De 2012 à 2017, des commissariats de police et des brigades de gendarmerie ont été implantés à volonté dans plusieurs zones criminogènes à Dakar et dans les régions. Malgré tout, l’insécurité perdure.
Ennemi public n°1, la délinquance continue d’étaler ses tentacules, jusqu’aux confins du pays. De quoi s’interroger sur la politique sécuritaire de l’Etat.
Dans le chapitre sécurité de sa Déclaration de politique générale (Dpg), le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, a annoncé, pour 2018, la construction de 15 nouveaux commissariats de police à Dakar et dans les régions et 22 postes frontaliers. Il a aussi annoncé 10 brigades de Gendarmerie et 20 nouvelles casernes de sapeurs-pompiers réparties dans onze départements. Une promesse qui vient à son heure puisque au moment où plusieurs zones en rase campagne sont dépourvues de compagnie de secours, faisant que la lenteur dans les interventions (accidents, incendies) cause des ravages. Mais il convient de relever un paradoxe : au moment où plusieurs localités sont dépourvues de police de proximité, d’autres zones connaissent la présence aussi bien de la Police que de la Gendarmerie. C’est le cas à Dakar-ville où opèrent, en même temps, le commissariat du Plateau et la brigade de Thiong. Le même constat est fait à Tivaouane où une nouvelle brigade a été inaugurée lors du Maouloud 2017, alors que le Commissariat de Tivaouane opère dans la cité religieuse.
Et les populations ont soif de sécurité. Toutes les politiques de sécurité mises en place n’ont pas permis d’enrayer la criminalité. Malgré la généralisation des caméras de surveillance, l’érection de commissariats et de brigades, l’augmentation des effectifs des forces de défense et de sécurité, Dakar est souvent estampillée «capitale du crime». Des militaires libérés se reconvertissent dans le banditisme, parce que l’Armée ne leur a pas assuré une politique de réinsertion et ils viennent grossir le rang des délinquants.
Ceux qui ont l’habitude de fréquenter les audiences de la Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) ne diront pas le contraire car le dernier procès impliquant un militaire libéré remonte à mardi dernier, avec l’affaire Abdoulaye Sidibé alias Ablaye Cissé, détenu depuis 5 ans pour meurtre commis à Grand-Yoff. La soif de sécurité frappe de plein fouet les populations de Colobane, Grand-Yoff, Parcelles-assainies, Technopole, Bountou Pikine, secteur des filaos de Guédiawaye, Thiaroye, route de Boune, Malika, Diamaguene Sicap-Mbao et environs.
Lansar se distingue par un trafic de drogue incessant et ses cas d’agressions en série qui hantent le sommeil de ses citoyens. Classée dans les zones criminogènes, la forêt classée de Keur Massar est le lieu où l’on jette le corps de ces personnes assassinées. C’est aussi le lieu où des filles sont violées à tour de bras. Le secteur de Grand-Dakar, avec l’implantation d’un poste de police depuis 2001, la délinquance s’est certes déplacée, mais cette zone continue d’être un lieu où la circulation de la drogue fait florès. Nous en voulons pour preuve la récente sortie de ses habitants qui dénonçaient une «passivité suspecte des autorités policières». Les alentours du stade de Thiaroye et du site de Technopole continuent d’être le lit d’agressions en série et de cas de meurtre, sous le regard impuissant des riverains. Circuler librement et rentrer chez soi sain et sauf devient quasi impossible, notamment au quartier Dalifort, dans le secteur de la Sogas (ex-Seras). Cette zone de Dakar est estampillée «triangle de la délinquance» ou «épicentre de la criminalité»
Et que dire de ces no man’s land (zones de non droit) où la police n’explore que rarement, sinon jamais ? La politique sécuritaire basée sur l’érection de commissariats ou de brigades n’a-t-elle pas démontré ses limites objectives.