Fernand Nino Mendy: « Macky Sall m’a déçu, le Sénégal va mal et la justice est au service de Sall »

Le président de l’union Patriotique (Up), Fernand Nino Mendy,n’est pas du content de la gestion du président Macky Sall, à la tête de la république. Pour lui, le pays ne marche pas, l’économie tourne au ralentie, le chômage s’accentue du jour le jour. Les multiples réformes engagées n’ont pas donné de résultats escomptés. Dans cet entretien accordé à News221.com, le président de l’UP est largement revenu sur des sujets saillants qui défrayent la chronique. De son parti politique à la convocation de Khalifa Sall,  il a passé au peigne fin l’actualité sénégalaise.

News221.com : Il y’a tellement de partis politiques  au Sénégal, certains d’ailleurs n’ont pas de siège et peinent du coup à financier leur propres activités. Quelle sera  la différence entre votre formation politique (Union Patriotique) et les autres ?

 FNM  : Je voudrais rappeler que l’Alliance pour la République est l’un des plus jeunes partis politiques du Sénégal dont les conditions de naissance sont connues de tous et qui pourtant dès sa première participation à une présidentielle l’a remportée même s’il faut compter l’apport des coalitions. C’est un cas assez intéressant car complexe et simple en même temps au regard du fonctionnement de la politique dans notre pays. Cela démontre à suffisance que les anciens partis connaissant des limitent assez sérieuse avec leur passé lourd et des nouvelles attentes des citoyens sénégalais. Il faut dire que la classe politique ancienne semble incapable de porter des ruptures et des changements profonds pour ce pays, ce qui fait surgir de nouveaux leaders, jeunes et patriotes.

Ceci dit, c’est une question intéressante et j’espère que mon propos pourra apporter un plus dans l’analyse de ce phénomène.

A vous entendre parler, on l’a impression qu’il y’ a un manque de démocratie interne au sein des partis, sonnez-vous la fin de la récréation ?

 FNM  : A mon avis, il y a des pratiques que tous les Sénégalais peuvent constater. Les anciens partis ne font pas preuve de démocratie. Si vous prenez le cas du Parti socialiste, le Parti Démocratique Sénégalais et bien d’autres, les leaders à la tête ne quittent jamais. Vous pouvez remarquer également que beaucoup de cadres de ces partis ont quitté pour créer leur propre parti. Il faut aussi constater pour le regretter que les leaders à la tête de ces partis financent seuls le parti en général et ceux qui ont une force de frappe financière occupent aussi les premiers rangs. Cela est une faiblesse majeure. Vous imaginez que diriger un parti exige beaucoup de moyens financiers. Cela veut dire que pour manager un parti au Sénégal et assurer une animation politique permanente, il faut mobiliser des moyens financiers considérables. La première exigence pour un parti est de sillonner tout le Sénégal. Cela est un défi à tout point de vue. Cependant, il faut regretter sérieusement l’absence de loi rigoureusement appliquée sur la vie des partis politiques et leur financement. Il n’y a aucun contrôle à ce niveau et cela est un péril. C’est pourquoi, les partis au pouvoir ont plus de moyens que les partis d’opposition. C’est une inégalité manifeste et cela est injuste car cela veut dire que tous les partis en compétition n’ont pas les mêmes chances.

News221.com : comment voyez-vous Le système politique sénégalais  est miné par des insultes, de règlements de compte et des acharnements politiques et liquidation des adversaires politiques ?

 FNM : Je pense que s’il faut comprendre cette question dans le sens des institutions de la république, ce n’est pas compliqué. Il suffirait de se rappeler de l’héritage colonial français et à ce sujet je pense que nous n’avons pas encore pris des décisions majeures pour rompre avec les séquelles de la colonisation. Le Sénégal est une copie autant dans les textes qui gouvernent ce pays que dans les différentes institutions. Vous comprendrez quand notre parti propose une rupture de mentalité qui impacte l’opportunité de créer des institutions à notre image. Vous comprendrez également les raisons pour lesquelles, nous avons dans ce pays des institutions et budgétivores et qui pourtant sont totalement inefficaces. Déficit de culture démocratique chez les élites. Nous autres jeunes avons le défi de cultiver le respect entre nous, acteurs politiques. Et notre parti compte donner l’exemple.

 Vous avait répété à plusieurs fois le mot corruption, est ce à dire il y’ a encore un niveau élevé  de la corruption au Sénégal ?

FNM  : L’argent joue encore un rôle déterminant dans le fonctionnement des formations politiques à l’image d’ailleurs des enfants, dans les familles qui ont plus de moyens que les autres et qui parfois sont plus considérés que les autres. C’est une question sociale sérieuse. C’est une crise, il faut avoir le courage de le reconnaître. Il faut aussi constater que notre société semble tolérer la corruption. Certains diront que cela est dû à notre rapport historique avec l’Etat comme un modèle politique qui nous a été imposé mais cela ne tient pas la route. Nous devons cultiver le sens du bien commun. C’est regrettable, si nous avions formé notre peuple, aujourd’hui, la corruption n’opérerait jamais autant dans ce pays.

News221.com : Quel bilan faites-vous des 5 ans de Macky Sall à la tête de la république ?

 FNM  :Il faut dire qu’après cinq ans, je suis déçu. Profondément déçu. Cela ne veut dire que le Président Macky n’a aucun mérite. Je vais y revenir. Quand, je dis que je suis déçu sans aller plus loin. Il y a trois piliers dans la vie d’un pays : l’économie, l’éducation, la santé et bien d’autres importants tels que la justice, l’administration publique, donner aux citoyens les mêmes chances de succès et l’on ne peut pas oublier la lutte contre corruption qui est demande sociale non satisfaite etc. Qu’est ce qu’il est possible de retenir fondamentalement ?

Et pourtant le gouvernement s’est vanté de la croissance économique ?

 FNM : Le président Macky n’a pas changé la structure de l’économie sénégalaise. Le débat sur la croissance est un faut débat. Cette croissance que l’on chante partout ne sert pas au Peuple Sénégalais, si nous sommes honnêtes et patriotes nous devons avoir le courage de le dire à nos compatriotes.

Selon moi, il faut changer la structure de l’économie sénégalaise avec des programmes économiques d’envergure qui vont des villages aux villes avec une stratégie concertée et mise en œuvre. Il n’est pas possible de fuir cette question.

Il faut regretter que le Plan Sénégal Emergent ne soit pas le projet idéal pour sortir ce pays de cette situation. Dans quelques années, nous ferons le bilan, l’économie ne bougera pas, les Sénégalais feront face aux mêmes problèmes. Je le dis avec douleur mais c’est cela qui risque d’arriver si nous ne changeons pas d’orientation économique avec comme objectif d’organiser les communautés locales pour la production de leurs biens afin de tendre vers une autonomisation avec l’appui de l’Etat.

Le secteur éducatif ?

 FNM  : En ce qui concerne l’Education, quelle est la stratégie qui rassure aujourd’hui les parents sur le retour de la qualité dans l’école publique ? Aucune. Les Assises de l’Education sans liens avec les Concertations nationales sur l’Enseignement posent un souci de cohérence dans la vision et dans la stratégie. Vous voyez les résultats. Nous sommes toujours au point de départ. Je me demande parfois s’il ne faut proposer une Loi qui impose à tous les fonctionnaires, Agents de l’Etat et autres d’envoyer leurs enfants à l’école publique. Peut être à ce moment là, tout le monde se battra pour que l’école publique retrouve son prestige.

Et il n’est pas acceptable que l’école publique qui donnait les mêmes chances d’avenir, de carrière à tous les citoyens nantis où modestes deviennent l’école des pauvres. Le président Macky n’a pas réussi sur ce volet. Je ne lui souhaite pas l’échec à la fin de son mandat car nos enfants en seront les victimes et cela pour des générations encore. Donc, je lui souhaite plein succès et je demande aux hommes politiques de faire synergie pour se battre pour le salut de l’école publique qui les a tous formés.

La couverture Maladie est universelle ?

FNM  : La santé, l’actuel parlent beaucoup de la Couverture Maladie universelle. Je vous assure, c’est à la télévision que j’entends parler de ce concept mais dans ma vie de tous les jours, rien n’a changé dans nos hôpitaux. Par ailleurs, les ambitions en termes de cartes sanitaires sont louables mais il faut se donner les moyens de les réaliser.

Vous savez, au cours de ma récente tournée au Sud du pays, j’ai été dans une localité mais j’avais les larmes aux yeux quand un vieux a pris la parole pour m’expliquer, devant toute une assistance, les difficultés que les gens rencontrent pour se soigner. Je vous assure, toute la nuit, les mots de ce vieux n’ont pas quitté mon esprit.

Donc, beaucoup de Sénégalais éprouvent des difficultés sérieuses pour se faire soigner. Vous comprenez à présent pourquoi la corruption doit être vigoureusement combattue car il n’est pas concevable d’avoir des compatriotes qui souffrent autant et se permettre de financer des individus ou des activités de partis politiques par l’argent du contribuable. L’obligation de résultat doit être inscrite dans le cahier des charges de tous les fonctionnaires de ce pays. Pour l’administration publique, vous savez le Capital humain occupe une place importante dans le PSE. Demandez ce qui est fait. En dehors de la vision sur l’Enseignement supérieur, Il y a eu un Forum sur l’administration publique, quelle est la suite. Le président lui-même et le Premier ministre ont pris des circulaires qui n’ont eu aucun effet. Il y a une sorte d’impuissance de l’Etat pour obtenir des résultats de l’administration. On ne peut changer un pays si les fonctionnaires ne sont pas des modèles. C’est comme les ainés dans une famille.

Et la justice ?

 FNM  : Au sujet de la justice de notre pays et du système judiciaire, le nôtre a des faiblesses congénitales et cela va de notre avenir et de celui de nos citoyens dans leur rapport à l’Etat. Tant que le président de la République a la possibilité de régler des comptes à travers le système judicaire, nous aurons un pouvoir judiciaire qui n’en est pas un et cela est une perte énorme pour le peuple. Il nous faut trouver un moyen de laisser le personnel de la justice faire son travail sans contrainte. Je voudrais terminer par deux choses qui me tiennent à cœur : Il s’agit de la crise en Casamance et de la lutte contre la grande et la petite corruption. En résumé, le président Macky SALL a des défis qui sont des attentes des populations sénégalaises. Rassurez-vous, je respecte le président et je lui souhaite un plein succès car il a eu la confiance des Sénégalais ce qui n’est pas encore le cas pour nous. A ce titre, il a un mérite et il faut le reconnaître mais cela n’empêche pas d’être lucide et d’apprécier sa gouvernance à sa juste mesure.

News221.com : Y’a-t-il des efforts  à faire ?

 FNM  : Bien évidement, comme je viens de le dire, les défis du président Macky SALL sont des attentes légitimes du peuple sénégalais qui lui ont donné et qui lui donne plus de 3 000 milliards de FCFA par an pour les soulager de leur souffrance et construire un avenir pour leur enfant.

Tous les domaines de l’économie que j’ai cités, le soutien au secteur privé national, à la lutte contre la corruption en passant par l’éducation, la santé, l’administration publique et la crise Casamance sont des questions qui exigent des solutions durables de son régime comme de tout autre régime qui s’installera un jour dans ce pays.

News221.com : les élections législatives sont prévues aux 30 juillets prochains, l’UP  va-t-elle participer aux élections ?

 FNM : Il est certain que nous allons participer aux élections législatives. Si le parti ira seul ou en coalition, nous allons donner une réponse publique à l’occasion d’une conférence de presse avant ou après une deuxième étape de la tournée au centre du Sénégal. Je constate que certains militants  veuillent que l’on aille  seul pour peser notre poids électoral et d’autres pensent qu’il faut aller en coalition compte tenu du système électoral. Nous allons finaliser les concertations avec les militants et prendre une décision.

News221.com : Vos ambitions pour le Sénégal ?

 FNM : S’il n’y pas une troisième génération de partis politiques au Sénégal, le nôtre va inaugurer cette nouvelle ère. Cela veut dire que nous refusons l’idée de parti politique qui se confond à un leader qui devra un jour céder sa place à un autre militant qui a la même dignité et la même légitimité que lui au sein de la formation.

Je veux dire les ambitions de notre parti sont les miens et je viens de les décrire au courant de cet entretien en terme d’axes programmatiques de notre formation politique. Il s’agit de conquérir le pouvoir avec une belle manière ensuite d’engager des ruptures profondes au plan économique en particulier et de la gouvernance en général. Je voudrais rappeler que notre crédo est « Pour un Sénégal solidaire et prospère ». Cela est une synthèse de tout notre projet de société.

En ce qui me concerne, j’ai promis aux militants qui m’ont installé à ce poste, la vérité, et les intérêts du Sénégal exclusivement en lisant le jour où vous me verrez faire autre chose que cela, faites-moi partir.

News221.com : Que pensez-vous de la situation qui prévaut au parti socialiste notamment avec l’affaire Bamba Fall et Cie ?

 FNM : C’est un règlement de compte entre frères de parti qui a atterri au tribunal comme cela se passe parfois dans les familles.

Vous savez, c’est à l’image de notre société. C’est difficile de le dire et que les gens en saisissent le sens profond. Je veux dire que c’est la lutte pour des intérêts personnels qui fait rage et qui dans une démarche hypocrite de clan au sein des partis explosent un jour. Moi, ce qui se passe au PS ne m’étonne pas.

Pour rappel, Khalifa SALL était avec Tanor DIENG pour contenir Aminata Tall SALL, Barthélemy DIAS était avec Tanor DIENG pour contenir MalickNoËl SECK et aujourd’hui, c’est eux tous contre Tanor DIENG. Vous savez, quand vous n’êtes pas des amis, si les intérêts qui vous réunissaient disparaissent, après c’est chacun pour soi Dieu pour tous. Comme disait l’autre, la politique peut se définir de manière squelettique comme la lutte des intérêts. C’est qui est arrivé aux camarades du parti socialiste. Mais vous savez, ils sont tous préparés à se battre comme de bons hommes politiques sénégalais.

Je pense que faire la politique, cela ne veut dire, soutenir l’insoutenable. Il faut apprendre à vivre de manière sincère et ne jamais cautionner l’injustice. Je constate que c’est un jeu chez les socialistes. Tous ceux qui soutenu Tanor ont désespéré avec le temps. Et ils veulent se rattraper en faisant bloc. Un jour viendra chacun reprendra sa route. Cela me pose problème mais on dira que c’est cela la politique sous nous cieux.

 

Khalifa Sall est poursuivi la DIC pour se justifier sur la caisse d’avance, certains parlent de liquidation politique d’un adversaire ?

 FNM : Au sujet des convocations de Khalifa SALL pour répondre aux questions de la Division des Investigations criminelles. Je suis stupéfait.

Combien de rapports de la Cours des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat, de l’Office nationale contre la lutte contre la corruption sont remis au président Macky SALL et il les range dans ses tiroirs. Vous savez, c’est l’image de notre justice et de notre système judiciaire qui va en pâtir mais cela ne peut continuer. Je vais soutenir Khalifa SALLA comme je l’ai fait avec Ousmane SONKO. Il ne faut jamais accepter l’injustice quelque soit la situation et chez moi, cela est un principe sur lequel, je suis intransigeant

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