Covid-19 au Sénégal : La grosse alerte du Pr Moussa Seydi

L’apparition du très contagieux variant Omicron incite certains à l’automédication en prenant des antibiotiques. Un traitement qui inquiète le monde médical, obligeant le Professeur Moussa Seydi, Chef du comité national de l’antibiothérapie, a tiré la sonnette d’alarme.

L’utilisation systématique d’un antibiotique comme l’azithromycine ou l’amoxicilline associé à l’acide clavulanique n’est pas justifiée dans le cadre de la COVID-19 et ne peut relever que d’une prescription médicale. Une prescription inappropriée d’antibiotiques ou une automédication peut être la cause d’une sélection de souches bactériennes résistantes, rendant ainsi inutiles ces antibiotiques dans un futur proche. Pour des raisons de santé publique il est donc important que la prescription d’antibiotiques soit du ressort exclusif du personnel de santé qualifié.

La COVID-19 due au variant Omicron comporte plusieurs particularités, parmi lesquelles son manque de gravité, mais aussi l’incertitude de sa sensibilité à l’association azithromycine+ hydroxychloroquine. Le Service des maladies infectieuses de Fann et l’Institut Pasteur de Dakar ont dirigé une étude qui a été menée en collaboration avec les collègues de l’hôpital Fann, de l’hôpital principal de Dakar et à l’hôpital Dalal Diam sur l’efficacité et la tolérance de l’association azithromycine + hydroxychloroquine. Cette étude déjà publiée dans Journal of Clinical Medicine avait montré que cette association était efficace et bien tolérée, mais cette étude a été menée avant l’apparition du variant Omicron. Cependant, cette association n’était pas prescrite de manière systématique et nécessite la réalisation de plusieurs examens paracliniques, dont un électrocardiogramme interprétés par l’équipe de la chaire de cardiologie avant traitement, au cours du suivi et à la fin du traitement. Ceci pour dire que la prescription n’a jamais été faite les yeux fermés. C’est donc dire que l’automédication doit être évitée. Par ailleurs, nous ne savons pas, à l’heure actuelle, si cette association que nous avions étudiée est efficace sur le variant Omicron qui est moins sensible à la vaccination, même si cette dernière protège toujours contre les formes graves. Partir de l’efficacité antérieure prouvée de cette association pour en prescrire une partie, c’est-à-dire l’azithromycine de manière systématique, n’est pas indiquée et est une menace pour la santé publique, du fait de la possibilité de sélectionner des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Il faut bannir l’utilisation systématique des antibiotiques sans prescription médicale. Le mauvais usage des antibiotiques, quel qu’ils soient, favorise la sélection de bactéries résistantes comme j’ai eu à le dire. La conséquence est que les antibiotiques utilisés de manière abusive, sans prescription médicale, ne seront plus efficaces à la longue et seront incapables de traiter les infections bactériennes à l’avenir.

Il y a un communiqué du ministère de la Santé indiquant la prise d’une dose de rappel. En quoi cela peut-il aider dans la lutte contre l’infection au coronavirus ? Je me suis déjà exprimé sur cette question à plusieurs occasions depuis plus de 6 mois. La troisième dose (dose de rappel ou dose supplémentaire, selon le cas) est indispensable pour certaines catégories de personnes. Quant à la généralisation, elle peut se faire ou ne pas se faire en Afrique Subsaharienne surtout avec la prédominance du variant Omicron. Tout dépend des objectifs visés et des arguments mis en avant. Je ne souhaite pas m’étendre là-dessus. Cependant, je salue la décision du comité. Cela pourrait au moins réduire l’absentéisme dû à la COVID-19 au variant Omicron.

Tout à fait. Mais il ne faut pas prôner l’immunité collective naturelle, si l’infection en cause tue beaucoup de monde. Il faut chercher au moins une immunité post vaccinale pour les sujets qui risquent le plus de mourir de l’infection en cause.

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