Le tribunal d’instance de Dakar a condamné hier un indicateur et commis à la brigade de la gendarmerie à un an d’emprisonnement ferme pour vols multiples, usurpation de fonction et violences et voies de faits. Ibrahima Ndiaye, qui se faisait également passer pour un gendarme, a volé deux scooters saisis sur des tiers, selon Enquête.
Commettre un vol dans l’enceinte d’une brigade de gendarmerie ! Cet acte paraît inimaginable mais Ibrahima Ndiaye l’a fait. Il a profité de son statut de commis et d’indicateur à la brigade de la gendarmerie de la Foire pour commettre son forfait. Bénéficiant de la confiance des pandores, il avait même accès au lot de clés accrochées à la permanence. Un jour du mois de septembre 2016, il a profité de l’inattention du gendarme de permanence pour sortir en catimini une moto de marque K.T.M d’une valeur de 1,5 million F CFA. Deux jours plus tard, il a récidivé en s’emparant d’un autre scooter d’une valeur de 900 000 F CFA. Les deux motos faisaient partie d’un lot de 408 scooters saisis lors d’une opération de sécurisation menée par la brigade de Ouakam à la veille de la Tabaski.
Non convaincu par ses explications, le Commandant de Brigade a informé le Procureur de la République qui a ordonné son arrestation. Entendu, le suspect a reconnu les faits en révélant qu’un certain Pape Moussa Dionne lui a facilité la sortie de l’une des motos en usant de subterfuge qui consistait à s’acquitter frauduleusement du paiement de l’amende forfaitaire. Ce dernier sera arrêté à son tour pour complicité de vol. Cependant, au cours de l’enquête, deux autres individus ont aussi porté plainte contre Ibrahima Ndiaye. L’une est sa voisine et accuse le prévenu à qui elle confiait sa chambre d’avoir volé divers objets dont un Play station, des habits et parfums d’une valeur de 156 000 F CFA. Quant à l’autre plaignante, elle a déclaré que le prévenu s’est fait passer pour un gendarme et a menacé son fils avec une arme en prétextant l’arrêter pour trafic de drogue.
Hier, à la barre du tribunal d’instance de Dakar, Ibrahima Ndiaye a reconnu le vol tout en précisant avoir vendu les deux motos à 1 200 000 F CFA à son coprévenu Pape Moussa Dionne. Celui-ci a déclaré à son tour qu’il ignorait l’origine frauduleuse des motos car Ndiaye lui avait fait croire qu’elles étaient vendues aux enchères par les gendarmes. Par rapport à l’usurpation de fonction, Ibrahima Ndiaye a plaidé non coupable en laissant entendre qu’il ne s’est jamais fait passer pour un gendarme. Ces dénégations ont été battues en brèche par la plaignante dont le fils a été menacé. ‘’Il a voulu arrêter mon fils et je lui ai dit que je ne le laisserais partir que s’il me montrait sa carte professionnelle. Alors il a brandi une arme’’, a raconté la dame. Avant de poursuivre : ‘’Je me suis mise devant lui en lui disant : ‘’Si tu es un vrai gendarme, tire sur moi.’’
Malgré cette déclaration, le prévenu a campé dans ses dénégations, arguant qu’il détenait plutôt un briquet non sans ajouter que le Commandant de brigade lui avait donné l’autorisation de procéder à des arrestations. Ce que le parquet a contesté en se disant outré par le comportement du prévenu qui veut jeter l’opprobre sur un corps d’élite comme la gendarmerie. Pour la répression, le délégué du procureur a requis 2 ans contre Ibrahima Ndiaye et 3 mois contre Dionne pour le délit de recel et non pour complicité de vol. Pour le conseil du receleur, son client mérite la bienveillance de la loi puisqu’il a contribué à la manifestation de la vérité et a restitué les motos dès qu’il a su leur véritable origine. Après délibéré, il a écopé de 2 mois pour recel tandis qu’Ibrahima Ndiaye a été condamné à 1 an ferme pour vols multiples, usurpation, violence et voies de faits. Il doit allouer la somme de 156 000 F à sa voisine. Les autres parties civiles n’ont pas réclamé de dommages et intérêts.