Honte à vous Cheikh Yérim Seck !

Dans un article intitulé “Assane Diouf tabassé… Honte à l’administration pénitentiaire !” , article paru le 4 mai 2018 sur le site yerimpost.com, monsieur Cheikh Yérim Seck a cru devoir jeter l’opprobre sur toute une corporation en tentant de se faire l’avocat de monsieur Assane Diouf qui, selon lui, aurait été tabassé par des surveillants, ce qui du reste est totalement faux.

Pour satisfaire son égo surdimensionné, tentant de faire croire à une supposée magnanimité à l’endroit de celui qu’il appelle “l’insulteur public” dont il aurait lui-même subi les foudres, il s’est en effet livré à son exercice favori qui consiste à rabaisser l’autre, mais cette fois-ci allant jusqu’à insulter sans aucune retenue l’ensemble des membres de l’Administration pénitentiaire, débitant une litanie d’insanités dans un langage que l’on pourrait qualifier de “sauvagement violent et puérilement vulgaire” pour reprendre ses propres termes.

Monsieur Seck écrit ceci : “Honte à l’Administration pénitentiaire qui admet en son sein ces pratiques d’un autre âge !… Les sévices exercés sur ce détenu sont symptomatiques de la brutalité de l’Administration pénitentiaire du Sénégal, largement en-deçà du niveau de notre démocratie, constituée de gardes pour la plupart quasi-analphabètes, totalement ignorants des normes protectrices des droits de l’homme… Bourrés de complexes, ces matons se comportent comme s’ils avaient des comptes à régler avec les détenus célèbres… Autant de faits constitutifs de traitements cruels, inhumains et dégradants qui interpellent les organisations de défense des droits de l’homme.”

N’eussent été les accusations graves de torture et de violation des droits de l’homme portées sur cette institution républicaine qu’est l’Administration pénitentiaire, nous aurions tout simplement opposé un mépris total à ce faux dévot qui a perdu toute crédibilité et qui cherche à redorer un blason définitivement terni en faisant feu de tout bois. Sans vouloir verser dans un corporatisme de mauvais aloi, nous estimons nécessaire, en tant qu’officier supérieur de cette Administration, de jouer notre rôle de sentinelle en rétablissant la vérité, surtout à l’intention de l’opinion nationale et internationale.

Nous tenons donc à démentir formellement ces allégations mensongères qui ne reposent sur rien, si ce n’est un dessein inavoué de l’auteur. Il n’est certainement pas exclu qu’il existe des cas isolés de mauvais comportements de la part de membres du personnel pénitentiaire, mais le cas échéant, ces actes sont systématiquement sanctionnés avec fermeté et rigueur.

Aucun Directeur de prison, aucun Inspecteur régional, encore moins le Directeur de l’Administration pénitentiaire ne cautionnent des comportements à rebours de la règlementation pénitentiaire qui interdit clairement tout acte de violence physique comme verbale. Et ceci peut être prouvé par des circulaires, des notes de service, des rappels fréquents à l’occasion des cérémonies quotidiennes de levée des couleurs et enfin des sanctions effectivement prises dans ce domaine par les différents responsables.

Sur un plan personnel, dans toutes les prisons que j’ai eu l’honneur de diriger, de Matam à Ziguinchor en passant par Saint-Louis, Rebeuss et dernièrement l’Inspection régionale de Thiès, la première note de service que je signe sous forme de prise de contact avec le personnel comporte toujours ce passage assez édifiant : “Enfin, et j’insiste particulièrement sur ce point, le respect et l’humanisme doivent à tout moment inspirer notre comportement vis-à-vis des détenus. A ce propos, je rappelle la nécessité pour tout le personnel de se conformer aux dispositions de l’article 120 du décret 2001-362 du 4 mai 2001 relatif aux procédures d’exécution et d’aménagement des sanctions pénales.” Un tour aux archives de ces différentes prisons permettrait de vérifier la véracité de cette affirmation.

Il est donc inexact de vouloir faire passer l’Administration pénitentiaire comme un corps qui “nui à l’image du Sénégal, signataire de toutes les conventions internationales interdisant la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants”. Non, monsieur Seck ce n’est nullement l’image que l’Administration pénitentiaire du Sénégal renvoie à la communauté internationale, loin s’en faut.

Bien au contraire, l’ONU consciente du professionnalisme de cette institution fait régulièrement appel à elle pour lui fournir des experts pénitentiaires pour aider à remettre sur pied les systèmes pénitentiaires de pays sortant de conflits armés.

Des experts pénitentiaires sénégalais ont eu l’honneur de diriger des composantes pénitentiaires de missions des Nations Unies au Congo, en Côte d’Ivoire ou d’être recrutés comme fonctionnaires internationaux en Haïti, au Tchad, au Sud Soudan et récemment au Mali. Et ces fonctionnaires que vous qualifiez de “quasi-analphabètes totalement ignorants des normes protectrices des droits de l’homme”, ont justement pour mission d’enseigner ces normes-là au personnel local des pays où ils sont envoyés et de veiller à l’application par ce personnel de ces standards internationaux. Ils le font à la satisfaction des autorités onusiennes car il est arrivé que, la demande étant trop forte, le Sénégal ne fasse pas droit aux sollicitations pour éviter de dégarnir ses services.

Aujourd’hui ils sont une trentaine à porter l’étendard du Sénégal dans les différentes missions onusiennes. L’Administration pénitentiaire du Sénégal est par ailleurs membre de toutes les associations internationales existant dans le domaine pénitentiaire, associations dans lesquelles elle joue un rôle particulièrement éminent en assurant soit la présidence, soit la vice-présidence.

Les forces de défense et de sécurité dont l’Administration pénitentiaire est partie intégrante méritent respect, considération et soutien au regard des nombreux sacrifices qu’ils consentent parfois au prix de leur vie pour permettre à monsieur Seck et aux citoyens d’une manière générale de dormir paisiblement et de vaquer à leurs occupations en toute quiétude.

Honte à vous Cheikh Yérim Seck qui vous permettez d’insulter et de vouer aux gémonies une institution républicaine dont vous devriez pourtant vous montrer fier au regard du travail colossal abattu quotidiennement par les femmes et les hommes qui la composent, mais surtout au regard de son rayonnement international indéniable dont la dernière illustration est la récente participation couronnée de succès aux compétitions organisées aux États-Unis, communément appelées “Mock Prison Riots” !

Inspecteur Mohamed Lamine Diop est Inspecteur régional de l’Administration pénitentiaire (Thiès-Diourbel).

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