“Kër Serigne Touba” Chicago : Perpétuels coups d’éclat de Cheikh Béthio

“Kër Serigne Touba” Chicago : Perpétuels coups d’éclat de Cheikh Béthio
Depuis le rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacke, le guide des Thiantacoune, Cheikh Bethio, ne cesse de se comporter en électron libre vis-à-vis de Touba. Les pas de danse à Chicago et les excuses subséquentes sont les derniers développements d’une série de relations heurtées avec Touba.

C’est à croire que Cheikh Bethio maîtrise parfaitement l’art de relancer la machine médiatique autour de sa personne. Apres l’épiphénomène Cheikh Mbacké Sadio sur YouTube, la hiérarchie Mouride est de nouveau confrontée à un pic de fièvre dont l’électrocardiogramme plat avait fait penser à une retombée de fièvre médiatique autour du guide des thiantacounes. Que nenni…

il aurait fallu que Cheikh Bethio Thioune se signale avec une de ses manifestations festives, des pas de danse ou « actions de grâce », selon ses disciples dans l’immeuble « Ker Serigne Touba » de Chicago, pour mettre en émoi toute une communauté, qui cherchait à acquérir cette demeure depuis longtemps.

La vidéo postée sur le net le 19 août dernier, est ressentie comme un sacrilège qui mettra le représentant du khalife des mourides aux USA, Serigne Mame Mor Mbacke, hors de lui, au point de surseoir à l’achat de cette demeure destinée à être un complexe islamique, d’inspiration mouride, dans la grande ville américaine, comportant de nombreux ressortissant sénégalais.

«Ces derniers jours, une personne (Ndlr: Cheikh Bethio) s’est rendu à la résidence pour y danser toute la nuit. Serigne Touba n’en veut plus », avait déclaré Serigne Mame Mor Mbacké, dont le père Serigne Mourtalla Mbacké, était l’un des principaux propagateurs de la confrérie aux Etats-Unis.

Une réaction des disciples thiantacounes s’en est suivie après la sortie explosive de l’imam Masdjid Touba de New-York Serigne Khadim Bousso, qui a décrété l’interdiction aux « thiantacounes », l’accès à tous les « Ker Serigne Touba » sur le sol américain.

Electron libre

Libérant peu à peu une sublimation matérielle longtemps indignée par l’austérité des enseignements du fondateur de la mouridiyyah, Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Béthio Thioune a encore une fois, provoqué le courroux de l’establishment à Touba, en se laissant aller à ses libéralités.

Un fait qui n’est pas nouveau puisque depuis 2012, le guide moral du mouvement « thiantacoune » perd de sa superbe au rythme d’évènements ou de déclaratiosn qui sont à son désavantage.

Juste après la perte du pouvoir des libéraux qu’il avait promis de réélire grâce à son coefficient politique basée sur sa force militante de million de « Thianta » sur les listes électorales, les choses se gâtent pour Cheikh Béthio. Comme un pied de nez du destin, la dégringolade commence un certain mois d’avril, qui est à la base de sa singulière histoire avec les descendants directs de Serigne Touba, Serigne Saliou Mbacke.

La légende du petit enfant courant derrière la charrette de Serigne Saliou, un certain 17 avril 1946, à Tassette est une importante dans le calendrier «thianta ». Mais elle a laissé place à un avril, le 22 plus précisément, dans sa localité natale de Médina Salam en 2012, à une séance d’allégeance virant au pugilat puis au massacre.

Deux des disciples de Ckeikh Béthio, Bara Sow et Ababacar Diagne, sont battus à mort puis enterrés à moins d’un kilomètre de sa maison de Keur Samba Laobé, Médinatoul Salam, à Mbour. Des indices accablants mouillent Ckeikh Béthio et 20 de ses disciples. Ils sont arrêtés et mis sous mandat de dépôt pour meurtres aggravés, association de malfaiteurs et recel de malfaiteurs.

En février 2013, après quatre demandes de liberté provisoire rejetées, il est autorisé à se faire traité médicalement en France et peine inexplicablement, à rejoindre la case prison depuis.

Le procureur près le tribunal régional de Thiès qui a instruit le dossier, Ibrahima Ndoye ayant été mute en 2015, à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). L’imam Madjid de Touba à New-York, Serigne Khadim Bousso, a d’ailleurs plaidé pour une reprise du dossier dans une vidéo publiée avant-hier.

Ce massacre irrésolu a carrément entamé le crédit de cet inconditionnel de Serigne Saliou qui a toujours ouvertement revendiqué son inculture religieuse, coranique plus particulièrement.

Cheikh Béthio essaye de revendiquer le mouvement thiantacoune sur l’échiquier avec beaucoup de difficultés. Les fastes réunions hebdomadaires de ses disciples à Ndiouroul, Mermoz, réduites à leur portion congrue par les autorités, depuis les émeutes de sa libération à Dakar en octobre 2012, rognent sa capacité d’influence.

Désormais, c’est par coups médiatiques interposés que le guide des thiantacoune se rappelle au bon souvenir de l’opinion. Comme cette humiliation infligée à la chanteuse Amy Collé Dieng à Janatu lors du Magal de Touba à 2014. «J’ai organisé une manifestation selon un programme bien défini. Une personne débarquée de je ne sais où, je ne savais pas ce qu’elle voulait déclarer, qui tente de prendre le micro, j’ai catégoriquement refusé.

Nous sommes bien organisés, ça ne se passe pas comme ça, je ne la connais pas, c’était la première fois que je la voyais » s’est-il justifié devant l’ampleur des réactions d’indignation face à son geste.

Qu’à cela ne tienne… ce sortant de l’Ecole nationale de magistrature en 1976 qui a contracté des rapports difficiles avec Touba depuis la disparition de Serigne Saliou, n’épargne pas les marabouts qui lui jalouseraient son succès.

Fin avril 2016, une vidéo circulant sur le net, le met en exergue, s’en prenant à feu Serigne Modou Bousso Dieng. Ce qui le remet dans l’œil du cyclone médiatique. Son fils Serigne Saliou qui subodore une crise, étouffe l’affaire aussitôt.

« Mon père tient en haute estime tous les dignitaires de la voie Mouride en fortiori les fils et petits-fils de Serigne Touba. C’est la raison pour laquelle, toute personne avertie ne saurait accorder du crédit à l’exploitation tendancieuse qui a été faite dans cette vidéo » avait-il déclaré dans le journal « Le Populaire » du 28 avril 2016.

Déjà vu

La tension de ses relations avec la capitale du Mouridiyya n’était pas encore retombée, Cheikh Béthio Thioune sort une nouvelle carte de sa manche en avril 2016 : la féminisation à outrance du titre de « Cheikh » qui a fini de profaner cette appellation honorifique.

Une pratique qui a fortement déplu à l’oligarchie de Touba, qui a rejeté ses cas d’espèce, 75 intronisations, poliment mais fermement. Avec ses rapports presque séditieux avec la hiérarchie Mbacké-Mbacée, le rappel à l’ordre du très sobre Serigne Sidy Mokhtar Mbacké quelques jours plus tard, est une bouée de sauvetage et une porte de sortie honorable pour Cheikh Béthio.

Ce dernier avait besoin d’une perche pour se dépêtrer de situations embarrassantes qu’une santé chancelante et une influence moribonde, ne lui permettaient plus de gérer avec sa verve habituelle. Consigne reçue et acceptée 5 sur 5.

Voix grave et ample boubou blanc, dans une déclaration filmée, Cheikh Bethio Thioune désacralise « Cheikhs » et « cheikhettes » et accepte de rentrer dans les rangs, qu’il semble avoir quitté depuis de le rappel à Dieu de Serigne Saliou.

Des plates excuses, qu’il a encore réitérées avant-hier pour « Kër Serigne Touba » de Chicago, interdisant au passage, toute réplique de ses disciples aux Mbacké-Mbacké. Peut-être les dernières excuses du guide, qui n’a d’yeux que pour Serigne Saliou.

Source: Enquête

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