Des mauvais conseillers de Macky Sall

macky sallQuand Me Oumar Youm, porte-parole du gouvernement, parle en public, devant des journalistes, traduit-il la pensée du président de la République ou exprime-t-il une opinion dépouillée de toutes les charges liées à ses actuelles fonctions ? Si le ministre des Collectivités locales parlait pour et au nom de Macky Sall, alors c’est grave.

La réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans « n’est pas justifiable », a déclaré dimanche dernier à Fatick le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire. Quelques heures plus tôt, le maire de Matam, Mamadou Mory Diaw, avait appelé à voter « non » au référendum sur la réduction du mandat présidentiel. Ce que mijotent certains cercles de l’Apr ne sent pas bon. Encore une fois, la question se pose : sont-ils des desperados ou des émissaires du chef de l’Etat ? On n’imagine pas un seul instant -on ne saurait l’envisager- la réalisation du scénario qui verrait Macky Sall revenir sur sa volonté de réduire son mandat de deux ans et ne pas tenir la présidentielle en 2017.

Les arguments de ceux qui veulent que le président de la République se dédise, qu’il fasse du « wax waxeet » comme Me Wade, avec tout ce que cela a causé comme dégâts, tiennent en ce qui suit.

Me Oumar Youm : « Il faut qu’on pose le débat de la réduction du mandat au sein du parti (Alliance pour la République). Nous pensons que sur le plan économique, politique, constitutionnel, ce n’est pas justifiable. A part la valeur démocratique en termes de symbolisme, je ne vois pas ce que la réduction du mandat peut apporter au Sénégal, aux Sénégalais. Ce qui est exceptionnel doit mériter notre attention et notre regard. Aucun chef d’Etat, sauf en cas de maladie ou d’empêchement, de démission, n’a eu à réduire son mandat. »

Il ajoute : « Le Sénégal ne peut pas être une exception. Le président de la République ne peut pas être une exception au moment où nous avons amorcé le virage de l’économie du Sénégal. Nous sommes en plein sur les rampes de l’émergence. On s’est demandé est-ce qu’on était dans le bon droit d’appeler les Sénégalais à un référendum sur la réduction du mandat du président de la République. Il faut qu’on se pose la question pourquoi réduire son mandat pour en réclamer un autre et pourquoi exposer tant de frais, tant d’argent, tant d’énergie, tant de finances pour renouveler un mandat, le réduire et demander par la suite que les Sénégalais lui refassent confiance. »

Un autre renchérit, il s’agit du Dg de l’ONAS, Alioune Diop, responsable Apr à Balacoss (Saint-Louis), qui en remet une couche. Explication de texte : « Nous voterons Non au référendum », dit-il. Selon lui, une jurisprudence pourrait se faire si Macky Sall tient parole en renonçant aux deux ans, en ce sens que cela pourrait autoriser un jour, un autre à étirer dans l’autre sens son mandat par voie référendaire.

Leur entreprise est vaine. On ne peut pas venir regarder les Sénégalais dans le blanc des yeux et leur dire qu’on est « en politique », que tout peut arriver, qu’un reniement de Macky Sall pourrait être « géré », que cela n’aurait aucune conséquence négative au plan politique, sur la crédibilité même de celui qui incarne la volonté populaire, que cela ne remettrait pas l’opposition sur les rails, que la tension sociale ne serait pas à son comble, bref que le régime de Macky Sall ne serait pas décrédibilisé.

Ce n’est pas possible avec Macky Sall tant l’homme a quand même construit sa carrière politique sur l’éthique et la défense de certaines valeurs. Qu’on soit contre lui ou pas, il faut le lui reconnaître. Depuis sa prise du pouvoir, les actes qu’il pose sont basés sur la dignité, la mesure, la sobriété, le respect de la parole donnée. Il est irresponsable de demander au président Macky Sall de revenir sur sa décision. Ceux qui lui veulent du bien ne doivent pas entretenir cette idée (…).

Le peu que nous connaissons de l’homme nous porte à croire qu’il ne peut commettre ce qui serait (le conditionnel est le temps de la sécurité) une grave faute politique, grosse de dangers. Et gagner 2019, dans ce cas de figure, ne serait plus évident. Macky Sall ne se dédit pas. Du moins, tout au long de sa carrière politique, jusqu’au sommet de l’Etat, il ne l’a jamais fait. Faire du « wax waxeet » n’est pas envisageable. L’Apr a plus à gagner en tenant la présidentielle en 2017.

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