Justice sénégalaise:Des libertés provisoires presque…définitives

Amy Collé Dieng, Penda Ba et avant elle Ouleye Mane ont bénéficié de libertés provisoires et ont ainsi échappe à la rigueur de l’univers carcéral. Un ouf de soulagement pour ces dames qui ont versé dans le terrorisme verbal que nous dénoncions hier.  Le Parquet qu’un lien ombilical lie au Ministère de la Justice, n’a pas jugé bon de s’opposer à la demande de leurs avocats respectifs. La réalité est que le Président qui s’ était senti offensé, a voulu être clément suite aux nombreuses demandes dans ce sens concernant notamment la chanteuse Amy Collé Dieng.

  C’est en tout cas la thèse contenue dans un communiqué du Gouvernement qui met en garde contre de tels actes punis par la loi. Preuve ne pouvait être plus patente que, c’est à la demande des autorités politiques que le Parquet qui ne s’y est pas opposé, l’a presque facilitée.  Cette connexion entre Exécutif et Judiciaire, une particularité de notre système, fait justement que ceux qui bénéficient de ces libertés provisoires communément appelées Lp jubilent et avec eux, leurs avocats, leurs familles et proches. Car, signe des temps, on n’a noté que le plus souvent, lorsque cette Lp est accordée, le dossier est clos ou presque. On se contente de rappeler les principes notamment sur l’ouverture du procès une fois l’instruction terminée, mais cela ne se produit jamais. Nous ne voulons absolument pas dire qu’qu’il en est toujours ainsi.
Certes, dans de nombreux cas, la Justice suit son cours, sans tambours ni trompettes.  Mais dés qu’une personne dite « importante » est impliquée, sa liberté provisoire à des relents de libération définitive. Ainsi, leurs proches n’ont pas forcément tort de penser que l’action judiciaire est éteinte.  On l’a vu dans d’autre célèbres affaires notamment celles impliquant le célèbre chanteur Thione Seck et celle du marabout Cheikh Bethio Thioune.  Certes, les immixtions du Gouvernement dans les affaires judiciaires en cours sont parfois du fait de la loi pour des raisons que nous avons mentionnées supra, mais cette tendance à faire des libertés provisoires des libertés définitives est grave à plus d’un titre.

Si en effet la Présidence, par le biais du Ministère de la Justice exprime que le Président de la République ne se sent plus offensé par exemple, la Justice le prend au mot et traine les pieds à ouvrir un procès. C’est incompréhensible.  Car, une fois la procédure pénale en cours, il est impératif qu’elle arrive à terme. En clair, tous ceux qui bénéficient de la liberté provisoire, au nom d’une bonne administration du service de la Justice et de la crédibilité de cette dernière doivent être jugés et si leur culpabilité n’est pas établie ou s’ils bénéficient de faits justificatifs ou de causes de non-imputabilité, être relâchés ne serait-ce pour le bénéfice du doute.  Ce que nous voulons dire par là est qu’il faut impérativement que la Justice sauve la face. Il faut qu’elle soit la même pour tous en restant impersonnelle et générale.

Pour cela, seul l’État peut l’aider à reconquérir ses lettres de noblesse. Une liberté provisoire naguère appelée liberté préventive n’est accordée que dans l’attente d’un procès qui doit obligatoirement se tenir sous peine de déni de Justice.  Notre Justice souffre des atteintes flagrantes à son honneur et à sa respectabilité de la part d’un Exécutif qui a d’autres priorités comme la conservation et l’élargissement d’un électorat potentiel.

 

Assane Samb

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici