L’Assomption de la Vierge Marie: « le corps qui doit retourner à la poussière peut, par grâce, devenir lumière »

L’Assomption de la Vierge Marie: « le corps qui doit retourner à la poussière peut, par grâce, devenir lumière »

L’Assomption, fêtée le 15 août, célèbre la mort, la résurrection, l’entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie. Si les Evangiles n’évoquent pas directement ce mystère, les premiers chrétiens n’ont pas mis longtemps à réfléchir à la place de Marie dans leur foi. Ils ont rapidement voulu célébrer ses derniers moments, comme ils le faisaient pour honorer leurs saints. Voici quelques repères étymologiques, historiques, liturgiques et spirituels.
• Le sens du mot « Assomption »
« Assomption » vient du verbe latin « Assumere » (assumer, enlever). L’étymologie souligne l’initiative divine: Marie ne s’élève pas toute seule vers le ciel, c’est Dieu qui fait le choix de l’« assumer », corps et âme, en la réunissant à son Fils sans attendre la résurrection finale, tant elle a su s’unir, corps et âme, à Lui, dès sa vie terrestre.

Marie inaugure ainsi le destin ouvert aux hommes par la résurrection de son Fils et anticipe ce qui deviendra la condition des sauvés à la fin des temps.

• Origine de la fête de l’Assomption
L’Assomption est d’abord née dans la nuit des temps en Orient avant de se propager rapidement.

1. En Orient
Cette fête est née à Jérusalem, mais il est difficile de savoir à quelle époque. L’origine précise de la fête du 15 août tient peut-être à la consécration à cette date, par l’évêque Juvénal (422 – 458) d’une église dédiée à Marie à Kathisma (étape supposée de la Vierge entre Nazareth et Bethléem). Elle a plus probablement pour origine la consécration d’une autre église à Gethsémani, à côté de Jérusalem, au VIème siècle, là où certaines traditions affirmaient que la Vierge avait fini sa vie terrestre.

Quoi qu’il en soit, la fête fut étendue à tout l’empire par l’empereur Maurice (582 – 602), sous le nom de Dormition (Koimelis) de la Vierge Marie. Elle a toujours été célébrée le 15 août, et a toujours depuis revêtu une importance particulière en Orient: l’année liturgique s’ouvre quasiment avec le 8 septembre – fête de la naissance de Marie – et s’achève le 15 août, fête de son retour à Dieu. « Toute l’année liturgique est ainsi placée sous le patronage de Marie ».

2. En Occident

Comme souvent à cette époque, l’Eglise de Rome est en retard sur l’Eglise de Constantinople. « On est sûr que la fête de l’Assomption n’y était pas célébrée sous Grégoire le Grand († 604) mais qu’elle l’était en 690. On pense donc qu’elle fut instaurée par le pape Serge 1er (687 – 701), lui-même d’origine syriaque ».

La fête fut longtemps accompagnée d’une procession nocturne, supprimée par le pape Pie V (en 1566), à cause des nombreux abus qui l’entouraient. Elle a longtemps été précédée d’un jeûne et, en différents diocèses de l’Europe du Sud, elle pouvait être le temps de la bénédiction du fourrage et de l’offrande des premières récoltes.

• Le dogme de l’Assomption
« Au terme de sa vie terrestre, l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, a été prise corps et âme dans la gloire céleste ». C’est en ces termes que le 1er novembre 1950, fête de la Toussaint, le pape Pie XII définissait le dogme de l’Assomption de la Vierge.
« Le dogme de l’Assomption de la Vierge ne vient pas d’une enquête historique visant à reconstituer ce que Marie disait ou pensait d’elle-même, et pas davantage ne découle de l’opinion des apôtres ou de quelque autre contemporain. Les dogmes de l’Eglise à propos de Marie naissent de la reconnaissance par l’Eglise de l’œuvre de Dieu en elle et à travers elle ».
Le dogme de l’Assomption proclame en Marie, déjà glorifiée en son corps et en son âme, celle « qui représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même que sur cette terre, en attendant la venue du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage. » (Vatican II, Lumen Gentium 68)

• L’Assomption de Marie et nous
La fête de l’Assomption entretient l’espérance. En effet, la liturgie de l’Assomption célèbre Marie comme la « transfigurée »: elle est auprès de Lui avec son corps glorieux et pas seulement avec son âme. En elle, le Christ confirme sa propre victoire sur la mort.
Marie réalise ainsi le but pour lequel Dieu a créé et sauvé les hommes. En la fêtant, les croyants contemplent le gage de leur propre destin, s’ils font le choix de s’unir à leur tour au Christ.

La fête de l’Assomption souligne, par ailleurs, la grandeur du corps : celui-ci n’est pas que l’enveloppe de l’âme, la dépouille que l’on peut abandonner à sa destruction. Le christianisme, contre toutes les critiques qui courent, tient au respect du corps. Le sommet de l’Amour de Dieu n’est-il pas que son Verbe ait pris un corps humain et se soit « incarné » ? La grandeur de Marie n’est-elle pas d’avoir donné corps à Celui qui était Esprit ? Le sommet de la haine des hommes n’est-elle pas d’avoir crucifié un corps ? Jésus n’a pas proclamé un message pour âmes pieuses, il a toujours montré de la compassion pour tous ces corps blessés par la maladie ou abîmés par un handicap. Jamais il n’a parlé de résignation, sans cesse il a cherché la guérison. Le corps enlevé au ciel n’est pas un prodige à expliquer : c’est la façon d’affirmer que le corps qui doit retourner à la poussière (Gen 3, 19) peut, par grâce, devenir lumière.
Senepeople avec Abbé Roger Gomis

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