées contre leurs semblables. Avec pour « salaire » des biscuits, du vin et du sucre, ils soutenaient le blanc contre leurs propres frères nègres. Aujourd’hui, ce sont les petits fils de ces énergumènes aux sermons sataniques qui, l’on ne sait pour quelle raison, s’en prennent aux religieux.

UN « THEATRE MEDIATIQUE » DES PLUS RIDICULES

La logique coloniale demeure une source d’inspiration pour vous, Madiambal Diagne, au point qu’en vous lisant, je me demande si je n’ai tout simplement pas voyagé dans le temps, histoire d’atterrir de façon ubuesque devant un chef nègre qui n’hésite pas à vendre son frère de sang comme esclave pour quelques pièces de monnaie. Votre physionomie et votre façon d’écrire devraient sans nul doute convenir aux nostalgiques du passé !

Les attaques contre Serigne Moustapha Sy sont assimilables à celles tenues contre un guide religieux d’appartenance chérifienne au siècle passé. L’histoire nous est contée avec intérêt par Al Maktoum. Les colonisateurs l’avaient menottés, et l’emmenaient pour l’exécuter. Dans toutes les grandes avenues de la ville, il y’avait des personnalités sénégalaises de toutes catégories, corrompues, à qui l’on avait exigé de s’accoutrer élégamment, histoire de « célébrer l’injustice ». Et le Chérif d’éclater de rire en voyant tout ce théâtre, comme pour leur dire qu’il s’agissait d’une comédie pure et simple ! Là encore, les petits fils de ces traitres rongés par la honte ce jour continuent de verser dans une pure comédie à l’égard des religieux.

Les descendants de ceux qui avaient insulté le Prophète ne s’étaient-ils pas pris à l’Imam Bousri ? A défaut des « lundi de Madiambal », avec vos chroniques sans nul doute lus par d’aucuns dans le journal le quotidien, nous allons fêter « la Chronique de Maam Cheikh », car le chroniqueur que je suis est votre cadet de plusieurs décennies, mais est imbu d’une haute science et d’un enseignement qui surpassent de loin votre niveau intellectuel.

UN LANGAGE DE LA RUE SOUTENU

Quand on s’acharne sur la philosophie d’un homme, il convient au préalable de la maitriser. A quoi bon user de termes qui demeurent méconnus de l’élite moustarchide ? Vous faites dans de l’escroquerie morale, d’autant plus que vous n’écrivez point à un niveau qui puisse interpeller un guide de la trempe du fils d’Al Maktoum. « Chef Religieux », « Prêche », « Buzz »…Il y’a lieu de se demander pourquoi est ce que les structures mentales de la plupart des journalistes restent immunisés contre la noblesse et la dignité, préférant enfourcher le cap « d’enfant de la rue» !

Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy écrit : « Le mot marabout m’a toujours rebuté. Je l’ai toujours considéré comme une expression berbère sinon barbare. Je l’ai dit à Senghor qui en riait comme un enfant. Et il a mis à la place ce fameux chef religieux. Encore un sobriquet aussi exécrable que tout autre ! »

Il faut être un néophyte pour s’adresser à un Homme de Dieu en ces termes. Pire encore, vous souhaitez lui dicter des inconvenances que vous tenez pour urgentes. Vous voulez qu’il « prêche la religion et la morale. » Qu’entendez-vous par religion ? Vous prônez une chose que vous méconnaissez. Chez nous, c’est les piliers de l’islam qui sont connus, mais l’islam en tant que tel ne l’est toujours pas. Quant à la morale, je me demande comment est ce qu’elle pourrait trouver de place ici pardi !

Lisons Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy : « Le rendement d’un cerveau dépend de la société dans laquelle il évolue et dont il est l’élément pensant. » A force d’évoluer dans un environnement ou l’idiotie prend le dessus sur la lucidité, l’on ne peut user que de langages de la rue ! Comment est ce qu’un journaliste de votre trempe peut-il user du terme « buzz » ? Même les animateurs de télévision gérant des joutes oratoires ont cessé de s’exprimer de la sorte.

L’OBSCURANTISME POLITIQUE EST D’ACTUALITE

Le bavardage auquel vous faites allusion est pire dans la sphère que vous défendez, celle politique. Excepté la mise au point concernant l’affaire Khalifa Sall, Serigne Moustapha Sy n’a évoqué que la pensée Mahométane durant toute la nuit du Mawlid. Ce qui vous gène est sans nul doute ses propos à l’égard du régime au lendemain, dans le cadre de la Ziara. Sachez que si ce pays se perd encore dans les dédales d’un déséquilibre, c’est en partie du à l’obscurantisme politique ! L’intégralité des événements qui se sont déroulés dans ce pays le montrent. Cependant il faut autre chose qu’une lanterne pour éclairer le chemin de celui qui prétend ne pas voir en plein jour. Un chef politique sénégalais disait : « Il y’a des gens qui sont tellement bêtes qu’il leur est impossible de tirer leçon d’un événement afin de prendre les décisions qui s’imposent. »

EVENEMENTS DE 1994: DEVOIR DE MEMOIRE

Pour en venir aux événements de 1994 et à l’arrestation de Serigne Moustapha Sy, j’ai comme l’impression que vous jouez sur la conscience de vos lecteurs en prétextant une dualité état-moustarchidine. En effet, ce qui s’est passé a eut pour soubassement ceci : Un Etat qui refusait de céder la place à ce principe qu’est l’alternance, une opposition engagée qui soutenait «s’être fait voler ses suffrages », un peuple sénégalais inerte face aux inconvenances provenant du régime étatique et un Mouvement attaché aux grands objectifs du siècle, et ceci dans un élan spirituel, et enfin un guide religieux aux enseignements ayant toujours transcendé les réalités communément admises, Serigne Cheikh Tidiane SY. Exclure l’un de ses acteurs serait trahir le devoir de mémoire que ces événements méritent. Et le poète arabe d’évoquer l’arrestation de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy jadis en ces termes : « On lui a fait ce qu’on avait fait au prince des croyants Youssouf ! »

Je suis sur que vous n’oserez pas vous attaquer à la légitimité des propos d’Al Maktoum à l’égard de Serigne Moustapha Sy et de son mouvement :

« Serigne Moustapha Sy a eu des résultats dans un domaine assez complexe : La spiritualité. Les lumières ayant émanées de ce cadre ne peuvent nullement être éclipsées par de petites ombres d’adeptes de la politique politicienne. »

Serigne Cheikh Tidiane Sy, 29 Janvier 2000 Au Cices, Conférence Sur Le Thème « L’Unicité de Dieu »

« Mahomet (psl) n’a-t-il pas apporté son soutien aux chrétiens au détriment des perses ? Serigne Moustapha Sy n’a pas à avoir de « repentir », son choix est à la fois juste et fondamental ».

Lettre Ouverte Adressée à Maitre Abdoulaye Wade, 9 Janvier 1994

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