Le dernier hommage à Jean-Karim Fall en France

Les obsèques de Jean-Karim Fall ont eu lieu en fin de matinée samedi 3 juin au cimetière du Père-Lachaise, dans l’est de Paris. Le journaliste franco-sénégalais de France 24 est décédé il y a une semaine. Agé de 59 ans, il avait effectué la majeure partie de sa carrière à RFI où il avait travaillé de 1984 à 2012. Il avait notamment été chef du service Afrique. Ses collègues et ses amis étaient présents ce matin pour lui rendre hommage.

De la musique, le chant des oiseaux et une foule très émue pour accueillir le corps de Jean-Karim Fall. Et la voix de Juan Gomez pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure et saluer la mémoire d’un grand journaliste :

« Jean-Karim avait ce sens de l’actualité. Il avait l’intuition, il était ultra percutant dans son analyse, mais toujours extrêmement gentil, profondément humain et toujours disponible même dans l’urgence. »

Comme Juan Gomez, Pierre Briand, journaliste à l’Agence France-Presse (AFP), a travaillé avec Jean-Karim Fall. C’était à Libreville, au Gabon. « Jean-Karim, il ne se reposait jamais quand il était en reportage. Il fallait toujours vérifier quelque chose, trouver un angle, trouver quelque chose et c’était… (sanglots) vingt ans après… C’était vraiment un grand monsieur. Si on avait tous été comme lui… C’était quelqu’un de vraiment extraordinaire. Nous on a eu de la chance de le connaître .»

Bon nombre de personnes présentes aux obsèques de Jean-Karim espèrent que son héritage sera prolongé par les journalistes qu’il a côtoyés.

« Je te couvre »

Parmi ses collègues présents à la cérémonie, la correspondante de RFI aux Etats-Unis Anne-Marie Capomaccio, également ancienne chef du service Afrique et directrice de la rédaction. Elle a rendu hommage au grand professionnel du journalisme qu’était Jean-Karim Fall.

« Les Américains ont une très jolie expression pour dire  » je te couvre « ,  » Avance, j’ai ton dos  » (I have your back). JK, c’est ça. Je l’ai entendu un jour guider un correspondant au téléphone dans les rues d’Abidjan. Je crois que c’était Cyril Bensimon en reportage. Et quand je suis rentrée dans notre bureau, notre mini bureau, il hurlait dans le téléphone :  » Je te dis de tourner à droite au carrefour.  » Je lui dis :  » Mais Karim qu’est-ce que tu fais?  »  » Il me dis :  » Je lui donne la route, il ne veut pas tourner, il va tomber sur un barrage, cet imbécile.  » »

« Je l’ai entendu dire au général Gueï qui venait de faire un coup d’Etat :  » Taisez-vous quand je parle, c’est Jean-Karim Fall. Premièrement, vous n’allez pas couper notre émetteur parce que sans notre émetteur vous n’avez pas de coup d’Etat. Et deuxièmement, je vous préviens, si quoi que ce soit arrive à Bruno Minas, je vous tiendrai pour personnellement responsable.  » Je l’ai entendu négocier de Paris, le passage d’un barrage pour Laurent Correau en brousse. Des heures à trouver la valise satellite du chef du barrage où il devait passer. Il lui a dit :  » C’est Jean-Karim Fall, j’ai un petit qui va passer à ton barrage, je ne veux pas de palabres. Vous me donnez votre nom, je vais vous rappeler pour vérifier, donnez-moi votre nom.  » JK était là. »

Avec Rfi

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