Gambie : au 19 janvier, l’Union africaine cessera de reconnaître Yahya Jammeh comme président

Dans un communiqué publié vendredi, l’Union africaine menace le président gambien sortant de « sérieuses conséquences » s’il ne cède pas le pouvoir à son successeur. Des milliers d’habitants ont quitté le pays par crainte des tensions.10958356-18142943

L’union Afriaine (UA) a sommé, vendredi 13 janvier, le président Gambien sortant Yaya Jammeh de quitter le pouvoir pacifiquement, a annoncé l’organisation dans un communiqué.

« À compter du 19 janvier, l’Union africaine cessera de reconnaître le président sortant Yahya Jammeh comme étant le président légitime de la République de Gambie », stipule la déclaration finale adoptée vendredi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’organisation continentale, à Addis-Abeba (Éthiopie).

Le CPS, dans sa déclaration, menace Yahya Jammeh de « sérieuses conséquences dans l’éventualité où ses actions conduiraient à une crise qui pourrait entraîner des troubles politiques, un désastre humanitaire et en matière des droits de l’Homme, y compris la perte de vies innocentes et la destruction de biens ».

L’UA appelle également les forces de sécurité et de défense du pays à la plus grande retenue, soulignant que leur devoir est de « se mettre à la disposition des autorités démocratiquement élues de leur pays ».

Cette prise de position intervient alors qu’une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est arrivée, vendredi, à Banjul, pour tenter de convaincre Yahya Jammeh de laisser la place au président déclaré vainqueur, Adama Barrow, dont l’investiture est prévue le 19 janvier.

« Le but de la visite est de rencontrer le président Jammeh, afin que tout le monde puisse s’entendre sur une feuille de route. Nous sommes plutôt optimistes que cette fois, les discussions n’échoueront pas », a déclaré à la presse le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama.

La mission de médiation est conduite par le chef de l’État nigérian, Muhammadu Buhari, son homologue libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, et l’ex-président ghanéen John Dramani Mahama. Tous trois faisaient partie d’une mission dépêchée par la Cédéao exactement un mois auparavant pour presser Yahya Jammeh, à la tête de la Gambie depuis 1994, de quitter le pouvoir après l’expiration de son mandat, sans succès.

Les pourparlers de ce vendredi « sont très cruciaux parce que c’est sur la base de ces discussions que tout le monde pourra commencer à voir quelle option envisager », a ajouté le ministre Geoffrey Onyeama.

Nombreuses pressions

La Gambie, petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, est plongé dans une crise depuis que Yahya Jammeh a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus les résultats du scrutin, une semaine après avoir pourtant félicité Adama Barrow pour sa victoire à la préidentielle.

Depuis son revirement, le président sortant subit de nombreuses pressions. Il a saisi la justice pour faire annuler les résultats de l’élection et se dit déterminé à rester président tant qu’elle n’aura pas statué sur ses recours. Adama Barrow, de son côté, a affirmé qu’il sera investi le 19 janvier et se considèrera président à compter de cette date.

Jeudi, l’avocat de Yahya Jammeh, a déposé à la Cour suprême une nouvelle requête demandant d’empêcher la prestation de serment de M. Barrow et d’interdire au pouvoir judiciaire, aux fonctionnaires et parlementaires de l’organiser ou d’y participer.

Fuite de milliers de Gambiens

« Plusieurs milliers de Gambiens se sont rendus au Sénégal ces dix derniers jours pour fuir la tension qui est montée concernant les résultats de l’élection présidentielle » du 1er décembre, a indiqué vendredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) dans un article diffusé sur son site régional.

Il s’agit « principalement d’enfants », selon cette agence de l’ONU, expliquant que beaucoup de parents « craignant des troubles potentiels » ont décidé d’évacuer leurs enfants au Sénégal.

Unique voisin terrestre de la Gambie, le Sénégal est un point de passage obligé pour ces milliers de réfugiés, dont certains poursuivent leur route jusqu’en Guinée-Bissau, d’après des sources au sein des services de l’immigration de ce pays limitrophe du Sénégal.

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