Kyrielle de prêt-à-porter, créateurs, stylistes : Les sénégalais s’habillent-ils mieux ?

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Les sénégalaises ont la réputation d’avoir du goût par rapport à la mode. Cet aspect s’est développé au fil du temps et a fini par conférer au Sénégal le statut de capitale de la mode. Face à une floraison de prêt-à-porter, stylistes de renommée et nouveaux créateurs, les sénégalais sont devenus des accrocs de l’habillement, assoiffés de nouvelles créations, en favorisant un milieu qui développe, par ailleurs, de multiples facettes.

 

 

Victimes de la mode

Adeptes du bon goût est un attribut pour définir le sénégalais qui, dans sa mise, a fini par se faire une place respectable en matière d’esthétique dans toute l’Afrique. Les femmes sénégalaises, en particulier, ont su développer la mode à leur manière en y apportant leur touche de sensualité. Elles sont raffinées, diront certains et finalement tout leur va à ravir.

Des tailleurs et robes à la française aux grands boubous maliens en passant par les différents combinaisons venants des Etats-Unis. Elles font fureur devant leurs soeurs maliennes, gambiennes et mauritaniennes, et surtout elles peuvent ravir la vedette à ces dernières en s’adaptant encore mieux au «Meulfeu», habit qu’ont l’habitude de porter les femmes en Mauritanie. Mais, il faut noter, qu’à côté de ce genre d’habillement traditionnel à l’instar du «Thioub», importé le plus souvent du Mali, les tissus en soie, les créations en perlage et autres pièces de prêt-à-porter se font de plus en plus appréciés par les dakarois qui, malgré la crise économique, ne désemplissent point ces lieux, ateliers de haute couture, galerie de couture moderne, boutiques de pièces de luxe etc. qui ne les satisfont qu’en l’espace de deux nouvelles créations et arrivages car les femmes comme les hommes finissent encore par passer à l’autre versant qui correspond à une nouveauté encore plus raffinée.

Ainsi, les créateurs n’en sont que plus inspirés et des particuliers, eux, s’investissent de plus en plus dans le milieu du stylisme pour satisfaire en une tendance qui fait fureur, le business-mode, celui qui ne laisse personne indifférent, de la haute classe aux couches défavorisées; Chacun veut avoir sa belle tenue ou encore être réputé styliste…

De la haute couture à Dakar

Il s’agit d’un concept importé, pour le moins, par quelques créateurs à l’imagination fertile et à l’audace pointue. Elle porte les marques de noms, devenus célèbres par la magie des ciseaux. Entre Diouma Dieng Diakhaté, Collé Ardo Sow, Sadiya Guèye, entre autres, le « stylisme » sénégalais a vite gagné du terrain. Il faut dire, par ailleurs, qu’ entre la couture traditionnelle et la haute couture, il n y a eu qu’un seul pas, la création. Celle qui a valu à ces centaines de sénégalais, stylistes reconnus ou tailleurs anonymes, une reconnaissance bien peu commune avec leurs congénères africains. Même s’il faut noter, à ce titre, que les créateurs sénégalais s’inspirent le plus souvent d’une mode extérieure qui leur apporte encore une matière première qu’ils exploitent par rapport à leur goût de l’esthétique, portant l’empreinte de l’environnement sénégalais.

Ici, à la galerie de la couture africaine, plus connu sous le nom de «Galerie», sis en Sandaga, les tailleurs ont toujours eu du pain sur la planche avec du monde qui grouille à longueur de journée. Quand on sait encore que leur renommée en matière de belles créations a dépassé nos frontières. Des sénégalais aux mains habiles y officient, depuis plus d’une décennie, perpétuant ainsi l’héritage de grands créateurs, ayant donné à ce coin un nom respectable. En effet, c’est dans ce petit bazar que s’est développée la haute couture, version sénégalaise avec des créations des plus audacieuses, grâce à des têtes qui n’ont jamais appris, pour autant, les techniques de la coupe à main levée. Une seconde génération est venue conforter la position stratégique de l’espace qui abrite encore des professionnels qui n’ont pas hésité à assainir le domaine à leur avantage. A l’image du vieux Bira Diouf qui, ayant travaillé depuis quinze ans à la galerie, fait marcher les pédales avec des commandes en partance à l’étranger. «Maintenant, je ne travaille que pour les étrangers qui font des commandes que je m’empresse d’honorer. Ainsi, on a fini par apprécier, dans certains pays du monde, ce que nous faisons ici dans nos modestes ateliers», explique le vieux Bira Diouf. Pour dire que la haute couture a une place de choix au Sénégal et jusque dans les coins les plus reculés. L’on apprit encore que la plupart des stylistes de renommée ne peuvent pas réclamer, de manière absolue, la paternité des créations qui sortent de leurs ateliers. Des créations qui, du reste, appartiennent aussi aux petits ouvriers, ces tailleurs qui exploitent jusqu’au dernier réglage, les belles tenues qui exigent, de plus en plus, finesse et rigueur. Avec des réflexes au même titre que les couturiers à l’autre bout de la planète.

La concurrence des prêt-à-porter, style d’Europe

C’est un environnement qui est venu booster la mode sénégalaise. Les initiateurs de la mode prêt-à-porter ont fini par imposer un énième secteur à l’environnement des habilleurs au Sénégal. Des pièces uniques aux tenues qu’il est possible de «reprendre», selon des professionnels, les boutiques de prêt-à-porter ont, pour le moins, l’avantage des vitrines qui semblent faire une bonne publicité à leur faveur. Des mannequins qui abordent les robes en mousseline, des pantalons en lin pur etc. attirent par mille fantaisies. D’autant que leur provenance, entre les Etats-Unis et l’Italie en passant par la France, laisse convaincre sur la qualité. Le prix de certaines robes de soirée, en exemple, qui tournent entre 60.000 et 100.000 francs Cfa dans une boutique, en centre-ville, ne font pas fuir les sénégalaises. Mieux, certaines jeunes filles préfèrent encore ces boutiques de référence qui constituent la vitrine d’une marque européenne ou américaine. Ainsi, ces grandes dames ou jeunes filles s’en vont à coeur joie, semblant du coup privilégier cet autre «côté fashion» de leur garde-robe. Car, semble t-il, le prêt-à-porter, avec ses tenues de marque, est plus raffiné et se reconnaît vite dans le lot de la couture primaire ou secondaire. Celle-ci n’est finalement rien d’autre que cette pratique locale qui consiste à reprendre, sur du bon tissu, les modèles des pièces importées.

La couture primaire se fait dans les ateliers à faible renommée et fait, ainsi, son bonhomme de chemin aux côtés de la mode prêt-à-poter et de la haute couture. En ce moment, il n y a pas que le prix qui doit différer, contesteront encore les professionnels de la haute couture. Car si le prêt-à-porter importé reflète la mode européenne ou américaine, la haute couture locale, fait sur les règles d’une pratique assimilée, doit avoir le même niveau de persuasion en matière de prix auprès des acheteurs. Dans le même sillage, d’autres diront que les boutiques de mode sénégalais, entre prêt-à-porter, stylistes et coutures secondaires, sont de véritables espaces de mode où des sénégalais font, de plus en plus, preuve de leur talent de création. Par conséquent, l’on n’hésite pas à se tourner vers l’un ou l’autre pourvu seulement qu’on y trouve son compte. «Les tailleurs sont chers, on peut avoir du bon tissu avec un prix abordable mais les belles créations finissent par nous coûter beaucoup plus cher», confie Aminta, cliente rencontrée à la galerie.

A l’image de cette dame, des milliers de sénégalais s’affairent quotidiennement, avec le plus grand intérêt, autour de cet aspect habillement qui n’en est pas moins fantaisiste au grand bonheur des acteurs du milieu qui s’investissent pour gagner du double.

Réalisé par Diouma Sow THIAM

PICCMI.COM

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