Faux ongles et produits chimiques: les professionnels doivent mieux se protéger

Allergies cutanées, asthme, maux de tête… Les professionnels du soin et de la décoration des ongles sont exposés à une soixantaine de substances « très préoccupantes » et doivent mieux se protéger, avertit l’agence de sécurité sanitaire (Anses) dans un rapport publié jeudi.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail recommande à ces professionnels de renforcer « les mesures de prévention du risque chimique, afin de réduire au minimum les expositions à des agents chimiques dangereux ». Elle préconise « la recherche de produits de substitution », une meilleure ventilation (générale et localisée via des tables aspirantes) et le « port d’équipements de protection individuelle adaptés » (gants, masques).

Réalisés par des prothésistes ongulaires et des esthéticiennes, ces soins connaissent un essor spectaculaire ces dernières années: pose de vernis classique ou semi-permanent, manucure, pose de faux ongles (avec des gels ou des résines) et techniques de décoration (« nail art »). Selon l’enquête des experts de l’Anses, « 696 substances ont été identifiées dans la composition des produits utilisés ou dans les atmosphères de travail ». Parmi elles, « 60 ont été jugées très préoccupantes » et « figurent dans la classe de danger la plus élevée » (classées cancérogènes, mutagènes et toxique pour la reproduction ou inscrites sur une liste de perturbateurs endocriniens potentiels). Quatre-vingt-dix autres sont jugées « préoccupantes ». Au premier rang des accusés, la famille des (méth)acrylates, substances utilisées dans les produits de façonnage des ongles artificiels (gel, résine). Potentiellement « irritants, sensibilisants et neurotoxiques », ces composés sont « majoritairement responsables » des allergies cutanées observées chez certains professionnels et « peuvent également être mis en cause dans certains problèmes respiratoires », comme l’asthme.

Le rapport recommande « de supprimer rapidement l’usage de monomères (méth)acryliques polymérisables ». Les professionnels du secteur sont en outre exposés à des particules venant du ponçage de l’ongle et des résines.

Les risques potentiels liés à leur inhalation sont mal connus et « il apparaît nécessaire d’améliorer les connaissances » en la matière, juge l’Anses. Elle préconise également « de rendre obligatoire une formation diplômante harmonisée », comprenant « un module sur la prévention des risques et les bonnes pratiques de travail ». Au 30 janvier 2015, le nombre de prothésistes ongulaires se montait à environ 4.700. Toutefois, « il est difficile d’estimer exactement le nombre de professionnels en exercice, cette activité étant en forte croissance », note l’Anses.

Ces professionnels, qui exercent dans des salons ou à domicile, sont majoritairement des femmes de 18 à 35 ans. Nombre d’entre elles sont d’origine chinoise: lors de leurs visites de terrain, les experts de l’Anses ont rencontré des professionnelles « maîtrisant parfois mal la langue française », ce qui peut « nuire à la compréhension des messages de prévention ». Dans de précédents avis axés sur les consommateurs, les autorités sanitaires avaient relevé que la pose d’ongles artificiels n’était pas dénuée de risques (allergies, infections…) et qu’il fallait qu’elle s’accompagne de précautions.

Source: AFP

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