Diafra Sakho«C’est quand je dois venir jouer au Sénégal que j’ai mal au dos»

Il va droit au but. Quand il s’agit de dire ce qu’il pense, Diafra Sakho ne fait pas dans la langue de bois. Dans un entretien exclusif avec la Télévision nationale (RTS1), l’attaquant sénégalais de Bursaspor (Turquie) s’est confié à Pape Birame Bigué Ndiaye. En 25 minutes, Diafra Sakho a dit tout. De son choix de quitter la France jusqu’à sa non-sélection en Equipe nationale en passant par ses souvenirs de la Coupe du monde, l’international sénégalais se lâche…

CHOIX DE QUITTER LA FRANCE POUR LA TURQUIE

«Quand je suis arrivé en janvier 2018, je voulais jouer pour aller à la Coupe du monde. Quand je suis arrivé à Rennes, je me suis rendu compte que jouer en attaque dans ce club n’était pas facile. Puisqu’on utilisait plus le jeu sur les côtés. Nous, les attaquants, nous jouions toujours dos au but. Aujourd’hui, ils m’ont donné raison. Même Mbaye Niang, quand il est arrivé, a eu du mal. Le système de jeu était fait pour jouer sur les côtés. Cela a permis à Ismaïla Sarr de jouer. Après au niveau personnel, je me sentais un peu plus vexé. Parce que j’étais arrivé pour marquer des buts. A la fin de la saison, j’ai dit au président ma volonté d’aller jouer en Turquie. C’est le système de jeu de Rennes qui ne me permettait pas de briller. Après, on a discuté avec le coach et le président qui ont été très gentils avec moi. On a trouvé l’accord. Aujourd’hui, je suis content. Quand je vois qu’Ismaïla Sarr continue à faire le boulot.»

RETOUR EN SELECTION NATIONALE

«J’avais toujours dit à ma famille que j’allais marquer le but qui allait qualifier le Sénégal à la Coupe du monde. J’ai prié Dieu. C’était une motivation. C’était le match pour prouver que j’étais là, même si on savait la pression qui était autour de moi avant le match. Je n’avais joué que 10 minutes avec mon club avant de venir en Equipe nationale. Cela faisait 2 ans que je n’étais pas là. Par rapport au moment où j’ai marqué, je me suis rendu un peu plus compte que j’avais fait un truc que je rêvais de faire. Et cela a aidé. J’ai eu l’une des plus belles images que je vais garder. C’est vraiment exceptionnel.»

COUPE DU MONDE : TENSIONS ENTRE ALIOU CISSE ET CERTAINS JOUEURS

«On a entendu dans la presse, les gens dire que ce n’était pas bien. Il y avait des clans. Moi j’ai toujours gardé une belle image de l’Equipe nationale. Tous les joueurs s’entendaient bien. Il n’y avait pas de problème entre joueurs. Ce qui se passe à l’intérieur du groupe va rester dedans. C’est bien d’avoir des caractères. On ne vient pas en sélection pour se faire des bisous, des amis. On y vient pour gagner une place. Je préfère un joueur qui a du caractère qu’un joueur qui n’en a pas. Si tu dis un truc qui va dans le sens du collectif, il y a toujours des interprétations négatives. Dans les groupes, dès que ça gagne, tout le monde est content. On oublie tous les problèmes qu’il y avaient avant. Jusqu’à la fin de la Coupe du monde, je n’ai pas senti de tension dans la Tanière. C’est sûr que chacun fait son truc de son côté. Sadio Mané a même avoué qu’il ne sera jamais capitaine, si Cheikhou Kouyaté est dans le terrain. Donc, il n’y a pas de polémique. Dans tous les groupes, ça fait parler. Après le match contre le Japon, il n’y a pas eu de doute. Il n’y a pas de clans. Dans toute équipe du monde, il faut qu’il y ait de la communication. Si l’entraineur sent qu’il y a tension, il doit réunir tous les joueurs et discuter avec eux. On n’a jamais eu de discussions avec le coach ou avec quelqu’un du staff avant le match. Ou bien une réunion générale pour discuter. Ce n’est qu’après le match contre le Japon. On est rentré à l’hôtel vers 2 heures du matin, le coach a convoqué une réunion, parce qu’il a senti que c’était un peu tendu. Il a posé des questions pour demander ce qui s’est passé. Mais personne n’a répondu, parce qu’on était fatigué et il fallait dormir.»

SOUVENIRS DE LA COUPE DU MONDE

«Le souvenir que je garde de la Coupe du monde, c’est la qualification. Je voulais juste jouer 15 minutes. Je l’avais dit à Idrissa Gana Gueye que si je joue 15 mn, je marque. J’en étais sûr personnellement. Entre nous les joueurs, on se connait tous. On se regardait toujours dans les yeux. Tout le monde pensait qu’on pouvait me donner ma chance dans les 15 dernières minutes. C’est grâce à Moussa Sow que j’ai pu entrer dans les trois dernières minutes contre la Colombie. C’est lui qui a demandé pour que je rentre. C’est Mame Birame Diouf qui devait rentrer. Il était déjà prêt. J’ai fait des sacrifices juste pour aller à la Coupe du monde. Après aller jouer 3 mn, ça fout les boules. Je n’ai jamais joué avec l’Equipe nationale au Sénégal. C’est quand je dois venir jouer au Sénégal que j’ai mal au dos. Mais quand c’est à l’extérieur tout va bien.»

TENSIONS AVEC OMAR DAF

«Oui, il y a eu des tensions entre Omar Daf et moi, après le match contre le Japon. Et c’était à l’entraînement. On s’entraînait pour jouer. Alors il y a eu des tensions sur un ballon que je devais marquer et que j’ai fait la passe à Pape Alioune Ndiaye et Daf m’a dit que je devais tirer. Moi j’ai dit que j’étais plus dans la possibilité de lui donner le ballon que de tirer. Les gens ont pris cela et en ont fait un débat. Omar Daf est un grand frère, on se parle souvent, quand j’ai un problème je l’appelle.»

NON-SELECTION POUR LES ELIMINATOIRES A LA CAN 2019

«J’ai entendu des gens dire que j’ai des problèmes avec le coach. Aliou Cissé est venu me chercher à West Ham, alors que je n’avais pas joué depuis un an. Quand j’ai commencé à jouer, je n’avais que 10 minutes de jeu. Je suis venu en sélection, j’ai joué, j’ai marqué et tout le monde était content. J’ai entendu à la télé, un journaliste lui demander pourquoi Diafra n’est pas venu en sélection. Mais s’il y a eu un problème entre le coach et moi qu’il m’appelle. C’est mon grand frère. Je n’ai jamais eu de problème avec Aliou Cissé. Mais après une Coupe du monde, quand tu prends ton gardien titulaire, Khadim Ndiaye, qui a été à la Coupe du monde et tu le sors définitivement de l’équipe… Il pouvait le faire venir et le mettre remplaçant. Mais pourquoi, il n’est pas là ? Mame Birame Diouf, l’attaquant qui a joué tous les matchs, est le soldat qui a toujours été là. Pape Alioune Ndiaye a très bien joué contre le Japon. Tous ces gens n’ont pas été appelés. Je n’ai pas leurs numéros pour communiquer avec eux. Il faut que les gens arrêtent de pointer du doigt les joueurs. On est des adultes, des pères de famille. Quand on vient en sélection, ce n’est pas pour chercher de l’argent. On est venu pour défendre les couleurs de l’Equipe nationale. Alors, qu’ils respectent les joueurs, qu’ils disent la vérité de ce qui se passe à l’intérieur. Moi je n’ai pas peur. Je respecte tout le monde, parce que ce sont mes pères. Mais si j’ai un truc à dire, je le dirais. Si on m’appelle en sélection, je viendrais. J’ai mon caractère comme tout le monde et en sélection, je vais mouiller le maillot. Ils ont dit aussi dans la presse que je vais arrêter. Je me suis fait mal au dos au Sénégal. J’ai sacrifié toute ma vie pour jouer en Equipe nationale. Alors, pourquoi je vais dire que je ne vais pas défendre les couleurs de mon équipe nationale ? Ils n’aiment pas le maillot plus que moi. Mais ils doivent dire la vérité aux Sénégalais.»

PARTICIPATION A LA CAN DE 2019

«Il y aura toujours des joueurs qui ont envie de prouver. Pour moi, le plus important aujourd’hui, ce n’est pas juste d’aller gagner les matchs de qualification. Mais c’est de gagner une Can. C’est cela que tout le monde attend. On s’est préparé pendant deux ans. Quand on arrive là, on donne 2000% pour gagner la Can pour que tout le monde soit relax. Je n’ai jamais joué la Can. J’avais dit deux choses au début en 2013. J’avais dit que j’allais marquer le but qui allait faire qualifier le Sénégal à la Coupe du monde. Deuxième chose ; si je vais à la Can, c’est pour gagner la Coupe. Sinon je prie Dieu de ne jamais y aller. Pour dire la vérité, je ne pense pas aller à la Can de 2019. Même à la Coupe du monde, je n’ai jamais pensé que le coach allait m’appeler. Le plus important pour moi aujourd’hui, c’est mon club et ma famille. Si le coach trouve que c’est nécessaire de m’appeler, je viendrais et je vais défendre les couleurs de l’Equipe nationale.»

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