Football : Gerard Piqué, dans la tourmente catalane

Le joueur du FC Barcelone, pilier de la sélection espagnole, paie ses prises de position en faveur de l’indépendance de la Catalogne.

Gerard Piqué n’a jamais caché ses convictions indépendantistes. Il suffit de voir son compte Twitter, émaillé de références à la Catalogne. Des idées qui n’ont pas toujours été faciles à gérer pour le défenseur du Barça au sein de la Roja, la sélection espagnole de football, qui dispute, vendredi et lundi, deux matchs de qualification pour le Mondial 2018 en Russie.

Le joueur a été l’un des sportifs espagnols qui s’est exprimé le plus favorablement en faveur de l’indépendance de la Catalogne avant le référendum du dimanche 1er octobre, qui s’est soldé par de graves affrontements entre la police et les sympathisants de l’indépendance.

Alors que le conflit entre Madrid et Barcelone divise de plus en plus la société espagnole, Piqué est désormais devenu la cible des supporteurs qui s’opposent avec virulence à ce qui se passe en Catalogne.

« Les points de vue se sont radicalisés »

Les prises de position du footballeur barcelonais lui ont déjà valu dans le passé des sifflets dans plusieurs stades d’Espagne. Piqué est-il indépendantiste ? Les journalistes lui ont de nouveau posé la question lors d’une conférence de presse à Madrid, mercredi 4 octobre, mais il a refusé d’y répondre. « Si je me prononçais pour l’un ou l’autre camp, je perdrais la moitié de mes supporteurs », a déclaré le joueur. En Espagne, « les points de vue se sont radicalisés », a-t-il ajouté, « il faut trouver un point d’équilibre ».

En arrivant, jeudi 5 octobre, à Alicante, où l’Espagne joue un match décisif face à l’Albanie, il a été hué et insulté par les fans venus accueillir la Roja. Lors d’un entraînement de l’équipe nationale d’Espagne dans la banlieue de Madrid, lundi 2 octobre, des banderoles avaient été déployées pour demander que le joueur du FC Barcelone soit expulsé de la sélection. La police avait dû intervenir afin de les faire retirer. Au bout de vingt-trois minutes d’entraînement, le joueur du Barça avait quitté la pelouse sous les sifflets.

Jeudi 28 septembre, Piqué avait clairement manifesté son soutien au référendum, déclaré illégal par Madrid. « A partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche, nous nous exprimerons pacifiquement. Ne leur donnons aucune excuse. C’est ce qu’ils veulent. Et chantons haut et fort. #Nous voterons », avait tweeté Piqué en catalan. Son message était devenu instantanément viral.

« Cette équipe et la fédération sont comme ma famille »

Sergio Ramos, capitaine de l’équipe nationale, avait réagi en critiquant le message de son coéquipier. « Ce n’est pas la meilleure chose à faire si vous ne voulez pas être sifflé. Peut-être que ce tweet n’est pas la meilleure chose pour le groupe, mais chacun est libre de dire ce qu’il veut », avait dit le défenseur madrilène.

Le jour du référendum, à l’issue du match du Barça face à Las Palmas, que le club catalan avait décidé de jouer à huis clos pour montrer son « désaccord » face aux « entraves à la liberté d’expression », Gerard Piqué, visiblement ému, avait fait part de sa tristesse et de son indignation face aux actes de violence qui avaient émaillé la journée. « Jouer ce match a été ma pire expérience en tant que professionnel (…) C’est une journée difficile. Il y avait des familles, des enfants et des grands-parents, et la police est intervenue. Les gens se sont manifestés sans violence », avait-il déclaré à l’issue de la rencontre. Il avait même évoqué son départ de la sélection espagnole si certains jugeaient sa présence indésirable, « pour éviter que [ses] compagnons n’aient à subir toute cette pression ».

Depuis, Gerard Piqué s’est ravisé et a déclaré, lors du point presse du 2 octobre, vouloir rester au sein la Roja au moins jusqu’au Mondial 2018. « Je ne veux pas partir par la petite porte. Cette équipe et la fédération sont comme ma famille. Si je partais, cela donnerait des arguments à ceux qui me sifflent. »

Le monde

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici