Croissant lunaire au Sénégal: Quand les astronomes de l’ASPA « bousculent les religieux » sur la date de la célébration de la Korité au Sénégal

Dans un communiqué en date du 21 Juin 2017 envoyé aux rédactions des organes de presse de la place, l’Association sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie sur la base d’un calcul astronomique affirme que le croissant lunaire ne sera pas visible à l’œil ce Samedi 24 Juin 2017. En conséquence,  la fête de  korité  sera célébré le Lundi  26 Jun 2017. Je les cite :

« Le Samedi 24 Juin, il sera impossible de voir à l’œil nu le croissant lunaire au Sénégal, en Afrique, en Europe et en Asie. La surface éclairée de la Lune sera de 0,88%, ce qui en fait un croissant extrêmement faible nécessitant un instrument astronomique (télescope, jumelles…) pour pouvoir le trouver. La Lune se couchera à 20h13, soit 31mn après le Soleil qui se couche à 19h42. La carte de visibilité montre que sur l’étendue du globe, la possibilité d’observation à l’œil nu ne concerne qu’une partie de l’Amérique latine.

Dimanche 25 Juin : Il sera possible de voir la Lune à l’œil nu au Sénégal. La zone de visibilité à l’œil nu couvrira l’ensemble des pays d’Afrique et le reste du monde. La Lune se couchera à 21h13 et sa surface éclairée sera de 4,42%. Elle sera âgée de 1j17h. Ceci à cause de la conjonction qui s’est produite très tôt le samedi 24 Juin. »

Cette anticipation faite sur le résultat de l’observation à l’œil nu du croissant lunaire cause un sérieux problème de référence pour la communauté musulmane sénégalaise du fait que cette façon de faire est étrangère à nos traditions connues et partagées.

Au Sénégal, on n’a jamais utilisé le calcul astronomique pour déterminer les dates de célébration de la Korité et de la Tabaski. En effet, il ne s’agit pas d’une simple prévision comme à la météo. C’est différent et beaucoup plus que cela. Il s’agit d’une prévision qui entre en contradiction avec nos traditions et pratiques religieuses. Et en plus, nous sommes en religion, avec tout le respect qu’on leurs doit ils ne sont pas notre référence en la manière. Ce n’est pas eux que l’on écoute lorsqu’il s’agit de religion. Nous avons nos références. Ce sont les khalifes généraux. C’est eux qui décident et c’est eux que l’on écoute.

Relativement  toujours à l’observation du croissant lunaire pour la célébration des fêtes religieuses  (la Korité et la Tabaski)  une commission composée des représentants de l’ensemble des grandes maisons religieuses a été mise en place dont l’objectif est de recueillir les informations sur toute l’étendue du territoire national. Cette commission se réunit régulièrement dans les locaux de la RTS, à la veille de chaque fête pour compiler les  informations provenant des citoyens ayant observé le ciel pour détecter l’apparition du croissant lunaire. La mise en place de cette commission a permis de minimiser les divergences, toutefois, elle n’a pas pu régler définitivement ce problème de l’autonomie des grandes maisons religieuses.

L’observation du croissant lunaire est une pratique de plusieurs millénaires et co existentielle à l’islam. Il me semble, aujour d’hui, que cette pratique est menacée  par un courant de pensée animé par des astronomes sénégalais  qui  voudraient changer l’ordre orthodocique des choses  en prônant  le  calcul astronomique pour déterminer avec exactitude les dates de célébration de la Korité et la Tabaski.

Si une displine scientifique telle que l’astronomie peut aider à une meilleure prise de décision qui ne menacerait pas la cohésion sociale, c’est tant mieux et salutaire. Je pense que les ’interventions de l’Association Sénégalaise pour la promotion de l’Astronomie dans les dates de célébration des fêtes religieuses pourraient être une source de problème à la cohésion sociale et entrainé un schisme plus profond.

Qui de l’Association Sénégalaise pour la Promotion  de l’Astronomie et des khalifes généraux des communautés religieuses allons-nous écouter pour célébrer la fête de Korité ou la fête de tabaski à venir ?

Chaque pays  a son histoire. Chaque pays a ses traditions. Lorsque l’on veut naviguer à contrecourant de son histoire et de ses traditions, fatalement, on peut créer sans le vouloir le désordre aux conséquences multiples dont on ne pourrait prévoir avec exactitude les effets sur l’esprit et les comportements des gens. C’est le cas de la prévision relative à l’observation à l’œil nu de l’apparition du croissant lunaire.

Comparé aux autres pays, le calcul astronomique prévisionnel pour déterminer la date de l’apparition du croissant lunaire, ne figure pas sur notre tableau de référence religieuse de notre pays, le Sénégal. Bref ! Pour nous éviter à tout confondre, l’Association Sénégalaise pour la  Promotion de l’Astronomie informe en soulignant que c’est important, je les cite :

« IMPORTANT : Les décisions de certains pays n’étant pas dans la zone de visibilité de célébrer la fin du ramadan au dimanche 25 Juin se feront sur la base du calcul astronomique uniquement. Les informations en provenance en provenance de ces zones ne doivent pas être associées à une observation à l’œil nu du croissant lunaire. »

Succinctement, du fait de ce communiqué de presse, au jour d’hui, sans avoir observé le croissant lunaire, les sénégalais sont divisés en pro-calcul astronomique et pro-respect de la tradition.  Ce qui est troublant, selon  le communiqué de presse, il est exclu de célébrer la fête de korité le Dimanche 25 Juin 2017 d’autant plus qu’il est impossible d’observer le croissant lunaire à l’œil nu le Samedi 24 Juin 2017.

Quelles seront les conséquences d’une contradiction qui pourrait naitre entre ce que l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie a dit et ce que les khalifes généraux auront décidé  à travers la commission de l’observation du croissant lunaire dédiée ? Le Sénégal se doit-il de choisir de célébrer ses fêtes religieuses musulmanes sur la base de l’observation à l’œil nu du croissant lunaire  ou sur la base du calcul astronomique ?

Je reste convaincu jusqu’à preuve du contraire que toute anticipation sur les resultats de l’observation à l’œil nu du croissant lunaire est dangereuse pour ce qui nous a jusqu’ici préservé en tant que nation où la violence religieuse inter-communautaire est jusque-là exclue. En France, c’est le conseil Français du culte des musulmans qui décide de la date de célébration de la fête de korité. Ce que je crois, tout le monde n’est pas habilité à donner la date de célébration de nos fêtes, c’est une prérogative de nos Khalifes généraux et guides religieux.  Et jusqu’à ce jour du 23 Juin 2017, la communauté des musulmans de France attend de savoir quand est ce qu’elle va célébrer la fête de Korité.

La promotion de l’Astronomie dans la société sénégalaise est une bonne chose, mais  à l’état actuel de notre pays, s’immiscer à ce niveau, dans les affaires religieuses à travers des interventions axées sur les dates de l’apparition du croissant lunaire sur la base d’un calcul astronomique est trop risqué de la part de ses auteurs mais aussi pour la cohésion sociale. Justement, le Sénégal n’a aucune tradition de calcul astronomique pour déterminer les dates de célébration de nos fêtes religieuses (Korité et Tabaski). S’engager dans cette voie pour une Association fut elle scientifique, c’est créé beaucoup plus de problèmes que l’on en résout concrètement. Car elle n’a pas la légitimité religieuse pour être notre référence. La raison est simple, en matière de religion, ce n’est pas les scientifiques que l’on écoute mais les religieux. Cela ne veut dire que les religieux ne sont pas des hommes scientifiques ou de science. Je voudrai juste que l’on fasse la part des choses.

Du point de vue de la promotion de l’Astronomie, l’Association a réussi de fort belle manière sa communication en intervenant dans les médias à la veille de la fête de Korité pour parler de ce qui nous a souvent divisé : les dates de célébration des fêtes de Korité et de Tabaski. Ainsi, elle a trouvé les moyens de s’introduire dans les consciences, particulièrement de certains intellectuels qui pensent que le problème de la célébration séparée des fêtes précitées  de la communauté musulmane sénégalaise est désormais réglé par le calcul astronomique qui est capable de déterminer avec exactitude la date de l’observation à l’œil nu de l’apparition du croissant lunaire.

A la fin de son communiqué de presse, l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie, nous invite  à observer toujours le croissant lunaire à l’ouest un peu gauche au-dessus de là où le soleil se couche.  Je les cite :

« Nous rappelons également qu’il faut toujours chercher le premier croissant à l’Ouest, un peu à gauche au-dessus de là où le Soleil se couche. »

C’est bien de faire une telle recommandation mais le problème n’est là et le problème ce n’est  pas cela. Le problème est dans le fait que l’Association affirme qu’il est impossible d’observer le croissant lunaire à l’œil nu le Samedi 24 Juin 2017. Et que le Dimanche 25 Juin 2017, le croissant lunaire sera visible à l’observation  l’œil nu.  Du coup, ce qui décide de la date de Korité le Lundi 26 Juin 2017 sans qu’on ait pu observer le ciel en lieu et place de nos khalifes généraux et guides religieux. Nous sommes en religion. Bien que l’islam n’exclue pas la science, la religion et la science n’ont pas la même vocation.

Vive le Sénégal !

Vive la République !

Par Baba Gallé DIALLO

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