Edito – Présidence de la rue : Sonko sur les traces de Wade…

Ousmane Sonko
Ousmane Sonko

Hier, la capitale dakaroise a connu une journée mouvementée avec des manifestations dans tous les coins de rue. A l’origine le mécontentement des partisans de Sonko qui ont laissé éclater leur colère.

La rue semble avoir désormais un maître. Il s’agit d’Ousmane Sonko. Ayant refusé de déférer à la convocation de la gendarmerie arguant qu’il était parlementaire et qu’on devrait lever son immunité parlementaire. Ses partisans ne se sont pas fait prier pour manifester en brûlant des pneus et en affrontant les forces de l’ordre. Les grenades lacrymogènes ont tonné bruyamment. Les contestataires ont même brûlé des maisons appartenant à des dignitaires des régimes. Ce fut une capitale sens dessus sens dessous.

L’histoire se répète

Cet imbroglio indescriptible rappelle à bien des égards les manifestations des années 88 où Wade était en plein dans l’opposition. Les libéraux rendaient le pays ingouvernable. Les partisans de Sonko ont montré hier qu’ils sont prêts à tout pour protéger leur mentor qui selon  eux est persécuté par le régime en place. L’histoire semble se répéter avec des acteurs différents. Aujourd’hui, ce n’est pas Diouf contre Wade mais Macky contre Sonko. Ce dernier est sur les traces du « Pape du Sopi » qui incarnait à l’époque l’opposition radicale. Ce qui au début paraissait comme un fait divers banal a fini de se révéler comme une affaire d’Etat. Avec l’occupation de la rue par ses militants et ses sympathisants, le leader des Patriotes file droit vers la « Présidence de la Rue », une station pas du tout aisée qui nécessite sacrifice et don de soi. Les autorités actuelles auront à réfléchir à deux fois pour s’attaquer encore au candidat classé troisième à la présidentielle de 2019.

Par la même occasion, Sonko a rappelé à l’Etat à respecter la loi.

Levée de l’immunité parlementaire de Sonko: Il fallait commencer par là

La loi stipule : «Le député est couvert par l’immunité, à compter du début de son mandat qui prend effet dès la proclamation des résultats de l’élection législative par le Conseil constitutionnel. Aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté, en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation de l’Assemblée». Donc, tout ce qui s’est fait avant cette procédure est dans l’illégalité.

L’illégalité…

Selon l’ancien député Moustapha Diakhaté, «la respectabilité de la deuxième institution de la République vient d’être, encore une fois, bafouée par des hommes de Lois en convoquant un député, hors flagrance, sans l’autorisation de l’Assemblée nationale, estime l’ancien ministre-conseiller». D’après lui, «en ce qui concerne l’immunité parlementaire, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose en son Article 51 : « Le député est couvert par l’immunité, à compter du début de son mandat qui prend effet dès la proclamation des résultats de l’élection législative par le Conseil constitutionnel. Aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté, en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation de l’Assemblée.»

Macky doit faire annuler cette illégale convocation…

Selon Moustapha Diakhaté, le président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions et Chef suprême des forces de défense de sécurité, doit faire annuler cette illégale convocation. Pour ce qui le concerne, le Président de l’institution parlementaire doit aussi exiger des autorités judiciaires et des forces de défense et de sécurité le respect de l’Assemblée nationale et de son règlement intérieur qui est une Loi de la République. A l’en croire, ces fréquentes violations de l’Assemblée nationale n’honorent pas la République. Elles doivent cesser.

En ces moments d’épreuve, Sonko doit certainement se rappeler les propos de Wade qui lui donnait des Conseils.

Les Conseils de Wade à Sonko

On se souvient des propos de Wade à l’endroit d’Ousmane Sonko. Ce dernier avait rendu visite au Pape du Sopi »  qui lui a prodigué des conseils ? Ainsi disait le père de Karim Wade : «  quand je te vois, cela me rappelle mes années de jeunesse. Tu incarnes un espoir sûr mais il faut faire très attention avec les gens du régime que tu combats. Tu risques ta vie et la prison n’en parlons pas ».

En tout état de cause,  « c’est une marque de grandeur d’âme et d’ouverture d’esprit que d’avoir du respect pour ses adversaires : sans fair-play la politique est pire que la guerre », pour emprunter les écrits du Professeur Alassane Kitane.

MR

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