La RDC enquête sur l’assassinat des deux experts de l’ONU retrouvés morts

 

 

 

Kinshasa affirme enquêter sur le cas des Michael Sharp et Zaida Catalan, deux experts de l’ONU, depuis leur disparition mi-mars. Leurs corps ont été retrouvés ce lundi dans le Kasaï central, où ils étaient en mission. Les Nations Unies mènent aussi leur propre enquête.

« Dès qu’ils ont disparu, les magistrats militaires ont ouvert une enquête qui vient de s’accélérer avec la découverte des corps », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, mercredi 29 mars.

Les deux experts missionnés par le secrétaire général de l’ONU, l’Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan étaient portés disparus depuis le 12 mars dans le Kasaï central. António Guterres, secrétaire général des Nations unies a confirmé leur mort mercredi 29 mars, après la découverte lundi de leurs cadavres, près de la rivière Moyo, dans la même province.

Le mouvement citoyen Lucha a exhorté ce mercredi la communauté internationale à « agir en toute urgence » pour mettre fin aux violences observées dans le Kasaï central. Ses membres ont par ailleurs jugé qu’on ne pouvait attendre d’ « enquêtes crédibles » de la part des autorités congolaises, qu’ils accusent de faire « partie du problème » dans la province.

Le même jour, António Guterres indiquait que les Nations unies allaient mener, de leur côté, une enquête et qu’elle ferait tout son possible pour que « justice soit faite ».

Rapatriement des corps 

Pour la représentante des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, Michael Sharp « travaillait en première ligne pour faire ce que nous essayons d’accomplir chaque jour aux Nations unies : identifier les problèmes et les résoudre ».

Le Premier ministre suédois Stefan Löfven a de son côté salué la mémoire de sa compatriote, louant son travail « sans relâche pour la paix et la justice » au risque de sa propre vie.

Selon la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), les corps des deux experts devraient bientôt être rapatriés vers leur pays d’origine.

Le gouverneur de la province en cause

À la demande du gouvernement, une enquête administrative, visant le gouverneur du Kasaï central, Alex Kande, a également été ouverte. Ce dernier est fortement critiqué pour sa gestion de la crise dans cette province du centre de la RDC, en proie à des violences, impliquant des affrontements entre les rebelles Kamuina Nsapu et les forces de sécurité congolaises.

Certains élus lui reprochent d’avoir envenimé la situation en refusant de rencontrer personnellement un chef coutumier local, Kamuina Nsapu, tué depuis dans une opération militaire, alors que celui-ci en faisait la demande. Il conditionnait sa reconnaissance comme chef coutumier au fait qu’Alex Kande adhère à son parti, petite formation de la majorité.

Alex Kande dément ces allégations et affirme à l’AFP par le biais d’un de ses avocats que Kamuina Nsapu n’a jamais « fait le déplacement [de son] bureau » pour le rencontrer, que la reconnaissance des chefs coutumiers n’est pas du ressort des gouverneurs de province mais du gouvernement central, et que Kamuina Nsapu « n’a jamais fourni la moindre preuve attestant qu’il a initié [la] procédure légale » de reconnaissance.

Maintien de la Monusco sur place ?

Ce drame intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se pencher sur la question du renouvellement de la Monusco, la mission onusienne de maintien de la paix en RDC, devrait avoir lieu jeudi ou vendredi, à New York.

Sur les 19 000 soldats, policiers et observateurs militaires déployés dans le pays, environ 200 se trouvent dans le Kasaï, région grande comme l’Italie, où l’ONU a recensé 10 fosses communes présumées liées aux violences qui secouent cette région depuis septembre et ont fait des centaines de morts.

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