Le secrétaire général du Parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng, et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention, ont échangé des propos par personne interposée. L’émissaire, un homme influent, proche des deux, a transmis fidèlement les paroles de l’un à l’autre.
Tout commence le 2 septembre 2017, au stade Léopold Sédar Senghor, en marge du match Sénégal-Burkina Faso comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde Russie 2018. Fan de football, fidèle supporter des Lions, Tanor est présent, confortablement installé à la tribune présidentielle. Celui qui deviendra émissaire malgré lui l’approche, lui reproche frontalement d’avoir lâché Khalifa Sall, lui objecte qu’il doit renouer le contact avec ce dernier et chercher à le tirer de la prison. Une discussion franche s’engage, au bout duquel Tanor concède à son interlocuteur: « Comme tu es son ami, je vais te donner un message pour lui. Ce dont je le prévenais est arrivé. Dis-lui de cesser son entêtement et de rentrer dans les rangs du PS et de Benno Bokk Yaakaar. Après quoi je vais m’investir pour qu’il recouvre la liberté. » Influent, l’émissaire a pu, dès le lendemain, rencontrer Khalifa Sall dans la salle de la prison de Rebeuss réservée aux entretiens entre les détenus et leurs avocats. Il lui a transmis le message. Réponse courroucée du maire de Dakar: « On me met en prison et me demande de rentrer dans les rangs… C’est une blague ? J’ai perdu ma liberté mais je garderai ma dignité. Il connaît bien la caisse d’avance. S’il ne peut pas dire honnêtement ce qu’il en sait, il n’a qu’à me laisser entre les mains de Dieu. » Sous son ton calme, pareille réponse est violente par ses non-dits. Nul doute que l’intermédiaire, un homme libre qui s’est fait tout seul, l’a transmise authentiquement à Tanor.