Couple, concubinage, Pacs, mariage… appelez votre union comme bon vous semble. Une chose est sûre : en matière de fidélité, à moins que vous n’ayez établi un pacte de liberté réciproque, c’est bien de confiance qu’il s’agit, et peu importe la solennité du lien.
« La monogamie n’est pas naturelle mais culturelle. C’est une construction symbolique comme la famille et les structures de la parenté », explique Maryse Vaillant, auteur du livre Les hommes, l’amour et la fidélité (éd. Albin Michel). Dans son ouvrage, la psychologue décrypte la manière masculine d’entrer dans le couple et dans l’engagement : « Elle repose sur les fondements de l’identité masculine, sur le rapport au sexe et à la sexualité, au pouvoir, la relation aux autres hommes, la peur de perdre, la peur de s’engager. »
La confiance mise à mal
Christophe, cocu, est devenu « parano, très possessif et indélicat quant aux sorties entre copines de sa petite amie. » Jamais il ne retrouvera la confiance aveugle qu’il avait en elle. Pour Marianne, quand son homme lui a avoué en pleurant l’avoir trompée, ce fut « self estime en chute libre, solitude, sentiment d’impuissance ».
Qu’elle soit féminine ou masculine, l’infidélité a toujours un sale goût d’humiliation et de trahison. Et nous remet forcément en cause le jour où elle se pointe sous notre toit. Que l’on soit coupable ou victime. Tout le monde n’a pas la même sensibilité face à la fidélité : la façon dont nous la jugeons vient de notre propre histoire (amoureuse et familiale). Nous ne sommes donc pas égaux face à l’infidélité.
Je trompe donc je suis ?
Tromper l’autre, c’est se prouver que l’on peut exister sans lui. Peur de perdre sa liberté, oui, mais pas seulement. Durant les sept années de sa relation avec Jérémy, Myriem est allée voir ailleurs. Souvent. Pourtant, son petit ami avait bien insisté sur l’importance qu’il donnait à la fidélité dans un couple. Mais pour elle, rien n’était simple à l’époque. Elle explique ses doutes, que l’infidélité apaise.
Se sentir belle, attirante
« J’avais une double vie. Je ne lui ai jamais avoué, mais il l’a découvert, en fouillant dans mon portable. Suspicieux, il cherchait la faille, et moi je lui inventais des histoires pour le rassurer. Évidemment, il ne tombait pas dans le panneau. Il s’en allait déçu. Et revenait sans qu’on en reparle et ainsi de suite. Maintenant je me rends compte que c’est horrible, mais à l’époque je n’y voyais presque pas de mal. Je me disais même qu’il n’avait qu’à être plus parfait…
Avec lui, je crois que j’aspirais à une certaine stabilité. Mais je rêvais secrètement d’un amour bien plus fort ! Avec un amant, je me sens femme, belle, attirante. Oui, je trompe pour me rassurer. Aujourd’hui encore. Je viens de rencontrer quelqu’un et, comme il ne m’a pas rappelé depuis quatre jours, j’ai couché avec un vieil ami rencontré par hasard… C’est comme si je voulais me détacher de cet amour qui, à peine né, me donnait déjà tout un tas d’angoisse. »
Je vais voir ailleurs, mais c’est ma femme que j’aime
Pour la psychologue Maryse Vaillant, le « papillonnage juvénile témoigne du besoin des hommes (et des femmes) de se tester pour savoir s’ils sont prêts pour la monogamie ». Mathias n’arrivait plus à se regarder en face aux débuts de ses aventures. Aujourd’hui, c’est bien fini. La culpabilité a complètement disparu. Sa compagne est heureuse, et il fait tout pour lui plaire. Elle sait peut-être qu’il se passe quelque chose mais, si c’est le cas, elle a choisi de ne pas lui en parler.
« Elle me dit qu’elle est plus amoureuse de moi qu’elle ne l’a jamais été. De mon côté, je suis passé par des phases un peu torturées, de renfermement, avec des questionnements classiques : « faut-il que je rompe », « suis-je un enfoiré ? » Finalement, avec le recul, j’ai trouvé mon équilibre avec ce mode de vie. Côté pratique, il faut s’organiser, trouver des alibis, et toujours rester sur ses gardes. J’ai pris des habitudes que je n’avais pas avant, des réflexes qui peuvent paraître hallucinants, voire glauques sortis du contexte. »
Un manque de courage
Pour d’autres, il semble que l’infidélité soit le signe d’un manque de courage pour mettre fin à une relation insatisfaisante. Cédric, 25 ans, avoue tristement : « Ce serait tellement plus honnête de redevenir célibataire pour aller voir ailleurs. Mais sécurité avant tout. »
Patrick, 44 ans, analyse pourquoi sa femme, dont il est aujourd’hui divorcé, l’a quitté pour un autre : « J’étais très pris par mon travail, je rentrais tard. Elle m’a quitté pour l’un de mes meilleurs amis. Aujourd’hui, j’arrive à comprendre, mais je n’excuse pas. Je n’ai su tout ça qu’après notre séparation. »
Sortir de l’infidélité
L’infidélité n’est pas le problème d’un couple, il n’en est qu’un symptôme, entend-on souvent. Pour certains, elle arrive quand le couple est dans une impasse. Pour d’autres, elle n’est que le début d’une phase difficile, qui pourra être surmontée si la parole circule librement entre les deux partenaires. Maryse Vaillant conseille de « reprendre le dialogue et d’éviter de traîner des histoires infantiles trop lourdes. »
Que chacun se rassure : selon notre spécialiste, l’idée que l’infidélité est le signe d’un problème sexuel au sein du couple n’est qu’une vieille rumeur. « Un homme trompe sa femme pour des raisons à lui (fragilité, insécurité, instabilité) et elle souffre pour des raisons à elle (idéalisation de l’amour, besoin de réparation, blessures infantiles). » Si le couple désire s’en sortir parce que l’amour est plus fort et que l’infidélité n’est qu’une erreur de parcours et non un fonctionnement bien établi, ils devront mettre à plat la vérité et tenter de comprendre comment ils en sont arrivés là. Pour mieux rebondir.
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