Khalifat: Les nouveaux visages de Yoff et Thiénaba

Khalife général de Thiénaba Seck pendant 14 mois, Serigne Abdourahim Seck s’est éteint hier à l’âge de 83 ans au Maroc. Le Sénégal perd ainsi l’un des fervents défenseurs de l’orthodoxie de la tradition musulmane. Ce legs est désormais entre les mains de Serigne Assane Seck, nouveau khalife de Thiénaba.

4 ans après le décès de Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine» au premier jour du mois de Muharram, la Oumah islamique est encore plongée, le même jour de ce mois musulman, dans le deuil avec le rappel à Dieu des Khalifes généraux des Layènes, Baye Abdoulaye Thiaw Laye, et de Thiènaba, Serigne Abdourahim Seck. Le 8e khalife de Amary Ndack Seck, intronisé le 26 juin 2020 suite au rappel à Dieu de Serigne Cheikh Tidiane Seck, est parti comme il a vécu en fervent défenseur des valeurs islamiques.
A la résidence Mame Amary Ndack Seck de Thiénaba, les fidèles, qui ont assiégé son domicile dès l’annonce de sa mort survenue dans la nuit du 9 août au Maroc où il avait l’habitude d’aller pour des soins médicaux entre la Tabaski et le Maouloud, ont procédé à des lectures du saint Coran et aux dernières réglages pour ses funérailles, prévues après le rapatriement de sa dépouille. Baye Abdourahim, comme l’appelaient affectueusement ses disciples, était le fils de Serigne Momar Talla Seck, premier khalife de Amary Ndack Seck. Il fut le gardien de l’orthodoxie de la tradition musulmane.

En effet, Thiènaba, qui fait partie des premiers foyers religieux du Sénégal, se veut gardienne du temple de la charia, la loi islamique, dans un Etat laïc comme le Sénégal où 95% de la population sont des musulmans. Dans cette cité religieuse, les autorités ont pris le soin de créer une sorte de ligne de démarcation qui divise la localité en deux parties : «Thiénaba gare» et «Thiénaba Seck». Cette dernière partie qui abrite les autorités religieuses, distante de Thiénaba-gare d’environ un kilomètre, abrite également l’autorité administrative et toutes les infrastructures liées à l’Administration, créées par le colon. Ainsi, les autorités religieuses, pour perpétuer cette volonté de leur guide religieux, ont instauré la charia pour juger ceux qui osent franchir les interdits de l’islam. Toutes les dispositions sont prises à cet effet.

Et Serigne Abdourahim Seck a, jusqu’à son décès à l’âge de 83 ans, été le gardien de cette tradition. «Il a préservé l’héritage spirituel qu’il a reçu de son grand père Amary Ndack, de son père Momar Talla et des 7 autres khalifes auxquels il a succédé. C’est un gardien de la tradition orthodoxe musulmane pour laquelle Thiènaba est très connue qui vient de s’éclipser», témoigne Professeur Souleymane Dia, secrétaire particulier du défunt khalife, qui estime que même si son khalifat n’a duré que 14 mois, qu’à cela ne tienne, il a marqué son temps avec ses différentes réalisations. «Il a accompli sa mission.

Il a lancé de grands chantiers comme la rénovation de la résidence de Mame Amary Ndack Seck. Il a aussi électrifié une dizaine de villages aux alentours de Thiénaba et avait aussi plein d’autres chantiers qu’il avait l’ambition de terminer. Il se distinguait par une grande générosité pendant ces 14 mois qu’il a passés à la tête du khalifat. Il n’a rien investi pour lui ou sa famille, tout a été fait en direction de la communauté», confie Pr Dia qui informe que pour l’heure «les autorités sont en train de s’activer pour que le corps revienne le plus rapidement possible, mais pour le moment aucune date précise n’a été retenue pour l’enterrement». Pour sa part, le porte-parole de la famille, Cheikhou Ahmadou Seck, révèle que le défunt «a laissé un riche patrimoine. Il a accompli sa mission. Il a beaucoup œuvré pour l’épanouissement des populations de Thiénaba.

C’était un homme qui était un modèle pour toute la communauté. Il aimait le travail. Il était tout le temps en communion avec les talibés. Il les a inculqués le culte du travail et la bonne conduite pour le rayonnement de la religion musulmane».
Ainsi se résumait la vie du défunt khalife qui est remplacé à la tête du khalifat par son petit frère Serigne Assane Seck, né en 1939.

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