États-Unis : Le vrai coût du mur avec le Mexique

Un projet “irréaliste”, “démagogique”, chargé de “sous-entendus racistes”, “inutile”. Les médias de Californie, du Texas ou de l’Arizona ne sont pas tendres avec la construction du mur frontalier décrétée par le président Trump.

“San Francisco va commencer à sentir tout le poids de la présidence Trump”, note le San Francisco Chronicle dans son éditorial du jour.

Le nouveau président a en effet “décidé de suivre son obsession chargée de sous-entendus racistes avec l’immigration clandestine en dépensant des milliards de dollars pour construire un mur à la frontière avec le Mexique et en s’en prenant aux villes sanctuaires qui protègent les clandestins”.

Or San Francisco fait partie des “centaines de villes sanctuaires à travers le pays”, rappelle le quotidien californien, qui estime que les décrets pris par le président ne sont ni plus ni moins qu’une “décision démagogique” et une sorte de “vengeance contre les États qui n’ont pas voté pour Trump”.

Avec ce mur, Trump “initie un projet qui n’aura pas les résultats escomptés”, souligne le journal, et “il continue de dire que le Mexique va payer la facture, alors que les dirigeants mexicains ont martelé qu’ils ne le feront pas”.

Et le San Francisco Chronicle de conclure que face à Trump “les villes sanctuaires doivent tenir bon, c’est une question à la fois d’humanité et de sécurité publique”.

L’une des “pires idées de Trump”

Pour le Los Angeles Times, le décret ordonnant de commencer la construction du mur est l’une des “pires idées de Trump”.

Le quotidien de la cité des Anges souligne que “le coût de 8 milliards de dollars avancé par Trump est irréaliste”, et cite de son côté des estimations chiffrées à 38 milliards de dollars.

Le Los Angeles Times souligne également que le fait de vouloir faire payer le prix de la construction au Mexique est “vain et inhumain” et que l’immigration en provenance du Mexique “a baissé depuis la récession de 2008, de même que les passages de clandestins à la frontière”.

Pour le plus grand quotidien de la côte Ouest, les décrets pris par Trump sont des “étapes draconiennes qui vont transformer la frontière en forteresse, déchirer des familles et des communautés entières et affecter des pans entiers de l’économie qui dépendent du travail clandestin”. De surcroît, elles “n’auront que peu d’effet sur l’amélioration de la sécurité du pays, le soi-disant objectif de Trump”.

“Nous n’avons pas besoin du mur”

L’Arizona Daily Star a lui décidé de ressortir en une de son site une enquête datée de juillet 2016 intitulée “Nous n’avons pas besoin de la grande muraille de Trump”.

Dans cette enquête, le quotidien de l’Arizona souligne qu’à la frontière, côté américain,

« personne ne pense qu’un mur puisse être la solution. Les gens pensent certes qu’il faut des barrières, mais adaptées au contexte local, et des agents supplémentaires, ainsi que davantage de technologies de surveillance… Mais surtout de nouvelles mesures pour que les migrants puissent entrer légalement sur le territoire américain et y travailler.”
Côté texan, enfin, une chronique publiée dans le Dallas Morning News, souligne que, décret ou pas, “la construction du mur est irréaliste”.

Dans cette chronique, l’universitaire Mark P. Jones note en premier lieu que la construction d’un tel mur ne peut se faire qu’avec l’accord du Congrès, or “la réaction des élus du Capitole de Washington risque fort de manquer d’enthousiasme une fois qu’ils seront confrontés à la dépense de plusieurs milliards de dollars que cela représente”.

Qui plus est, si les propositions de Trump “d’augmenter le nombre d’agents frontaliers et plus généralement de rendre la zone frontalière plus sûre sont en phase avec les opinions des élus républicains du Texas, depuis le gouverneur de l’État jusqu’aux membres de l’assemblée locale”, ceux-ci sont cependant plus réticents à l’idée de la construction d’un mur en dur “en raison de l’impact négatif qu’une telle construction pourrait avoir sur les relations bilatérales avec le Mexique et sur le commerce transfrontalier”.

Et l’expert de rappeler en guise de conclusion qu’aucun autre État “ne bénéficie plus du commerce, des investissements et des voyages transfrontaliers entre les États-Unis et le Mexique que le Texas”.

 

Avec courrierinternational.com

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