Lassana Bathily : « Je ne conseille pas aux jeunes Africains de venir en France »

Lassana Bathily : « Je ne conseille pas aux jeunes Africains de venir en France »

Hissé au rang de héros après l’attaque à Paris contre l’Hyper Cacher il y a tout juste un an, Lassana Bathily, désormais franco-malien, a raconté à Jeune Afrique comment l’attentat avait bousculé sa vie.
Lassana Bathily est un homme timide. Une petit voix fluette et hésitante, devenue omniprésente sur les plateaux de télévision après l’attaque menée il y a un an à Paris contre l’Hyper Cacher, deux jours après la tuerie perpétrée au sein du journal satirique françaisCharlie Hebdo.
Héros malgré lui
Le 9 janvier 2015 a radicalement changé la vie de cejeune Malien, originaire de la région de Kayes, dans l’ouest du Mali. Ce jour-là, le manutentionnaire de l’Hyper Cacher s’affaire au sous-sol lorsque des tirs retentissent à l’étage. Amédy Coulibaly a pris le contrôle du magasin et menace les otages. En bas, Lassana Bathily propose à ceux venus se réfugier au sous-sol de s’échapper via le monte-charges. Effrayés que le bruit de l’engin n’alerte le terroriste, tous refusent. Après les avoir aidé à trouver refuge, Lassana Bathily s’échappe seul. Dehors, il dessine les plans du magasin pour aider les hommes du RAID à préparer l’assaut.
Pour son aide précieuse, l’ancien sans-papiers a été hissé au rang de héros national. Plateaux télé, prix, rencontres avec Ibrahim Boubacar Keïta ou encore Barack Obama : Lassana Bathily a brutalement été propulsé à la une de tous les médias. « Le fantasme du jeune musulman qui sauve des juifs a fait le tour de la planète », résume son éditeur en avant-propos du livre témoignage de Lassana Bathily, Je ne suis pas un héros.
« C’est comme ça que j’ai été élevé en Afrique »
« Je ne supporte pas cette étiquette : j’ai fait ce geste naturellement, c’est comme ça que j’ai été élevé en Afrique », raconte le Franco-Malien. « Un vrai héros, c’est quelqu’un comme Nelson Mandela. Moi, j’ai fait un acte normal et naturel, je suis un citoyen », poursuit Lassana Bathily, qui a reçu Jeune Afrique dans les locaux de Flammarion.
En un an, sa vie a radicalement changé. Le 20 janvier 2015, les autorités lui remettaient en grande pompe la nationalité française. Un bouleversement pour celui qui fuyait il y a encore quelques mois les contrôles de police. « J’en rêvais depuis que je suis gamin. Maintenant, je suis français et j’en suis fier », assure Lassana Bathily.
Son quotidien a également été bouleversé : la mairie de Paris lui a proposé un emploi qui lui permet de suivre des cours de perfectionnement en français.
« Je ne leur conseille pas de venir en France »
Dans les mois à venir, Lassana Bathily compte bien profiter de sa notoriété pour mener un autre combat à travers l’association qui porte son nom. Celui de développer son village d’enfance de Samba Dramané, où l’eau et l’électricité peinent encore à arriver. Mais aussi de faire passer un message aux jeunes Africains tentés par l’exil, quitte à y laisser leurs vies. « Je ne leur conseille pas de venir en France mais de rester dans leur pays. Beaucoup de jeunes sont morts en tentant de rejoindre l’Europe en pensant avoir une vie meilleure. Ils ne faut pas qu’ils le fassent », déplore-t-il.
« Je veux sensibiliser la jeunesse africaine à ce sujet », ajoute le jeune homme, dont l’arrivée en France en 2006 fût pavée de difficultés. Racisme, illégalité, patrons peu scrupuleux, mal-logement : un quotidien qu’il raconte dans son livre, comme un message que Lassana Bathily espère transmettre aux candidats à l’exil.
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Je ne suis pas un héros, Lassana Bathily, éd. Flammarion

Par Jeuneafrique.com

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