[Exclusif] Nasser Al-Khelaïfi mis en examen pour avoir « validé » un versement de 3,5 millions de dollars en faveur de Lamine Diack

Le président du PSG est mis en examen pour corruption par le juge Van Ruymbeke qui le soupçonne d’avoir voulu « acheter » les Mondiaux d’athlétisme 2017. Des accusations qui « ne reposent sur rien » selon l’avocat de Nasser Al-Khelaïfi.

C’est décidément la saison la plus noire de Nasser Al-Khelaïfi depuis sa prise de fonction en 2011. Le président du PSG a été récemment mis en examen par Renaud Van Ruymbeke pour corruption active. Le juge d’instruction au pôle financier du tribunal de Paris le soupçonne d’avoir « validé » un versement de 3,5 millions de dollars (3,1 M€) en faveur de Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), afin de faciliter l’obtention des Mondiaux d’athlétisme à Doha en 2017. « Des affirmations totalement inexactes », selon Francis Szpiner, l’avocat de Nasser Al-Khelaïfi.

Ce dernier s’était volontairement présenté devant le juge le 20 mars dernier et était ressorti sous le statut de témoin assisté dans le cadre de cette affaire qui concerne une société qatarienne fondée et dirigée par son frère Khaled (ORYX QSI) et une société sénégalaise (Pamodzi Sports consulting) appartenant à Papa Massata Diack, fils de Lamine Diack.

En enquêtant sur le dopage des athlètes russes et ses ramifications financières, Renaud Van Ruymbeke a découvert deux virements d’un montant total de 3,5 millions de dollars effectués fin 2011 par Oryx au profit de Pamodzi.

Selon le juge d’instruction, qui prendra sa retraite le 30 juin, ces virements devaient faciliter l’attribution des Championnats du monde d’athlétisme 2017 à Doha. Finalement, par une large majorité (16 voix contre 10), l’IAAF a confié l’organisation à Londres, la capitale qatarienne devant patienter deux ans de plus.

« Rien ne tient la route dans ce dossier »

« Le nom de Nasser Al-Khelaïfi n’apparaît sur aucun document du dossier, souligne Francis Szpiner. Ces incriminations ne reposent sur aucun élément de preuve tangible ». Selon l’avocat, l’affaire part d’un malentendu. « Il faut savoir que l’audition initiale de Nasser Al-Khelaïfi n’a eu pour origine qu’une confusion regrettable opérée par le magistrat instructeur qui a confondu Oryx QSI, une société purement privée dirigée par son frère, avec QSI un fonds souverain qatarien dont Nasser Al-Khelaïfi est président ! ».

Francis Szpiner estime que « rien ne tient la route dans ce dossier » où se succèdent, selon lui, de très nombreuses approximations. Au moment des faits, en 2011, Nasser Al-Khelaïfi n’avait par exemple aucun lien avec Oryx QSI, société dont il sera actionnaire entre 2013 et 2016. « Nasser Al-Khelaïfi n’a jamais été opérationnellement impliqué dans la candidature de la ville de Doha pour les Championnats du monde d’athlétisme » assure l’avocat. « Sur la période concernée, il n’est ni actionnaire, ni dirigeant d’ORYX et ne peut donc nullement être impliqué dans la relation commerciale entre ces deux sociétés exclusivement privées que sont Oryx et Pamodzi », soutient encore Me Szpiner.

Ce dernier assure par ailleurs que les fonds que le juge considère comme suspects sont parfaitement tracés. Pamodzi était en effet mandatée par la société japonaise DENTSU pour gérer les droits marketing de l’IAAF dans les pays dits émergents. Sur les 3,5 M$ relatifs notamment aux droits de retransmission télévisés et de sponsoring au titre des Championnats du monde d’athlétisme, qui intéressent le juge, 1,9 M$ ont été immédiatement reversés à Dentsu et 1,3 M$ à l’IAAF. Les 300 000 euros restant faisant office de commission pour la société de Papa Massata Diack. Il est à noter que la société Dentsu n’a, à ce jour, pas été entendue par le juge.

L’avocat de Nasser Al Khelaifi estime aussi que « puisqu’il n’existe aucun lien de rattachement entre les faits en question et le territoire français, aucun élément ne vient justifier la compétence de la loi française ou des juridictions françaises sur de prétendues infractions de surcroît prescrites ! ».

C’est la deuxième fois que Nasser Al-Khelaïfi est mêlé à une affaire de corruption

Dans cette affaire, Yousef Al-Obaidly, directeur commercial d’Al Jazeera Sports en 2011, a également été mis en examen pour corruption, comme révélé par Le Monde le 21 mai. L’actuel patron de BeIN Group, également membre du conseil d’administration du PSG, fait partie du premier cercle de Nasser Al-Khelaïfi. Il aurait facilité la mise en relation entre Oryx et Pamodzi.

À la demande de Nasser Al-Khelaïfi, Renaud Van Ruymbeke devait également entendre son frère Khalid (président d’Oryx QSI). Celui-ci étant domicilié à Doha, la procédure de convocation s’avérait assez longue. Le juge a sans doute préféré gagner du temps en mettant directement en examen Nasser Al-Khelaïfi alors pourtant qu’aucun fait nouveau n’a nourri le dossier depuis l’audition du président du PSG.

C’est la deuxième fois que Nasser Al-Khelaïfi est mêlé à une affaire de corruption. En 2017, la justice suisse a ouvert une procédure pénale (toujours en cours) contre lui et Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la Fifa, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution à BeIN Media des droits de diffusion des Coupes du monde 2026 et 2030 sur la zone asiatique.

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