Apparemment le Senegal a éradiqué plusieurs maladies honteuses: le mensonge ne tue plus. La honte, la duplicité et la trahison non plus. Dire une chose et son contraire, inventer de toutes pièces une version des faits et se voir sèchement démentir le lendemain est devenu la règle. Dire la simple vérité est devenu une rare exception, voire une curiosité sociologique. Tous les jours, les médias nous saoulent d’informations contradictoires, parfois tellement fantaisistes que personne n’y croit. Mais on en n’a cure car, le lendemain on en redemande ! Et on se précipite tous sur les sites internet et les journaux, les « télé bidons » et les radios délires… Nous sommes donc tous coupables à des niveaux de responsabilité variables bien évidemment.
Eh! Oui! Hypocrisie généralisée et lâcheté collective sont les signes cliniques de la mort lente de l’âme du Peuple sénégalais… Et nous sommes tous responsables de la déliquescence des valeurs spirituelles et morales qui sont depuis si longtemps le socle fondateur de notre Nation! Et d’abord les politiciens qui se jouent de nous et de nos deniers, jonglent avec nos milliards et ont l’outrecuidance de nous regarder dans les yeux pour solliciter nos suffrages. Tous pourris? Je n’irai pas jusque-là mais la situation est devenue préoccupante . Le débat public est pollué d’accusations aussi graves, les unes que les autres, et la Justice tarde à se saisir. Qui défendra la cause du Peuple si tous les pouvoirs ( exécutif, législatif et judiciaire) dansent sur la même cadence avec la complicité du quatrième pouvoir ( la presse) sensée jouer un rôle de veille et d’alerte?
Les enfants de la rue ne sont donc que l’une des expressions de notre naufrage collectif. Les désigner du doigt est une manière cynique de contourner le problème. Une manière de couper les feuilles en laissant intacts le tronc et les racines. Les feuilles vont repousser plus drues et les enfants continuer à se déverser dans nos rues. Les vrais coupables ce sont les adultes qui récoltent les sommes que ces enfants collectent avec la complicité de parents irresponsables . La responsabilité de l’Etat, et celle de ses démembrements qui laissent proliférer des zones de non droits et des comportements qui défient les lois et règlements, est engagée . Traquer des enfants, moins de deux cent (200) sur trente mille( 30 000), alors que l’on peut identifier et mettre hors d’état de nuire les malfaiteurs qui les exploitent, me semble la mauvaise solution. Le proche avenir nous édifiera…
Au demeurant, mon sentiment profond est que cet épisode sur les enfants de la rue est un entracte, servi pour nous tenir en haleine le temps de la mise en place des bobines pour la diffusion de la série » Les protocoles de Rebeuss… » Une série en deux saisons dont la première est en rediffusion sous nos yeux. Le problème c’est que les acteurs ne s’entendent pas sur le montage et la chronologie des faits. Le fait est que les producteurs de la série ne s’accordent pas sur la fin de l’Histoire.
Espérons que, pour la second série en cours de tournage et, l’expérience aidant, la diffusion se passe un peu mieux. Avec des images un peu plus claires et un scénario mieux écrit. Nous on regarde. Nous on attend de savoir la fin de toutes ces histoires. Et on s’attend au pire!
Amadou Tidiane WONE
[email protected]