LA DÉCLARATION SURPRENANTE DE ABDOULAYE BALDÉ : « JE NE SUIS PAS COMPTABLE DU BILAN DE MACKY SALL… »

Dans cet entretien accordé à Emedia.sn, le maire de Ziguinchor explique son choix de retirer sa candidature à l’élection présidentielle pour finir par soutenir le président sortant, Macky Sall. Abdoulaye Baldé, qui annonce une réélection de ce dernier dès le premier tour au soir du 24 février prochain, indique qu’il l’a rejoint pour travailler à restaurer les valeurs de l’administration. Sur l’appel au boycott de l’élection présidentielle par Me Abdoulaye Wade, Baldé estime que l’ancien chef de l’Etat est dans son rôle d’opposant mais assure que le scrutin se déroulera tranquillement.

Le président de la République est à Ziguinchor ce lundi, comment avez-vous préparé son accueil ?

Avec une grande mobilisation, un méga meeting à la place Aline Sitoé Diatta. Nous avons battu le rappel des troupes. L’ensemble des militants sont mobilisés. Nous avons parcouru l’ensemble des quartiers de la ville pour un accueil exceptionnel.

Ziguinchor est une zone à enjeux pour le scrutin du 24 février prochain, comment travaillez-vous pour remporter la présidentielle dans cette zone ?
Ziguinchor a toujours été un enjeu. A chaque élection, c’est toujours comme ça. La première fois que j’ai dirigé un comité électoral, c’était en 2007. Je n’étais pas maire encore (Robert Sagna était alors maire de la ville, ndlr). C’était déjà un enjeu. J’ai fait face et nous avons remporté l’élection haut la main. Cette fois-ci aussi, c’est pareil. Nous avons un fils de la ville qui est candidat. C’est Ousmane Sonko. Mais, nous avons l’habitude de relever les défis et je suis sûr que le 24 février nous remporterons la présidentielle.

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« BEAUCOUP DE POLITICIENS N’ONT QU’UNE EXISTENCE MÉDIATIQUE »

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Mais il y a également Idrissa Seck qui enregistre des soutiens de taille présentement. Cela vous inspire quoi ?

C’est vrai qu’il y a beaucoup de leaders de l’opposition qui sont avec lui. Mais vous savez, il y a leaders de l’opposition et leaders de l’opposition. C’est vrai qu’il a une coalition de grands noms. Nous l’avions fait en 2012 avec notre fameux Bokk Gis-Gis. Nous avions aligné de grands noms mais, en définitive, nous nous sommes retrouvés avec moins de 5 députés. Ce n’est pas la même chose. Je leur souhaite le meilleur mais, nous travaillons pour que notre candidat passe au premier tour. Déjà, nous avons enregistré ici le passage de deux candidats en l’occurrence Issa Sall et Madické Niang. Mais, ils n’ont pas mobilisé. Les trois forces ici c’est d’abord la coalition Benno Bokk Yakkar, ensuite la coalition de Sonko et enfin il y a la coalition de Idrissa Seck. Ce sont ces trois forces qui vont un peu se partager la majorité des voix dans cette ville. Mais nous partons très largement majoritaire. Et je crois qu’avec la campagne de proximité que nous sommes en train de mener, nous allons gagner au soir du 24 février.

Donc les ralliements des leaders de l’opposition au camp d’Idrissa Seck ne vous font pas peur ?

Du tout. Ils ne nous font pas. Vous savez, en politique aussi, on se connait un peu. Il y a beaucoup de politiciens qui ont une existence médiatique mais qui n’existent pas sur le terrain. La plupart de ceux qui ont rallié sa coalition étaient derrière lors des élections législatives. Par conséquent, je ne pense pas que ce soit un véritable danger pour le camp du président sortant même s’il ne faut jamais minimiser un candidat. Il faut se préparer à toutes les éventualités. Mais nous, nous n’avons encore de plan A ou B. Pour nous, c’est la victoire dès le premier tour. Nous n’avons pas peur de la sommation d’anciennes gloires ou de personnalités politiques.

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« WADE EST DANS SON RÔLE D’OPPOSANT… » 
 

Faites-vous allusion à Me Wade ? Quelle analyse faites-vous de la sortie de l’ancien président de la République qui appelle au boycott de la présidentielle ?

Je pense que le président Wade est dans son rôle d’opposant mais, à ce que je sache il n’est pas candidat à cette élection. Donc, les Sénégalais sont en train d’écouter, tous les soirs, les discours qui sont délivrés par les 5 candidats. Je n’ai pas entendu parmi ces derniers un seul qui s’est prononcé en faveur du boycott. Le jour du scrutin, il n’y aura pas dans les urnes les bulletins de vote de Abdoulaye Wade. Par conséquent, je suis sûr que les gens vont voter tranquillement. Ce sont des effets d’annonce qui n’auront pas beaucoup de conséquence.

Pourquoi avez-vous renoncé à votre candidature pour rejoindre le camp de la mouvance présidentielle ?

Les populations s’attendent toujours à ce que je leur explique le bien fondé du retrait de ma candidature. La coalition Benno Bokk Yakkar a un bilan à défendre nous, nous sommes venus pour être à leurs côtés pour un deuxième mandat. Il est important pour nous d’avoir un langage différent. Parce que nous n’avons rien à voir avec leur bilan. Nous avons à expliquer aux populations pourquoi nous avons décidé de ne pas être candidat et d’aller soutenir le président Macky Sall.

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« IL Y A DES CHOSES À REDIRE EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE JUDICIAIRE ET DANS LA GESTION DE L’ADMINISTRATION » 
 

Est-ce que les populations ont compris votre choix ?

Je pense que l’ensemble des composantes de notre coalition ont les éléments de langage pour essayer de faire de sorte que les populations comprennent que c’est un retrait stratégique. Ce n’était pas un abandon de mon ambition présidentielle. Donc, je pense que la plupart a compris. J’ai su expliquer que je l’ai fait, non pas pour mon intérêt personnel mais dans l’intérêt de notre ville, de notre région. Parce qu’en mesurant nos forces et nos faiblesses, on pouvait y aller sans être ridicule mais, ce n’était pas possible de gagner. Donc, il fallait changer de stratégie et aller répondre à la main tendue du président de la République qui, depuis plus de 7 ans, m’a invité à venir travailler avec lui. J’ai attendu que son mandat finisse. Je ne suis pas comptable de ce qui s’est passé, du bilan, même s’il y a du bon et du mauvais.

Soyez beaucoup plus explicite !

Nous sommes venus pour le futur. Nous sommes venus pour travailler à ses côtés, pour essayer de redresser ce qui peut l’être. Il y a quand même des choses à redire surtout en matière de gouvernance judiciaire et dans la gestion de l’administration. Je considère qu’il faut restaurer les valeurs de l’administration, qu’on ait une administration républicaine. Il faut cesser de politiser certaines hautes fonctions dans la haute administration publique et faire de sorte que même si on n’a pas la carte du parti au pouvoir, par le mérite, qu’on puisse accéder aux postes de responsabilités. Il est important de redessiner la carte de notre administration, de valoriser les fonctions administratives. L’administration a commencé à être déstructurée. Cette déstructuration a commencé depuis 2000 avec la politisation des fonctions d’ambassadeurs, de hautes directions. En sus, depuis quelques temps aussi, on a vu que les fonctions, qui étaient hors de portée des politiques, sont devenues des fonctions politiques. Il faudra aussi qu’on essaie de redorer le blason de la justice. Je suis sûr qu’au soir du 24 février beaucoup de choses pourront changer pour le deuxième mandat.

Avez-vous toujours des ambitions présidentielles ?

C’est un secret de polichinelle. J’ai toujours dit que je serais candidat pour l’élection présidentielle de 2024 et que j’ai reculé pour mieux sauter. Par conséquent, je vais profiter de ces 5 ans là pour davantage asseoir mon parti à l’intérieur du Sénégal et dans la diaspora. Nous allons participer à toutes les élections. Nous sommes venus en appoint à la coalition Benno Bokk Yakkar. Si nous nous entendons dans certaines villes, nous irons ensemble pendant les élections prochaines locales et dans le cas contraire, nous irons avec notre propre bannière.

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