Gambie : les aveux de l’ex-numéro 2 de Yahya Jammeh « Je me sens partiellement responsable »

Un ancien militaire ayant joué un rôle clé dans le coup d’État qui a porté Yahya Jammeh au pouvoir en Gambie en 1994, et qui l’a fidèlement servi pendant 13 ans, a reconnu lundi 21 octobre des « responsabilités » pour l’arrestation, la torture et l’exécution d’opposants supposés.

Pour la troisième fois en une semaine, Edward Singhateh était entendu par la Commission vérité et réconciliation (TRRC) chargée d’enquêter sur les crimes commis pendant les 22 ans du régime de Yahya Jammeh. Ce dernier, en exil en Guinée équatoriale depuis janvier 2017, échappe pour le moment à la justice de son pays.

Edward Singhateh, né au Royaume-Uni, est l’un des instigateurs du renversement par un groupe de jeunes officiers du régime de Dawda Jawara, en juillet 1994. Ces officiers ont placé Yahya Jammeh à la tête d’un Conseil provisoire des forces armées, avant qu’il devienne chef de l’État et soit élu et réélu jusqu’à sa défaite en décembre 2016 face à l’opposant Adama Barrow.

« Je me sens partiellement responsable »

À l’origine du projet de coup d’État, Edward Singhateha a occupé la fonction de ministre de la Défense, puis de numéro 2 de la junte, avant d’être nommé à plusieurs postes ministériels, servant jusqu’à 2007 sous les ordres de Jammeh.

« Je suis peut-être responsable dès le départ d’avoir placé (Yahya) Jammeh (dans cette position). Donc je me sens partiellement responsable pour tout ce qui s’est passé et j’en éprouve un profond remord », a-t-il déclaré devant la TRRC, face à laquelle il a souligné se présenter « volontairement ».

Tissu de mensonges

Il a reconnu avoir personnellement arrêté en novembre 1994 dans le palais présidentiel deux des leaders de la junte, le vice-président, Sana Sabally, et le ministre de l’Intérieur, Sadibou Heydara, convoqué par Yahya Jammeh qui les soupçonnait de vouloir le renverser. Le premier a été torturé et fait neuf ans de prison. Le second est mort en détention.

Edward Singhateh a affirmé qu’il n’avait pas imaginé que Sana Sabally, dont il allait prendre la place comme numéro 2 du régime après son arrestation, subirait de telles tortures. Mais il a reconnu que l’enquête ayant conduit à sa condamnation était un tissu de mensonges. « Et vous n’avez rien fait ? Vous auriez pu démissionner, partir en exil, comme beaucoup de gens en Gambie », lui a lancé l’un des membres de la commission, Essa Faal. « C’est plus facile à dire qu’à faire », a répondu l’ancien militaire, en concédant que son ex-collègue avait subi une « terrible injustice ».

Jeune Afrique

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