[Focus] Transport : Le Ter, un train qui n’arrive pas à l’heure

Considéré comme une vitrine du Plan Sénégal émergent, le Train Express Régional (TER) a été inauguré il y a deux ans, plus précisément le 14 janvier 2019 par le président Macky Sall. A près d’un mois de la présidentielle calée cette année-là, l’événement n’était pas anodin. Avec un coût énorme. Rien que la première partie de la construction de ce TER représente 656 milliards de francs FCA, soit environ un milliard d’euros. Le tout est financé par des bailleurs internationaux à des niveaux variables dont les chiffres officiels sont les suivants : Banque africaine de développement (120 milliards FCFA), Banque islamique de développement (197 milliards FCFA), Agence française de développement et Trésor français (196,5 milliards FCFA), et enfin État du Sénégal (142,5 milliards FCFA). Le Ter était donc censé démarrer en 2019. Deux ans après, ça tarde toujours.
Opérationnalité incertaine, calculs politiques mis en avant Plusieurs dates annoncées mais jamais respectées. Très sûr de lui lors du lancement des travaux, Macky Sall avait promis son inauguration pour le  14 janvier 2019. Ce jour-là, un wagon avait roulé sur 36 kilomètres entre Diamniadio et Dakar, avec, à son bord, une délégation composée de ministres, de représentants des entreprises impliquées dans les travaux et de partenaires financiers. À la barre, un président toujours aussi sûr et « fier » de ce premier projet ferroviaire du Sénégal indépendant.
Flash back, Syndrome Aéroport international Blaise Diagne
 Le passage à 30 km/h du TER dans le paysage de la presqu’île du Cap-Vert, sans mur de sécurité autour des voies et sans passerelle pour permettre aux habitants de traverser avec le maximum de sécurité, rappelle quelque peu un autre spectacle, sept ans plus tôt. Le 23 février 2012, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le président Abdoulaye Wade avait tenu à « inaugurer » l’aéroport Blaise-Diagne, l’un de ses plus grands projets. Il avait atterri sur un tarmac à peine terminé, encore entouré de talus de terre. Les bâtiments de l’aéroport n’étaient alors qu’à l’état de squelette. Les accusations de calcul politique n’avaient pas manqué. Finalement, l’AIBD sera opérationnelle six ans plus tard. Qu’en sera-t-il du TER ?

Le temps s’écoule et une autre annonce vient bousculer les délais donnés aux populations par le chef de l’État. Le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, invité à l’émission  «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm), déclare que le démarrage du Train express régional, annoncé pour fin novembre 2019, n’est plus possible. Abdou Karim Fofana espère que d’ici le début de l’année 2020, le Ter fonctionnera.

« La date du 30 novembre, ce n’est plus possible. Il faut s’en rendre compte, aussi. Quelques fois, on annonce des choses, on a la volonté de le faire et à date échue, ça n’arrive pas. Il faut avoir de la tolérance, aussi. Nous ne sommes pas superman. Nous avons des politiques publiques et des projets complexes avec beaucoup de prestataires», lançait-il pour justifier ce nouveau retard dans la mise en service de train.
La liste des reports est loin d’être exhaustive. Au mois de décembre 2020, une nouvelle date est avancée par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. « Les travaux du projet du Ter connaissent un bon rythme d’exécution et sont en voie d’achèvement, pour ce qui concerne la première phase du projet (Dakar – Diamniadio). Et en principe, la phase pré-exploitation devrait bientôt démarrer et l’exploitation commerciale proprement dite devrait débuter en 2021. 
Premier semestre 2021
Le projet essuie de critiques liées aux reports successifs de son lancement. Les habitants de Dakar et de sa banlieue, qui doivent encore supporter les embouteillages quotidiens qui asphyxient la capitale sénégalaise, s’impatientent. Une fois terminée, la première phase des travaux devrait permettre à 115 000 usagers de rallier quotidiennement Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio, toutes les 10 minutes.
La première locomotive n’a pas encore montré sa tête et une nouvelle annonce vient refroidir l’enthousiasme des Dakarois  appelés à faire preuve de stoïcisme.
 « Le Train express régional (Ter) entamera ses rotations commerciales dans le second semestre de l’année 2021 ». Cette nouvelle annonce porte la marque du nouveau  ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye. C’était en décembre dernier, à l’Assemblée nationale, pour le vote du budget de son ministère. Le démarrage du TER est suspendu à la fin des passerelles qui seront réalisées à Thiaroye et Keur Mbaye Fall.

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