Détournement des milliards de la Goana – L’Ofnac traîne les pieds: Son efficacité à l’épreuve

Détournement des milliards de la Goana – L’Ofnac traîne les pieds: Son efficacité à l’épreuve

Alors que beaucoup doutent encore de son efficacité, l’Ofnac joue sa crédibilité avec la saisine adressée à sa Présidente pour diligenter une enquête sur les fonds de la Goana. Saisie officiellement pour diligenter une enquête après avoir affirmé détenir des documents attestant le détournement des milliards de la Goana (Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance), la Présidente de l’Ofnac semble pourtant traîner les pieds. Or, ses propos sur la nébuleuse autour de la gestion des fonds de la Goana sont sans équivoque. «On met 40% du budget de fonctionnement dans l’éducation et on n’a pas de résultats. L’agriculture aussi. Moi, je sais et j’ai des documents. Si on n’avait pas détourné les milliards que le Président Wade a mis dans la Goana, on aurait atteint l’autosuffisance», avait déclaré la Présidente de l’Ofnac lors d’une rencontre organisée par le Réseau des institutions nationales de lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest.

Cette sortie de Nafi Ngom Keïta avait fait réagir logiquement un administrateur de sociétés qui, à travers une lettre datée du 1er juillet 2015 et révélée en exclusivité dans ces mêmes colonnes, avait invité la présidente de l’Ofnac à éclairer la lanterne des Sunugaaliens sur une affaire aussi grave. D’autant qu’elle affirme détenir les pièces à conviction. Dans sa correspondance avec ampliation aux présidents du Cnp, de la Cnes, de l’Unacois et du Cncr, le pétitionnaire estimait qu’«il fallait un certain courage pour mettre sur la place publique une question aussi importante»,  Il renseignait que «le Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar) prévoit que pour arriver à l’autosuffisance en riz en 2018, il faudra investir environ 74 milliards (…) Si l’argent détourné dans le cadre de la Goana nous a empêchés à ce jour d’être autosuffisants en riz, les détournements dont vous faites état doivent se chiffrer au minimum à des dizaines de milliards».

Sans parler d’autres conséquences qu’il avait aussi évoquées en termes de pertes de plus de 200 000 emplois, de désorganisation de la filière avec la fermeture d’entreprises qui existent depuis plus de soixante ans. D’où «l’intérêt qui doit être porté à la déclaration» de Mme Keïta, soulignait-il, et «le fait que cette affaire ne peut être passée sous silence». Le citoyen en question demandait «qu’une enquête approfondie soit diligentée pour que ceux qui auraient détourné l’argent de la Goana soient identifiés, traduits en justice et punis selon nos lois». Adressée à la présidente de l’Ofnac, il y a plus d’un mois, cette saisine est donc un test à la crédibilité, à l’utilité et à l’efficacité de cette création de SMS qui vient compléter le dispositif des corps de contrôle. D’ailleurs, lors de l’installation de ses membres, il n’avait pas manqué de souligner l’importance qu’il attache à son bon fonctionnement et au traitement diligent et impartial des dossiers qui lui sont soumis.

«A cet effet, j’invite l’Ofnac à s’assurer que toutes les actions et actes de corruption soient traités conformément à la loi sans aucune autre forme de protection. Vous avez les moyens de l’Etat et de la communauté internationale qui s’engage à vous accompagner»,  disait-il alors à l’attention de Nafi Ngom Keïta et de son équipe. Avant de les exhorter à prendre conscience que «la lutte contre la corruption s’appuyait sur une volonté forte de rompre avec l’injustice, de promouvoir les compétences et l’intégrité, de récompenser le mérite et de rendre visible l’utilisation des ressources publiques des populations». D’où l’intérêt de la saisine adressée à l’Ofnac et de la suite qui lui sera réservée. En tout cas, Nafi Ngom Keïta, elle-même, a personnellement toujours refusé de se plier au silence que certains veulent lui imposer.

A ceux qui lui reprochent d’être parfois trop «bavarde», elle a toujours rétorqué qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin de sa mission. «Je dois communiquer pour sensibiliser sur les prérogatives qui sont les nôtres mais aussi et surtout pour éviter la désinformation qu’on peut véhiculer sur l’institution qu’est l’Ofnac», avait-elle indiqué en marge d’un atelier de Planification des actions stratégiques de la structure qu’elle dirige. Or, si comme elle le dit, elle est vraiment attentive à la manière dont les Sunugaaliens perçoivent l’Ofnac, le détournement des milliards de la Goana dont elle affirme détenir les preuves, ne peut et ne doit pas rester sans suite. Et selon qu’elle ira au bout ou non, l’Ofnac sera perçu comme un instrument destiné à combattre réellement la fraude et la corruption ou, au contraire, comme un simple «machin».

Le Populaire

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