GADIO, DIACK, THIONE… La loi est dure, mais …

Dieu a créé tous les hommes égaux, mais a fait le Sénégalais d’une étoffe particulière. On croyait que les juifs étaient le peuple élu, mais à observer le Sénégalais on pourrait dire qu’il y a match entre les deux peuples. Le Sénégalais a une haute estime de lui-même, mais qui pourrait le lui reprocher, c’est plutôt bon signe. Il se croit foncièrement bon, vertueux, généreux, ouvert, hospitalier, intelligent, et surtout innocent.

Ce dernier aspect est le point sans doute capital de l’imaginaire de notre peuple. Et explique pourquoi lorsqu’un de nos compatriotes (célèbres, surtout) a un ennui judiciaire, des gens, pour la plupart armés de bonnes intentions, se mobilisent pour essayer de le sortir du pétrin dans lequel force est de constater il s’est fourré lui-même.

Ce fut le cas lorsque Thione Seck a été arrêté pour une grave histoire de trafic de devises présumé. On a assisté au même accès de solidarité après l’arrestation de Lamine Diack, ancien Président de l’IAAF, pour des accusations de corruption mêlant la Russie. Aujourd’hui c’est au tour de Cheikh Tidiane Gadio, arrêté aux États-Unis, lui aussi pour corruption présumée, de bénéficier de cet élan de soutien inconditionnel.

Thione Seck

Thione Seck

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Ce phénomène pose un véritable problème pour le fonctionnement serein de la justice, notamment sénégalaise, qui, très souvent dans les affaires très médiatisées, subit l’hystérie de l’opinion publique et a bien du mal à prendre les décisions qui s’imposent. De nombreux exemples peuvent illustrer ce propos.

Lorsque Karim Wade a été arrêté pour enrichissement illicite, dans une procédure qui n’avait pas toujours respecté l’orthodoxie juridique, certes, le premier réflexe de beaucoup de Sénégalais a été de crier au complot politique. Rebelote lorsqu’il s’est agi de l’affaire Khalifa Sall. Thione Seck, Luc Nicolaï, Cheikh Yérim Seck, l’Imam Ndao…, tous ont eu droit, pour diverses raisons, à la « solidarité » de l’opinion.  Ils sont tous bons, innocents, c’est la justice qui est méchante, crie le quidam.

« La loi est dure, mais c’est la loi », dit un proverbe romain. Cela hélas, beaucoup de nos belles âmes semblent l’ignorer. Ce qui pose la question de la maturité des Sénégalais dans leur rapport à la démocratie. Il ne suffit pas d’avoir réalisé deux alternances paisibles pour s’attribuer un certificat de maturité civique. Il faut également respecter les institutions, laisser la justice la liberté et l’indépendance de suivre son cours, et surtout prendre la mesure de ce qui relève de la responsabilité individuelle et tout ce que cela implique.

Laissons de côté les bons sentiments, et les lieux communs pouvant flatter cette sorte de narcissisme national. Shakespeare, dans toute sa sagesse, a certes relevé que « la pitié devrait être la vertu de la loi »,  cela ne nous empêchera pas de penser que les hommes ont le devoir de répondre pleinement de leurs actes. Dans le strict respect des règles communes en vigueur.

Avant de demander la liberté de quelque accusé que ce soit, nous avons l’impérieux besoin de demander d’abord que la lumière soit faite sur l’affaire le concernant. Seule la justice doit triompher, en définitive.

 

Auteur: Lala NDIAYE-Seneweb

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