« La Russie représente aujourd’hui un danger » pour le futur chef de la diplomatie américaine

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Auditionné pendant plus de neuf heures par le Sénat, Rex Tillerson, le futur chef de la diplomatie américaine, s’est plusieurs fois démarqué des positions défendues par le président élu, Donald Trump.

Russie, nucléaire, changement climatique… Sur nombre de sujets, Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine choisi par Donald Trump, s’est démarqué du président élu des États-Unis. Mercredi 11 janvier, le patron du géant pétrolier ExxonMobil entre 2006 et 2016 a été auditionné pendant plus de neuf heures par la commission des Affaires étrangères du Sénat pour être confirmé comme secrétaire d’État.

Un passage sur le gril qui s’est déroulé dans un contexte extrêmement lourd : la Russie est accusée d’avoir interféré dans la campagne présidentielle américaine dans le but de favoriser Donald Trump et de discréditer Hillary Clinton. Et le milliardaire, qui entrera à la Maison Blanche le 20 janvier, a nié avoir fait l’objet de pressions russes, après la publication par la presse de notes faisant état de dossiers compromettants sur lui et qui seraient aux mains de Moscou.

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Proche de Poutine

« La Russie représente aujourd’hui un danger », a jugé Rex Tillerson, assurant que Washington et Moscou ne seront « probablement jamais amis » car leurs « systèmes de valeurs sont clairement différents ». Il a condamné le fait que Moscou avait « envahi l’Ukraine en s’emparant de la Crimée et apporté son soutien aux forces syriennes ».

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Rex Tillerson, un Texan de 64 ans à l’imposante carrure et qui s’exprimait pour la première fois depuis sa nomination le 13 décembre, a toutefois refusé de suivre le sénateur républicain Marco Rubio, qui a traité Vladimir Poutine de « criminel de guerre ». Celui qui a fait toute sa carrière chez ExxonMobil avait tissé dès 1999 une relation qu’il avait lui-même qualifiée de « très proche » avec le chef du Kremlin. Ce dernier l’avait d’ailleurs décoré en 2012 de l’ordre de l’Amitié, notamment pour les investissements d’Exxon dans l’industrie pétrolière russe.

Mais la proximité entre l’éventuel prochain secrétaire d’État – voix et visage de l’Amérique dans le monde – et Vladimir Poutine n’est pas du goût d’une partie du Sénat. L’élu démocrate Ben Cardin a ainsi accusé « le président russe d’avoir depuis plus d’une décennie tué l’émergence de la démocratie dans [son] pays et de s’être attelé à éroder le soutien démocratique en Europe ». « Nos alliés de l’Otan ont raison de s’alarmer de la résurgence de la Russie », a acquiescé Rex Tillerson en condamnant les ambitions prêtées à Moscou en Europe.

« À l’encontre des intérêts américains »

Durant la campagne présidentielle, le candidat Trump avait vanté au contraire une détente Washington-Moscou et critiqué l’Alliance atlantique et son principe de solidarité entre États membres en cas d’agression extérieure. Cela avait inquiété les alliés européens de l’Amérique.

Rex Tillerson a également reconnu que les « activités récentes » de la Russie allaient « à l’encontre des intérêts américains ». Au contraire, Donald Trump, qui n’a cessé de saluer l' »intelligence » de Vladimir Poutine, a encore affirmé mercredi lors de sa première conférence de presse depuis son élection que si le chef de l’État russe l’appréciait, c’était « un atout ».

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Également interrogé sur le piratage informatique durant la présidentielle, Rex Tillerson a admis du bout des lèvres qu’on « pouvait raisonnablement penser » que le président russe était derrière. Mais pour l’industriel, novice en politique, la riposte américaine, sous forme de sanctions imposées par le président sortant Barack Obama, « fait du mal aux milieux d’affaires américains » désireux d’investir en Russie. Il ne s’est d’ailleurs pas engagé sur la poursuite de ces représailles juridiques et financières anti-russes.

Rex Tillerson a aussi fait entendre sa différence face à Donald Trump sur d’autres dossiers stratégiques : il a assuré que les États-Unis continueraient d’œuvrer à la non-prolifération nucléaire dans le monde et qu’ils resteraient impliqués contre le réchauffement climatique.

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