Dialogue avorté « au-dessus du peuple » entre Wade et Macky : « l’hélicoptère » descend de loin

Dialogue avorté « au-dessus du peuple » entre Wade et Macky : « l’hélicoptère » descend de loin

« Senghor et moi, on dialoguait au-dessus du peuple », telle est la phrase prononcée par Me Abdoulaye Wade, un jour de mai 2006, alors qu’il recevait le Prix Houphouët-Boigny pour la Paix. Ces mots du pape du Sopi, réputé rusé, trahissent la capacité manœuvrière de nos hommes politiques qui sont prompts à s’embraser le matin pour s’embrasser le soir, dans le secret que garantit les mutiques ténèbres. 
En effet, depuis que Macky Sall a lancé un appel à ses ex-frères libéraux à l’occasion d’une cérémonie de présentation de condoléances au domicile de Oumou Salamata Tall, le Parti démocratique sénégalais et l’Alliance pour la République ont nié l’existence d’une quelconque entente sur le dos du peuple. La dernière actualité révèle le contraire et confirme Jean Paul Dias ; qui a récemment accusé le leader du Pds d’être dépositaire d’un agenda caché au reste de l’opposition, malgré les dénégations de Me Madické Niang.
En clair, comment le pouvoir peut-il, ainsi que nous l’apprend une certaine presse, revenir sur sa décision de mettre un hélicoptère à la disposition de l’ancien président de la République, à qui on a, en temps de paix, restitué des biens saisis suite à l’arrêt de la CREI.
Autre question non moins légitime : pourquoi le Pds, qui a rompu depuis quelque temps, avec une tradition d’opposition radicale ne manquant aucune occurrence de critiquer les actes posés par le gouvernement, change-t-il,  soudainement, de posture en mettant le curseur sur la dette contractée par l’Etat, écartant soigneusement sa responsabilité dans la constitution de ce lourd passif ?
Une chose est sûre : en acceptant de participer au dialogue politique initié en mai 2016 par le chef de l’Etat, préalablement à la libération de Karim Wade le mois suivant, alors qu’une bonne partie de l’opposition significative avait opté pour le boycott, le Parti démocratique sénégalais, auteur jusque-là d’attaques incendiaires contre le « Macky », donna raison à Idrissa Seck, le théoricien incompris, mais bien documenté, du complot international et à Jeune Afrique, qui a apporté des révélations croustillantes sur les « conditions » dans lesquelles le fils de l’ex-chef de l’Etat a été élargi de prison. Le fait même d’admettre, à travers sa terminologie courante, que son candidat désigné à la prochaine présidentielle est « en exil » au Qatar, est un aveu de taille, de la part du Pds.
En réalité, Me Wade, auréolé des performances de sa coalition aux législatives du 30 juillet 2017, là où Benno Bokk Yakaar n’a pu franchir la barre des 50 %, cherche, en se jouant du nouveau rapport des forces, à négocier en position idéale pour rendre effective la candidature de Karim, qui convoiterait, pour ce faire, une amnistie, à la présidentielle de 2019.
Ainsi, on présume que c’est à défaut d’obtenir ce qu’il recherchait que le Président Wade s’est subitement radicalisé au point d’amener Macky Sall à briser le silence dans les colonnes du quotidien L’As, tentant de démentir l’existence de pourparlers entre le Pds et la majorité.
Qu’à cela ne tienne ! Le libéral en chef, qui maitrise la dialectique des situations contradictoires et mouvantes, est en terrain connu dans le rôle du fléau de la balance entre l’opposition réunie, aux dernières législatives, autour Khalifa Sall et Benno Bokk Yakaar, qui engage la bataille de 2019 délestée de son potentiel électoral originel de 2012.
A ce jeu de la barbichette, c’est Macky qui doit surveiller ses arrières, car,  en matière de dialogue, Wade n’a jamais perdu au change : il a négocié avec Senghor pour transformer un « parti de contribution » en « parti de contradiction » en plein monolithisme d’Etat de fait, échangé avec Diouf pour asseoir les conditions de remplacer ce dernier à la tête du Sénégal ; une fois au pouvoir, il a discuté avec Idrissa Seck pour le prendre à revers. S’il dialogue avec Macky Sall, c’est pour le piéger. Et le cas échéant, le faire remplacer par son fils en faisant œuvre de haute politique.

Dakaractu

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