Thiès : sept mois après la débâcle de février dernier le camp présidentiel n’est toujours pas sorti de sa léthargie

Les partisans du président Macky Sall dans la ville aux- deux-gares attendent toujours que leurs responsables tirent le bilan de la dernière élection présidentielle pour connaître les véritables raisons de leur lourde défaite dans le département de Thiès. Hélas, sept mois après ce scrutin, toujours pas de bilan. Au contraire, les responsables de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) rasent les murs s’ils ne sont pas aux abonnés absents. Quant aux militants de base, ils se disent « choqués » par la «profonde léthargie de Benno à Thiès entretenue par l’hypocrisie des lieutenants du chef de l’Etat dans la zone ». Ce depuis la dernière présidentielle.

« Dans une ville aussi stratégique que Thiès, où il n’a pas un problème de bilan puisqu’ayant à son actif des infrastructures autoroutières, hydrauliques, sanitaires, éducatives, entre autres, l’injection de près d’un milliard de FCFA pour les financements de la Der dans le département, outre le renforcement du dispositif déjà existant de leaders thiessois, comment se fait-il que le président Macky Sall continue d’y être confronté à un problème de leaders locaux » ? Selon nombre de responsables apéristes à la base, ce manque de leaders représentatifs justifierait « la profonde léthargie dans laquelle a sombré la coalition Benno Bokk Yakaar à Thiès depuis la présidentielle du 24 février dernier ». Responsable de premier plan de la coalition présidentielle dans la capitale du Rail, Djiby Fall ne trouve pas de mots assez forts pour fustiger des «moins que rien qui sont ministres, députés, directeurs nationaux et Pca de société, mais ne s’occupent que de leur aisance et celle de leurs familles ». Ce au lieu d’animer le parti et de le massifier. « Macky Sall est trompé à Thiès où prévalent la ‘’désunion’ des troupes’, la ‘’pléthore de clans’’, un ‘’manque de considération réciproque’’ entre leaders, et de ces derniers à l’égard surtout des mouvements de soutien qui sont marginalisés ». Portant un œil critique sur le fonctionnement de la mouvance présidentielle à Thiès, la responsable à la base à Thiès-Est, Seynabou Mbodj, elle, n’en revient toujours pas des résultats électoraux catastrophiques de Benno Bokk Yakaar devant Idrissa Seck, à Thiès, à la dernière présidentielle dernière. Une élection à l’occasion de laquelle « les responsables locaux avaient obtenu beaucoup de moyens matériels et financiers sans avoir été capables d’augmenter leurs suffrages de plus de 20.000 voix ». Notre interlocutrice de se désoler de cette «profonde léthargie du camp présidentiel malgré tous les postes de responsabilités attribués à des fils de Thiès, des leaders qui peinent à mobiliser et qui sont plus soucieux de créer des structures à leur dévotion que de taire leurs egos, se rassembler et conduire le parti vers à la victoire ».

« Une minorité arrogante et impopulaire faisant dans la complaisance et le copinage » De hauts cadres de l’Alliance Pour la République (APR) ne manquent pas d’indexer « une certaine minorité arrogante et impopulaire, absente du terrain, et parmi laquelle on peut citer le coordonnateur départemental de la coalition Benno Bokk Yakaar, le ministre-directeur de cabinet du président de la République, Dr Augustin Tine, le 3e vice-président de l’Assemblée nationale, le député Abdou Mbow (retenu pour raison de maladie), le ministre Abdou Fall, la PCA du Petit-Trai Bleu, Mme Seynabou Ndiéguene, le Pca du Fonsis, Dr Pape Amadou Ndiaye, le responsable politique Meulèye Diop, le directeur général de l’Anamo et président du mouvement « Geum sa Bopp », Maodo Malick Mbaye, le directeur général de la Solde, M. Charles Émile Abdou Ciss, par ailleurs président du mouvement « Solidarité Citoyenne Defar Sa Gox ». Selon ces hauts cadres de l’APR, ces responsables « ont fini de montrer leurs limites en conduisant le parti sur la base de la complaisance et du copinage ». Nos interlocuteurs s’en prennent aussi au ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications et porte-parole du gouvernement, Mme Ndèye Tické Ndiaye Diop, qui, selon eux, fait preuve de « carence politique » et de « nullité intellectuelle », donc, d’« incompétence ». Ces responsables à la base, qui reprochent à l’ex-patronne de l’Agence nationale des Affaires maritimes (ANAM), d’être « injoignable au téléphone », invitent surtout le président Macky Sall à prendre conscience de la « tromperie dont il est l’objet à Thiès de la part de certains leaders locaux qui ne pèsent rien sur la balance électorale ». Et de citer encore l’exemple du ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, laquelle, pensent-ils, « aura de sérieuses difficultés au niveau de Thiès- Ouest, qui est aussi le fief du président de Rewmi. C’est aussi une zone qu’elle partage déjà avec les partisans de Pape Ciré Dia, le directeur de cabinet du ministre Augustin Tine, Pr Demba Diouf, et le Pca du Fonsis, Dr Pape Amadou Ndiaye qui, lui, a gagné ses centres de vote et a eu a diriger, aux dernières législatives, la liste majoritaire à Thiès-Ouest, aux cotés du ministre Thierno Alassane Sall qui était tête de la liste proportionnelle. Est-ce que, dans la querelle de leadership en cours au niveau de la ville, ces gens-là, qui sont des apéristes de la première heure, accepteront de lui baliser la voie ? Accepteront-ils, se de- mande le président du mouvement national « Alliance pour la République » (ALIR), M. Thié Kouyaté, de « se mettre derrière une éternelle perdante qui n’a jamais gagné son bureau de vote » ? A l’en croire, « pour que Ndèye Tické Ndiaye Diop puisse confirmer son leadership au niveau de la ville, il lui faudrait, au préalable, s’affirmer dans l’espace de sa commune de Thiès- Ouest ». Et Thié Kouyaté de s’offusquer du fait que, « paradoxalement on promeut les derniers de la classe, ceux-là qui ne sont même pas capables de gagner leur bureau de vote. Déjà, avec le décret présidentiel nommant à un poste ministériel et qui n’a aucun rapport avec les responsabilités politiques au niveau de la base, Tické Ndiaye pense être le centre de la terre. Elle croit devoir passer favorite ». Mais, tient-il à préciser, « les Thiessois ne sont pas aussi naïfs pour laisser leur commune entre des mains inexpertes, à la merci d’une responsable politique n’ayant pas le profil de l’emploi, loin d’être utile pour la cité, insensible aux préoccupations des populations, qui n’a pas ouvert sa porte à tous, n’a pas tendu la main à tous, qui peine à mobiliser parce qu’électoralement très lé- gère et politiquement inefficace ».

Pape Ciré Dia et Habib Niang plébiscités comme « seuls maîtres à bord »

Le président Macky Sall a-t-il à Thiès les hommes et les femmes capables de faire face au « puissant appareil politique » de l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck ? M. Kouyaté, pense que « oui » et plébiscité Pape Ciré Dia comme « leader naturel» de la ville. Il se dit, aussi, convaincu que « le président du Mouvement national ‘’And Suxxali Sénégal’’, Mouhamed El Habib Niang, ‘’l’homme de toutes les situations’’, a fini de confirmer son leadership dans la commune Thiès-Nord, voire de s’affirmer dans l’espace de la cité du rail ». Comme lui, beaucoup d’autres cadres de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) à Thiès décrivent de habib Niang, en permanence sur le terrain, comme un « un généreux bienfaiteur à l’image de Pape Ciré Dia, qui porte en bandoulière les préoccupations des populations à travers des actes éminemment positifs dans le domaine du social ». Ils insistent sur « la ‘’posture de leader naturel’’ incarnée à Thiès par l’ex-Directeur général de La Poste, qui ne souffre d’aucun doute, d’aucune contestation, au sein de la famille politique thiessoise du président Macky Sall ». D’ailleurs nombre de responsables à la base du camp présidentiel continuent de penser que « le ‘’Sage’’ n’a pas d’égal dans le périmètre communal de Thiès. Il s’agit là d’une « vérité incontestable » aux yeux du responsable régional du PIT (Parti de l’Indépendance et du Travail) à Thiès, M. Amath Camara, ex-di- recteur de cabinet du ministre du Travail, selon qui, « de tous les politiciens que Thiès a connus de 1980 à nos jours, le nouveau Président du Conseil d’administration de la Lonase, un ‘’homme utile’’, est incontestablement le meilleur sous tous les rapports ! Il a apporté plus sur le plan économique, social, culturel, religieux, sportif, éducatif, etc., à la ville de Thiès, en tant que politicien doté d’un mandat, que tous ses prédécesseurs réunis ». Mais, hélas, avec sa nouvelle posture professionnelle, l’homme porté à la tête de la présidence du conseil d’administration de la Lonase semble aujourd’hui s’emmurer dans un « silence troublant ». Il n’a plus les moyens de sa générosité et de sa prodigalité sociale. Son départ de la tête de La Poste a laissé un grand vide à Thiès, une ville devenue subitement orpheline, pour le plus grand mal- heur de beaucoup de familles démunies qui bénéficiaient de ses innombrables « actes positifs » dans le domaine du « social ».

Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès 

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