« En parlant du cas Mbathio, il faut se poser la question de savoir comment certains font pour se payer des appartements luxueux, voiture de rêves, des voyages fréquents (…) »

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Guissé Pène: « En parlant du cas Mbathio, il faut se poser la question de savoir comment certains font pour se payer des appartements luxueux, voiture de rêves, des voyages fréquents (…) »

Dans cette interview exclusive, le Secrétaire Général de l’Association des Métiers de la Musique (AMS) évoque ce qu’il est convenu d’appeler le « cas Mbathio » qui occupe les débats dans les salons, cadres huppés, monde du show-biz etc…
Sans faux-fuyant, Guissé Pène, vieux briscard ayant blanchi sous le harnais dans l’univers du ferment de la vie (la culture) assène, sans ménagement, ses quatre vérités. Interview!

Dakarposte: En tant qu’acteur culturel, connu et reconnu dans le monde du show-biz, que vous inspire ce qu’on peut appeler le scandale Mbathio Ndiaye, allusion faite aux images nues de la danseuse qui affolent la toile?

Guissé Pène: Comme tout sénégalais d’abord je suis choqué parce que constatant une dégradation des valeurs dans mon pays dont l’histoire nous renvoie toujours aux grands érudits, à l’Islam, au « fouleu, ngor et jom ». Je suis outré, indigné, révulsé parce que cet écart de conduite se passe dans le milieu où j’évolue. Je trouve en tant qu’acteur culturel que si ce sont par ces actes que nous devrions nous ouvrir pour vendre notre culture, il va falloir remplacer les lieux de spectacle et les structures culturelles par des maisons closes. Dans la tradition familiale ancienne, la virginité était une valeur préservée avec honneur et fierté. En conséquence, toute déviance était punie sévèrement, et les premières filles-mères étaient bannies de la société. Aujourd’hui avoir un enfant hors mariage est devenu une banalité et même un challenge, on entend même de vieilles filles dire:  » je vais me faire un enfant parce que je commence à prendre de l’âge  »
! Tout ceci montre combien le libertinage est exacerbé et assumée par cette génération sous le prétexte d’une affirmation de leur émancipation. Malheureusement, la société sénégalaise semble avoir démissionné dans la lutte contre la dépravation des mœurs.

Dakarposte: Aussi bizarre que cela puisse paraitre, il y’a un an, la même Mbathio était éclaboussée par une même affaire de sexe. D’aucuns lui collent tous les pêchés d’Israël soutenant qu’elle est coutumière des faits, d’autres c’est à dire ses proches jurent la main sur le cœur qu’il y aurait une main derrière ce qu’ils appellent une cabale contre Mbathio…

Guissé Pène: Je ne parlerai seulement de Mbathio puisqu’on a connu de précédentes « affaires » plus que rocambolesques dans le milieu de la culture mais puisque le sénégalais ne vit que le scandale présent, il oublie souvent le passé. Ces affaires n’ont jamais fait que desservir l’acteur, sa famille et sa société. Certains acteurs très limités dans leur domaine font tout pour exister et c’est ainsi qu’est né le mot Buzz. On ne trouvera jamais un acteur accompli dans ces sortes d’actes ou scandales. Aussi il est important de réfléchir sur qui doit faire le buzz.
Malheureusement avec Internet et la prolifération des sites, tout est permis et mis à nu. Être coutumier de ces faits est tout simplement un signe éhonté de débauche : il est courant de voir une fille vivant seule dans un appartement sans activités et qui nourrit sa famille au vu et au su de tous, sans que sa propre famille entretenue par ses soins ne se pose question. Quelle réaction devrions-nous avoir par rapport à cet état de fait ? L’individualisme érigée désormais en règle de vie commune nous oblige à ne nous occuper que de notre affaire. Les parents discutaient de tout autour du penc mais qui ose aujourd’hui?

Dakarposte: Au delà du cas Mbathio, il semble qu’aujourd’hui pour réussir dans le monde du show-biz ou se faire remarquer (c’est selon, car ça dépend de la connotation que vous accordez au mot réussir) il faut être à poil ! Exactement, il faut avoir le moins de fringues possibles pour avoir le plus de sex-appeal. Qu’en pensez-vous?

Guissé Pène: Il est indéniable que le monde de la culture est un monde d’extravagance mais ce n’est pas le cas au Sénégal, l’acteur culturel est le stabilisateur, le baromètre, la bibliothèque de notre société, il n’a pas besoin de se faire remarquer mais d’être utile, son comportement doit être irréprochable et convainquant. Ceux qui pensent qu’il faut être à poil vivent peut être dans un autre monde.

Dakarposte: Vous conviendrez avec moi que de nos jours cependant, avec le développement fulgurant des nouvelles technologies de communication, les enfants y sont confrontés de plus en plus tôt et de façon très crue (photos trash de mise en scènes érotiques, pornographie, etc). Le sexe ce n’est plus que pour les  » grands ». N’est ce pas?

Je suis d’accord avec vous. Cela dit, le show biz n’a pas le monopole du gain facile, c’est dans tous les secteurs. Et il reste la pratique des médiocres, quand on veut vivre et exister sans aucune proposition ni capacité on est obligé de passer par des pratiques pas correctes. Tout est lié à la nature de l’individu, c’est regrettable que le milieu de spectacle spécialement la musique et la danse qui soit le plus visé aussi il est important pour les acteurs culturels d’assainir le milieu et d’en extraire tout ceux qui peuvent leur nuire

Dakarposte: Il nous revient que le mode et train de vie notamment des danseuses, chanteuses, bref de la nouvelle génération de divas dépasse de loin ce qu’elles gagnent par un simple entrechat, quand on sait les petits cachets qu’elles reçoivent lors de leur prestation. Ce qui amène à se poser des questions quand à l’origine de l’argent qui fait d’elles des reines de la sape, propriétaires de voitures de luxe , voyages , nuitées dans des suites et acquéreuses d’appartements. Pour beaucoup de personnes squattant le monde de la nuit, nombre d’entre elles font dans le « Mbaraan » pour ne pas dire la prostitution et seraient entretenues par des personnalités qui ne demandent que ça …

Guissé Pène:La question à se poser est qu’est ce qu’on propose pour être à ce standing de vie de luxe ? Dans un pays où la pauvreté côtoie le manque d’aptitude comment peut-on se payer des appartements luxueux, voiture de rêves, des voyages fréquents etc sans ressources? Là il y a problème et ton environnement se plait à t’enduire la pommade pour les miettes qu’elle reçoit de toi. Ça veut dire qu’il ya une nébuleuse qui ne dit pas son nom. Ici comme on dit « on se sait, on se connaît » mais ce ne sera pas dans l’indifférence que l’on résoudra ce fléau qui touche surtout les femmes. La femme est la société, elle n’a pas le droit de faillir, elle se doit vertueuse et se savoir mère pour ainsi préserver la dignité et l’honneur de ses futurs enfants. Le mbaraane n’ouvre que des voies de déperdition c’est pourquoi la prostitution, le lesbianisme, l’homosexualité et autres malheurs touchent les pays pauvres à une vitesse vertigineuse sans que l’on en parle. Ce silence coupable conduit directement à l’hypothèque de toute la génération dans une hypocrisie collective.

Dakarposte: Que préconisez-vous pour juguler tout cela?

Guissé Pène: Ce pays nous appartient et nous nous devons de revenir à nos valeurs et à notre éthique propre. Je comprends le silence des autorités coutumières et religieuses face à toutes ces dérives qui touchent le pays. Nous sommes tous parents et nous partageons la même culture, nous n’avons pas le droit de laisser pour héritage à nos enfants des pratiques et des vices qui ne répondent pas de l’honneur. Nous devons leur transmettre en héritage des vertus qui leurs permettront de savoir qui ils sont, comment ils doivent être et qu’est ce qu’ils doivent devenir. Il faut que les autorités judiciaires, étatiques aussi jouent leurs partitions car c’est d’eux que découle la sécurité et la sûreté du peuple.

Mamadou Ndiaye

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