A la mort du Brack Loggar Fara Peinda Tégue Rella vers 1795 c’est son fils le tedieck Ndiack Coumba Khouriyaye MBODJ qui lui succédera. Ce fut le début de la mainmise des femmes de la lignée maternelle tedieck sur le pouvoir.
A prés quelques années règne le Brack Ndiack Coumba Khouriyaye Mbodj fut atteint de folie, sa grande sœur, la Linguére Tegue Rella Khouriyaye Mbodj assura la plénitude du pouvoir ; la folie du Brack fut soigneusement cachée et il sera exilé à Dagana ou il mourut La linguére Tegue Rella Khouriyaye Mbodj proposa en 1805 au Prince Dioss Saayoodo Yacine Mbodj de partager avec lui le pouvoir mais le règne de ce dernier ne dura que 5 ans.
A la mort du Brack Diooss Saayoodo Yacine Mbodj la Linguére tedieck Fati Yamar Khouryaye qui avait remplacé sa sœur La linguére Tegue Rella Khouriyaye proposa au Sebb ak Baor la candidature de son cousin utérin exilé au Cayor, Kouly Mbaba Diop . Ce fut l’unique fois au Walo qu’un tagne fut élu Brack.( c’est-à-dire appartenir à l’une des trois matrilinéaires et ne pas porter le nom Mbodj )
La réalité du pouvoir était ainsi dans les mains de la Linguere Tegue Rella Khouriyaye qui avait réussi à faire élire un Brack qui n’avait pas toute le légitimité constitutionnelle, dont le père était originaire du Cayor.
Pour mieux contrôler le nouveau Brack , la Linguére Fati Yamar Khouryaye lui donna en mariage sa cousine Arame Bakar Adam Sall MBODJ qui appartenait à la branche cadette tedieck ( Niasse Yatma)
A la mort du brack Kouly Mbaba Diop en 1814 la Linguere Fati Yamar Khouryaye proposa aux Dyoos de partager avec le pouvoir. Elle épousa le Dios Amar Fatim Borso qui fut élu Brack , mais pour sauvegarder les intérêts des tediecks, il fera nommer Kaddj ( premier vice Brack prince héritier ) son neveu le fils de sa grande soeur Tegue Relle Khouriyaye , Yérim Mbagnick Tegue Rella .
De cette union naquirent les princesses NDieumbeut en 1815 et Ndaté Yalla en 1816.
Le 8 Mai 1819 , le Colonel français Schmaltz rescapé du célèbre radeau de la Méduse signa avec le Brack Amar Fatim Borso Mbodj le traité de Ndiao ,qui devait permettre à la France de créer des établissements de culture et de construire des forts pour les protéger des peuples voisins à Dagana et sur la rivière Taouey près du village de Ndioukouk.
Ce fut la levée de boucliers des peuples voisins .Le 21 Septembre 1819 le Brack Amar Fatim Borso et ses principaux ministres furent attaqués à Thiaggar par le roi du Trarza Amar Ould Moctar .Le Brack sera blessé et évacué à Saint Louis.
Le 5 Mars la capitale Nder fut prise malgré la résistance organisée, par le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella.
Refusant de se laisser capturer la Linguere Fati Yamar Khouryaye choisit de se brûler vive dans la grande case avec ses courtisanes. Elle avait pris le soin de faire évacuer ses deux filles les princesses NDieumbeut et Ndaté Yalla âgées respectivement de 4 et de 3 ans vers Ronkh chez leur tante paternelle NDickou Fatim Borso la sœur du Brack.
Le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella organisa la contre offensive du Walo . Il battit et poursuivit le roi du Trarza Amar Ould Moctar jusqu’au ceour du pays maure .Les Trarzas eurent plus de 150 hommes tués.
Le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella captura la smala d’ Amar Ould Moctar et coupa les deux oreilles de toutes les princesses maures dont cellles de Mrasse Mint la mére Mohamed Ould Habib ( qui sera plus tard l’époux de la Linguére NDieumbeut).
Quoique très jeune la princesse NDieumbeut succéda à sa mère et fut proclamé Linguére.
A la mort de Brack Amar Fatim Borso Mbodj en 1825 le Kaddj Yérim Mbagnick Tegue Rella accédera au trône. Il n y avait plus de bicéphalisme car la Linguére Fati Yamar Khouryaye et son cousin le Brack étaient de la même lignée matrilinéaire tedieck ,de la branche ainée de Aissa Nalew.
Le règne de Brack Yérim Mbagnick Tegue Rella fut de courte durée il mourut en décembre 1827.
Le pouvoir était entre les mains de la Linguére NDieumbeut qui cherchait un candidat Brack qui ne lui ferait pas ombrage. Elle jeta son dévolu sur le tedieck (de Keur Niasse Yatma ) Fara Peinda Adam Sall Mbodj qui bien que aîné de Yérim Mbagnick Tegue Rella n’avait pas été proposé Brack lors de la mort de Amar Fatim Borso. Il fut un Brack par défaut , l’essentiel du pouvoir était exercé par la Linguére NDieumbeut
Le candidat des Dyoos Kheurfi Khary Daaro Mbodj écarté du pouvoir ce fut le début d’une guerre civile entre les partisans de Fara Peinda Adam Sall MBODJ, soutenu par la linguère Ndieumbeutt Mbodj et tous les traitants mulâtres de Saint-Louis, et ceux de Kheurfi soutenu par le Gouverneur du comptoir de Saint-Louis
L’émir du Traza Mohamed El Habib profitera de cette guerre civile pour envahir le Walo et y mener une politique dévastatrice de rapine et de pillage
Face à la menace maure qui remmetait en cause meme l’existence du Royaume deux partis se formerent
L’un profrancais dirigé par le Diawdine Madyaw Khor Arame Bakar Diaw ,le Béthio Sakoura Diop , le Briock Mambodj Fanta Mbodj
L’autre parti composé des tediecks et des thiedos de Nder dirigés les Beuk negg Ndiourbel Naatogo Ndiaye , Yaaly Gaye et Naatogo Biiti Keur était favorable à une alliance avec les maures . Ils proposèrent de donner la main de la Linguere Ndieumbeutt à l’émir du Traza Mohamed El Habib
Le 18 Juin 1833 à Dagana fut célébré avec faste le mariage l’émir du Traza Mohamed El Habib donna pour dot 100 esclaves 100 bœufs 100 chevaux 100 chameaux et 100 moutons
Ce mariage fut mal accueilli par l’administration coloniale française au Sénégal, notamment par le gouverneur Renaud de Saint Germain qui déclara « Ce mariage qui devrait mettre un jour la couronne de ce pays sur la tete d’un roi maure et qui l y mettait des à present mine la base fondamentale sur laquelle la colonie est assise.
Des le 21 Juillet 1833 le gouverneur Renaud de Saint Germain reconnut comme Brack Kheurfi Khary Daaro Mbodj Il mourut et fut remplacé par le Gouverneur Quernel de sinistre mémoire qui des le 11 Novembre détruisit Khouma forçant le Brack Fara Peinda et la Linguere Ndieumbeutt leur capitale
Poursuivant sa politique de terre brûlée, Quernel incendia les villages de Ndombo et Thiago
. En 1834, la linguère Ndieumbeutt et le Brack Fara Peinda furent contraints de se refugier aupres du .Damel du Cayor Meysa Tende Joor Fall, à Nguik dans le Ndiambour.
Fort de ses victoires militaires , le 30 Aout 1835 le gouverneur imposa à l’émir du Trarza un traité qui le contraignit à renoncer à ses prétentions et celles de ses descendants issus de son mariage avec la linguère Ndieumbeutt sur la couronne du royaume du Waalo.
Un second traité fut signé le 4septembre 1835 à Saint-Louis entre le gouverneur et les plénipotentiaires de la linguère Ndieumbeutt et le Brack Fara Peinda dirigés par le Briock Mambodj Fanta Mbodj ,le Bethio Sakoura Diop le Ricket Mardiatel Mbodj , le Maalo Mbaarick Ndiack Diaw et le Beukk Negg Ndiourbel Samba Gandiole Ndiaye autorisant les exilés de revenir au Waalo.
A la mort du Fara Peinda Adam Sall Mbodj le 30 Ocotobre 1840 la Linguere NDieumbeut usa de toute son influence auprés du Se bak Baor afin de faire triompher son candidat Ma Mbodj Malick au détriment du candidat de la colonie Yérim Mbagnick Mbodj.
Pendant les trois jours de consultation pour l’éléction du Brack à Ndiaw la Linguére envoya chaque jour la somme de 500 francs à l’assemblée des grands électeurs. Au troisième jour le Diawdine Charles Duprat demanda à la Linguere NDieumbeut de lui présenter un candidat .La Linguere proposera le Loggar Ma Mbodj Malick quin sera élu.
D’emblée on peut comprendre que le Brack Ma Mbodj Malick ne pourra être que sous l’influence de celle qui l’a fait roi en l’occurrence la Reine Njeumbeut . Le Brack sera éloigné du centre du pouvoir, de la capitale Nder et va résider à Khouma. La Linguere Njeumbeut donnera en mariage au Brack sa cousine utérine Isseur Diop de la branche cadette des Niasse Yatma (fille du Brack Kouly Mbaba Diop et niéce du Brack Fara Peinda Adam Sall Mbodj ).
A la mort de sa grande soeur la Reine Ndieumbeut Mbodj en septembre 1846 à la suite d’une maladie pulmonaire, la Linguere Ndaté Yalla Mbodj fut intronisée Linguére du Walo le 1er Octobre 1846 à Nder .Les autorités coloniales de Saint-Louis envoyèrent Monsieur Caille directeur des affaires extérieures de la colonie du Sénégal pour les représenter à cette cérémonie d’intronisation.
La Linguere Ndaté Yalla Mbodj détenait la réalité du pouvoir exécutif du royaume cohabitant avec le Brack Loggar Mambodj Malick Aissa Daro Mbodj qui n’était qu un roi honorifique sans pouvoir réel.
Pour preuve lors d’une rencontre à Lampsar ,le Gouverneur la demanda devant le Brack et son mari qui était l’actuel chef du Walo ,la Linguere Ndaté Yalla déclara sans ambages que c’est elle « …..Vous m’aviez demandé aussi quel était le chef du Walo aujourd’hui je vous ai répondu le chef du Walo c’est moi »( lettre n° 85 du 23 Mai 1851 ANS 13G91) .
Toutes les correspondances entre la colonie du Sénégal et le Walo portaient soit la signature de la Linguere Ndaté Yalla ou étaient adressées à elle.
Et rien n’est plus illustratif de sa fonction de chef d’état que le protocole avec lequel elle a accueilli à Nder en Septembre 1850 l’Abbé Boilat qui a décrit l’audience :
« Les rois sont partout difficiles à aborder .Pour ceux du Sénégal deux conditions sont indispensables : des cadeaux et de la patience jusqu’à ce qu’il plaise à Leurs Majestés de se rendre visibles .Désireux de voir la reine et son mari et d’augmenter mon album de leurs portraits, je profitai d’une circonstance favorable Monsieur Bourneuf (Charles Picard) , prince du sang royal, avait une grâce à demander à sa tante la reine Ndété-Yalla ;je me décidai à l’accompagner avec .Monsieur Jérôme Pellegrin, habitant notable de Saint-Louis, connu à la cour pour ses rapports commerciaux .Ce fut ce dernier lui-même qui nous reçut à bord de sa péniche pour faire ce charmant voyage de Saint-Louis au lac du Panier- Foule (ancienne dénomination du Lac de Guiers) .
En arrivant à Richard- Toll, nous envoyâmes par terre un courrier prévenir la reine qu’un grand Thierno (prêtre) chrétien venait la visiter : elle fut donc avertie trois jours d’avance. Aussitôt que la reine aperçut notre péniche approcher de la capitale, elle envoya des chevaux sur le rivage pour venir nous chercher. Il nous fallut deux heures de marche dans des sentiers étroits au travers des champs de mil.Nous nous présentâmes à deux heures de l’après- midi dans les cours du palais , ou l’on nous fit attendre jusqu’à quatre heures, en plein soleil ;on ouvrit ensuite une porte pour passer à une quatrième cour, au fonds de laquelle se trouvaient assemblés, dans une vaste case construite en terre glaise, le Maarosso et une vingtaine de princes.Les avenues de ce palais étaient gardées par plusieurs thiédos ou soldats armés de fusils et de poignards .
Nous attendîmes là jusqu’à six heures du soir, répondant aux questions du Maarosso sur la France son gouvernement, ses forces militaires, son commerce, etc., etc. A six heures un thiédo vint annoncer que la reine était visible .Aussitôt, l’ordre fut donné : trente thiédos nous suivirent, marchant sur deux rangs avec le Maarosso et les autres princes .Nous traversâmes une grande cour pour passer dans une dernière plus grande encore, toute tapissée de belles nattes : la Reine était assise au fond, dans la tenue que l’on voit sur ce dessin, entourée de 500 dames de cour, assises sur des nattes. Les hommes prirent place du coté opposé, ainsi que les thiédos, qui posèrent leurs fusils à terre et s’accroupirent à la mode des tailleurs.
Nous nous présentâmes devant sa Majesté, qui nous reçut gracieusement en parlant à demi- voix. Apres une conversation toute d’étiquette, je lui demandai la permission de visiter la ville et d’en tirer la vue avant la nuit. Elle le permit volontiers, et nous invita à déjeuner pour le lendemain à dix heures..Ce fut après ce déjeuner et pendant la conversation que je fis ces, deux dessins sans en prévenir Leurs Majestés ; j’étais sur le point de terminer mon travail quand le Maarosso s’en aperçut, et craignant que ces dessins ne portassent malheur à la famille royale, il me fit fermer mon album, en me faisant promettre de ne plus continuer .Je promis tout ce qu’il voulait, mes croquis étaient suffisamment ressemblants : c’est tout ce que je désirais. Nous lui remîmes nos cadeaux et, en faisant nos adieux, je leur dis qu’ils apprendraient un jour que leurs portraits sont imprimes en France. Ces princes et princesses ont eu pour moi non seulement beaucoup d’attention, mais de respect ; ils m’appelaient que du titre de tamsir c’est-à-dire grand prêtre »
Durant son règne la Linguére Ndaté Yalla eut à faire face aux velléités coloniales expansionnistes du gouverneur Faidherbe .La Linguère adopta une politique d’hostilité et de résistance .A travers toutes ces correspondances adressées à la colonie, elle ne cessait de réaffirmer sa volonté de défendre sa souveraineté sur toute l’étendue du Walo.
En 1847 elle imposa un blocus autour de l’île de Saint Louis et revendiqua ses droits sur les îles de Boyo et de Sor.
« Nous vous prévenons aussi que nous n’avons vendu l’île de Sorr à personne et que nous n’avons pas l’intention de la vendre ; on aurait dit que les gens du Sénégal y ont établi des lougans sans nous demander et sans notre consentement,nous vous demandons des explications à cet égard. » ANS 13 G 91 Lettre n °95 parvenue au gouverneur de Saint -Louis le 27 février 1851.
« Le but de cette lettre est pour vous faire connaître que l’île de Boyo m’appartient depuis mon grand père jusqu’ à moi aujourd’hui, il n y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule .Je n’ai pas vendu ce terrain à personne, je ne l’ai confié à personne ni à aucun blanc, » ANS 13 G 91 Lettre n° 85 parvenue au gouverneur de Saint -Louis le 23 Mai 1851.
Elle s’opposa aussi au libre passage des « tefankes » Sarakolés qui fournissaient l’île de Saint-Louis en bétail et adressa une lettre au gouverneur exprimant sa volonté de défendre le respect de sa souveraineté sur la vallée en ces termes : « c’est nous qui garantissons le passage des troupeaux dans notre pays ; pour cette raison nous en prenons le dixième et nous n’accepterons jamais autre chose que cela. Saint-t Louis appartient au Gouverneur,le Cayor au Damel et le Waalo au Brack. Chacun de ces chefs gouverne son pays comme bon lui semble » (Boubacar Barry, le royaume du Walo .
Parallèlement aux menaces grandissantes aux frontières du Walo, à l’intérieur du royaume la Linguere Ndaté Yalla était en butte face à l’hostilité des Chefs de province les kangams qui voyaient d’un mauvais œil le pouvoir grandissant de « l’étranger » le mari de la reine le Maarosso.Ce qui fragilisa beaucoup le pouvoir de la Reine.
Le 31 janvier 1855 le Gouverneur Faidherbe partit de Saint-Louis avec une colonne de 1100 hommes pour atteindre le 25 février les environs de Nder ou il battit les troupes de la Linguére Ndaté Yalla.
.La capitale Nder fut prise et brûlée ainsi que plus de 40 villages dont Ndombo Thiago,et Mbilor Plus de 100 résistants walo walo furent tués et près de 150 faits prisonniers. La Reine et ses partisans s’exileront à Ndimb à la frontière du Walo avec la province du Ndiambour.
Ainsi fort de son triomphe, le Gouverneur Faidherbe promulgua une constitution en wolof qui fit du Walo la première colonie française d’Afrique noire. Voici un extrait de l’article premier de cette constitution :
La Emir Ndar tonial tchi Oualo.
NGUEELBEN OUAKH GUI
Oualo bel fou aldouna iem , francais ko mom. Nit ou Oualo mbotay ou bour ou France laniou. Emir Ndar laniou ouar top, mom ki fi takhao ou bour France.
Commandant ba fa Emir Ndar def ,mou di deukke fa Taouey, mo di set réou ma ak di ko dioubbenti
Celle qui fut la dernière Reine du royaume du Walo La Linguére Ndaté Yalla de retour d’exil, mourut en 1860 à Dagana ou elle fut enterrée. Et pour la postérité les griots chantent toujours Ndaté Yalla mi ci diarra