En plus de la dette lourde due aux entreprises importatrices et distributrices de produits pétroliers, l’attaque de drones contre deux installations pétrolières d’Arabie Saoudite est venue compliquer la tâche à l’état qui doit supporter une hausse du prix du baril sur le marché international. Une situation qui risque d’impacter sur le prix du carburant, de l’électricité et de l’économie sénégalaise en général.
«Quand deux éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent.» La crise du Golfe a de graves répercussions dans le monde particulièrement dans les Etats non producteurs de pétrole. Les bombardements des installations d’Arabie Saoudite ont créé un déficit de production qui représente près de 5% de la consommation journalière mondiale. Si les rebelles Houthis yéménites revendiquent ces attaques au drone, Ryad est convaincu que c’est l’Iran qui est derrière. Quoi qu’il en soit, cela va impacter le marché international avec une hausse du prix du baril. D’ores et déjà la France a augmenté le prix à la pompe depuis lundi. C’est pourquoi, le secrétaire général de la CNTS/FC, Cheikh Diop a tenu à alerter sur cette situation qui risque d’être vécue durement au Sénégal, si rien n’est fait. Selon lui, cette tendance haussière du prix du pétrole sur le marché international va venir s’ajouter à une situation propre au Sénégal. Il s’agit, dit-il, d’un endettement assez important de l’Etat vis-à-vis des entreprises du secteur du pétrole et du gaz. Ce sont en effet les entreprises importatrices y compris la SAR, qui ravitaillent le marché sénégalais en brut comme en produit fini. Selon Cheikh Diop, cette activité d’importation a généré une dette très lourde qui avoisine au total près de 300 milliards FCFA. «L’Etat s’était engagé à combler les pertes commerciales dues à ces importations. Mais le remboursement de ces pertes-là n’est pas effectif au point qu’il y a aujourd’hui un endettement qui avoisine les 300 milliards Fcfa pour l’ensemble des importateurs. Donc il n’y a pas eu de compensation», indique-t-il.
DETTES DUES AUX PETITES ENTREPRISES NATIONALES
Par ailleurs, le syndicaliste affirme qu’en plus de cette dette due aux importations, il y a une autre dette qui concerne les entreprises plus petites, en particulier les entreprises nationales. Celles qui effectuent la distribution du produit partout dans le territoire national. A en croire Cheikh Diop, il y a ce qu’on appelle la péréquation du transport qui est le remboursement que l’Etat fait lorsqu’on amène le produit par exemple à Fongolimbi ou dans d’autres contrées du pays. C’est cette péréquation qui fait qu’on retrouve les mêmes prix qu’à Dakar. Et ce, partout où on peut se rendre dans le pays. A vrai dire, l’Etat s’engage à harmoniser les prix sur le plan national et il s’engage à rembourser ces péréquations aux petites sociétés nationales qui distribuent le produit dans les localités intérieures. Toutefois, Cheikh Diop se désole du fait que cette péréquation n’ait pas été remboursée depuis fin 2016 aux entreprises nationales. Et l’Etat traine une dette d’un milliard Fcfa ou plus pour certaines de ces sociétés, et moins d’un milliard pour d’autres, a-t-il précisé. Pour lui, cela donne tout simplement une indication sur la lourdeur de l’ardoise due aux sociétés nationales.
CHEIKH DIOP : «AU-DELA DE L’ELECTRICITE, TOUTE L’ECONOMIE SENEGALAISE RISQUE DE VIVRE LES REPERCUSSIONS DE CETTE SITUATION»
Après avoir dressé ce constat, le syndicaliste estime qu’aujourd’hui l’Etat du Sénégal est dans une situation complexe. Celle-ci se manifeste par la trésorerie qui souffre déjà d’une dette de près 300 milliards Fcfa sans compter la conjoncture internationale avec la hausse du prix du baril. «Nous attirons l’attention sur une éventuelle pénurie et nous voulons que cette situation soit maitrisée», affirme-t-il. Pour Cheikh Diop, il est de la responsabilité de l’Etat de faire face à cette situation qui risque de créer une pénurie des produits pétroliers dans le pays. «On ne pouvait rester sans alerter en tant qu’acteur social et du mouvement syndical. Notre responsabilité ; c’est d’alerter pour que cette situation n’arrive pas», a-t-il expliqué avant de prévenir que tous les secteurs de l’Energie y compris l’électricité peuvent être impactés négativement par cette situation. «Et même au-delà de l’électricité, toute l’économie sénégalaise risque de vivre les répercussions», a-t-il conclu.