Karim Wade-Macky : d’un prétendu « deal » aux limites d’un candidat fantôme

L’affaire Karim Wade renait dans un contexte particulier marqué par les élections législatives du 30 Juillet prochain. Son père, Abdoulaye Wade, ancien Président de la République du Sénégal est déjà au front, pour exclusivement sa libération. Les piques et répliques reprennent. Les flux et reflux fusent. Les uns réfutent un « deal ». Les autres ne démordent pas de son existence. Mais Karim Wade est le candidat déclaré du PDS, un candidat qui ne s’est lui-même jamais déclaré, se vautrant dans un Etat Pétrodollar où il mène sa vie fastueuse laissant l’âpre arène politique aux Libéraux. Mais que sa libération soit un « deal » ou non, la grande question est de savoir s’il est bien capable de ramener le PDS au pouvoir et a-t-il toutes les dispositions pour mener la bataille de la parole et de l’action. Ce sont de grandes questions car ses limites sont toujours omises dans l’évocation de sa candidature encore fantomatique.

Il n’est pas politique

Toussaint Manga ou Bara Gaye du PDS sont plus combattifs que lui.

Il comprend le Wolof mais ne le parle pas.

Sa candidature est un désaveu contre Oumar Sarr et autres

            Le PDS vit la tragédie d’un déficit de leader à la dimension de Wade qui fut un maestro du combat politique et un prestidigitateur de mots et de concepts qui envoutaient les Sénégalais. Le vieil homme de 91 ans se cherche mais ne peut plus porter son combat. Les vétérans du parti sont comme tous les militants ordinaires qui, d’ailleurs, ne reconnaissent en eux aucun magnétisme charismatique pour imposer le parti qui s’effrite.

L’embastillement de Karim Wade pour enrichissement illicite et son séjour carcéral ont amené Wade à attiser son génie politique pour dire à son parti qu’il est le candidat dans un seul et unique but que les Sénégalais n’ont pas compris. Il a voulu indisposer Macky Sall pour le mettre en mal avec la communauté internationale dont la France et les Etats-Unis en le présentant comme un président de la République qui a entre ses mains un prisonnier politique.

Les Libéraux n’en ont rien compris et les Sénégalais non plus. Karim Wade est un candidat de stratégie politique qui a fini par être un candidat probable. Il n’est pas politique. Seul l’accès au pouvoir de son père l’a fait revenir au Sénégal pour ensuite être pris comme le destinataire d’une dévolution monarchique de pouvoir qui a perdu le PDS.

Karim candidat, Oumar Sarr et autres désavoués.

Depuis des décennies, Oumar Sarr, Madické Niang, Samuel Sarr, Cheikh Tidiane Sy, entre autres, ont été au cœur du combat du PDS et ont mené avec Wade un combat épique et à risque jusqu’à son accès au pouvoir. Karim Wade était adolescent et valsait dans les rues de Paris.

En 2000, Wade a gagné avec eux et ils l’ont accompagné durant ses deux mandats, assumant d’importantes fonctions ministérielles et se traçant des sillons majestueux dans le Parti et même dans plusieurs localités du Sénégal.

L’insertion de Karim Wade dans le pouvoir de son père a sonné le glas de plusieurs d’entre eux. Wade en fit un fils au génie surnaturel doté d’une influence immense et clouant au pilori ceux qui furent au combat et surent être partout.

Wade les a tous désavoués même quand il détenait le pouvoir car attribuant à son fils Karim des pouvoirs ministériels immenses et le préparant à sa succession. Celui que la caricature appelait « Ministre du ciel et de la Terre », était, en fait, diastole et systole du régime libéral version Wade.

Ce désaveu se confirme. Malgré des décennies de militantisme et de combat, Wade ne trouve en aucun d’eux les capacités politiques de faire revenir le PDS au pouvoir après sa défaite de 2012.

Ni Oumar Sarr, ni Me Madické Niang, ni Samuel Sarr, ni personne d’autre n’est désigné mais Karim Wade le néophyte du jeu politique, aphone et ataraxique, qui ne s’est jamais dans sa vie prononcé sur une affaire politique, ni du temps du pouvoir des Libéraux, et pire, ni dans le difficile combat pour le retour aux affaires. Et c’est justement la preuve des grosses et graves limites du candidat déclaré du PDS.

Les Limites du candidat Karim.

La politique se définit par l’action. Et dans une démocratie où l’interlocuteur de l’acteur politique est le citoyen qui participe aux choix en confirmant ou en remplaçant ses gouvernants, seule l’occupation du terrain permet de conquérir des masses.

Karim Wade est dans la politique sans la connaitre. Un Toussaint Manga ou un Bara Gaye du PDS sont plus combattifs et teigneux que lui et connaissent mieux le terrain politique que lui. éloigné des Sénégalais même quand il fut un tout-puissant Ministre d’Etat, et encore plus loin éloigné aujourd’hui de ceux-là et même des militants du PDS, Karim Wade est limité par son manque de combativité, de courage politique pour oser et faire face, par son indolence et par son hilarante inactivité politique.

Jamais un Sénégalais n’a entendu le candidat déclaré du PDS qui se vautre au Qatar interpréter une seule aspiration du peuple sénégalais, ni prendre fait et cause contre une injustice, ni même posé un seul problème des citoyens pour décider d’en porter le combat.

L’engagement politique consiste à partager le sort du peuple, à la décrier et à proposer des solutions en vue du bien commun et dans un esprit de service public. Karim Wade ne l’a jamais fait.

Et surtout, dans l’hypothèse même où il serait au Sénégal en 2019 pour porter le combat du PDS, une limite dialectique s’imposerait à lui. Il comprend le Wolof, langue vernaculaire et de communication politique sénégalaise, mais il ne le parle pas couramment et convenablement. Que dira-t-il devant un micro au Walo, au Baol, au Cayor, entre autres, pour expliquer longuement et largement le projet de société du PDS ?

Dans le secret de leur intimité, les libéraux savent bien qu’il a une limite linguistique. Ils la taisent, par stratégie politique, et beaucoup d’entre eux commencent à se convaincre que Karim Wade ne fait pas l’affaire et a de nombreuses limites.

Babacar Mbengue

Journaliste, Consultant en Communication Politique et Relations Publiques

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