Et bis repetita…le Dialogue national (DN) est bien parti pour être un franc succès. Mais d’ores et déjà, le DN inspire une autre lecture : un référendum bis, un référendum en miniature confiné entre les murs lambris du Palais de la République. En effet, en moins de trois mois, le Président Macky Sall a réussi un coup de force politique, celui de rassembler l’essentiel des forces vives de la nation. Un précédent historique, un fait inédit dans les annales politiques du Sénégal. En fait, un DN digne de ce nom est mis sur les fonts baptismaux – un bébé est né et institutionnalisé- : le 28 mai est désormais inscrit en lettres d’or dans l’agenda national. C’est une autre victoire du Président Sall face aux non alignés. Mais qui sont les protagonistes du DN ?
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Les non alignés
Les non alignés sont les perdants incontestablement. Ils n’ont pas su décrypter le message du Président de la République. En effet, les Cassandres de la politique n’ont pas pris le sens de la mesure critique des résultats et de la sanction sortis des urnes lors du référendum dernier. Or, l’opposition doit faire montre de plus de réalisme politique ; elle se doit d’être plus responsable, plus inspirée dans ses décisions ou actes. Elle se doit également d’assurer la permanence de sa présence aux rendez vous historique. Elle ne doit pas être obsédée par un hypothétique retour aux affaires presto illico. Donc une opposition plus consciencieuse, plus patriotique, plus visionnaire.
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Les alignés
Sans conteste, les alignés (le parti présidentiel et BBY) tireront les marrons du feu. Ils se frottent déjà allègrement les mains. L’opportunité est belle pour grappiller des points soit dans les marges et plates bandes vides ou vidées des pourfendeurs du DN soit mettre dans (leur) escarcelle sympathisants ou hésitants (ô combien ils sont nombreux ). Sans oublier ceux que les mauvaises langues affublent du nom de « transhumants » ou « politiciens honteux. » Autre perspective alléchante : les partisans du DN tireront profit de la scission béante au sein du PDS (à l’instar du PS lors du référendum de 20 mars) une belle offrande ?
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Sens et portée du DN
La déclinaison du DN doit s’inscrire évidemment dans la dynamique de concertations annoncées auparavant par le chef de l’Etat au lendemain du référendum du 20 mars. Effectivement, le DN est une opportunité heureuse de recentrer une fois pour toute la normalité de dialogue comme principe intangible et prérogative régalienne. Il doit être une règle d’or. D’ailleurs, le Président a pris l’excellente mesure l’instituant comme principe sacro-saint.
Oui, pour un DN (parti pour faire date dans l’histoire nationale) national inclusif, total, pertinent, utile, mais aussi généreux dans les attendus et pratiques majeurs. Un DN de convergences, de consensus forts et durables passant au crible de la raison (et du raisonnable) tous les faits de société, toutes les problématiques auxquels le peuple fait face.
Un DN code de stabilité qui transcende les clivages ou divergences partisans. Par exemple l’école, la santé, la paix en Casamance, l’anticipation sur les goulots d’étranglement qui naitraient de l’exploitation du pétrole ou du gaz… Un DN symbole de disso national tous azimuts. Un moment historique générateur de capital humain à mieux d’assurer la relève (les jeunes), de satisfaire les attentes du citoyen lambda. Un DN synonyme de production de l’essentiel qui nous échappait. Donc une reconstruction dans le sens de l’acte politique majeur et le sens de la vie harmonieuse. Une action symbolique de noblesse, de grandeur. En un mot, une sorte de prime à la démocratie un hymne à la liberté.
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Les échéances futures
Les législatives de 2017, imminentes, seront un test grandeur nature. Sans aucun doute, elles corroboreront l’adhésion du peuple souverain aux idéaux et réalisations palpables de son excellence le Président M. Sall. En dépit des cris d’orfraie et discours amers d’une frange de l’opposition, le chef de l’Etat sera mieux renforcé, ragaillardi et blindé (et forgé) pour anticiper victorieusement sur la présidentielle de 2019. A coup sûr, le Président Sall va réaliser la passe de quatre : Présidentielle 2012, référendum 2016, législatives 2017 et Présidentielle 2019. Qui dit mieux ?
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La crise scolaire : Une sortie honorable
Je ne saurai terminer sans un mot sur la crise de l’école. La rétention de notes n’honore pas l’enseignant ; elle n’est pas l’arme fatale pour contraindre le gouvernement à satisfaire (leur) plateforme revendicative. Au demeurant, c’est une bataille perdue d’avance, du moins pour cette année académique quasi bouclée. Cependant, il faut sauver « les soldats de l’école » à sortir dignement de cette impasse, posture on ne peut plus inconfortable. Dieu merci : le SG de And /Jeef, en l’occurrence Landing Savané se propose à rencontrer les grévistes avec l’onction du chef de l’Etat.
Et après ? Le Président Sall est « le fils spirituel » du Président Wade. Il réalisera son rêve : faire des libéraux les maîtres et possesseurs de la scène politique pendant cinquante ans voire plus. Mais d’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Wait and see.
Mais que l’on ne se trompe pas : un DN doit être perçu comme un modus vivendi et operandi, mieux dit une dynamique s’inscrivant dans la continuité et la durée. Un long processus transcendant (mouvements, alliances, formations politiques ou autres bannières) qui se veut l’expression achevée d’une volonté nationale.
Aly Niang Responsable APR à Rufisque