COTE D’IVOIRE – Le capitaine des Eléphants rompt le silence : Yaya Touré règle ses comptes

Yaya Touré brise le silence. D’ordinaire réservé, le milieu de terrain de Manchester City a décidé de régler ses comptes avec ses détracteurs, que ce soit en Angleterre ou avec la sélection ivoirienne. Il dément d’ailleurs la rumeur d’une retraite internationale. «C’est faux, c’est du n’importe quoi. J’aime mon pays», rétorque-t-il.

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Yaya Touré a des choses à dire et il le fait savoir. Plutôt réservé, l’Ivoirien a forcé sa nature pour régler ses comptes avec ses détracteurs à l’occasion d’un entretien publié ce lundi dans L’Equipe. Interrogé sur la rumeur attestant d’une possible retraite internationale après ses absences lors des derniers rassemblements de la sélection ivoirienne, le capitaine des Eléphants a été clair. «C’est faux, c’est du n’importe quoi. J’aime mon pays. Si ce n’était pas le cas, si j’étais rancunier, oui j’aurais dit j’arrête. Quand je vais en sélection, cela me coûte plus que cela me rapporte. Mais c’est mon pays, et même si je suis le joueur le plus insulté de ce pays, même si j’ai été la risée de tout le monde, je ne peux pas l’abandonner», assure-t-il.
«Je n’ai pas pour habitude de faire des interviews choc, je dis seulement ce que je pense. Je subis depuis des années, et maintenant j’ai décidé de parler. Je dis tout», poursuit le Mancunien, qui en profite pour répondre à ses détracteurs au pays. «Là-bas, certaines personnes ont tendance à trop parler. Ces gens-là ne sont pas très intelligents. Quand tu vois des gens te détester alors que tu viens défendre les couleurs de ton pays, cela te fait mal. On m’a dénigré, même à travers des chansons, des hommes politiques se sont mis à m’insulter. Ça fait mal, très mal. La sélection, cela n’avait plus rien à voir avec le foot», déplore-t-il.

«J’ai l’impression que je gêne»

L’Ivoirien met également un point d’honneur à réfuter les rumeurs apparues ces dernières années sur le climat au sein de la Selefanto, qui serait tendu. «On a dit que je m’étais battu avec Didier (Drogba, Ndlr), avec Zokora et même Kolo, mon propre frère… On a tout dit. En plus, ils m’ont mis en opposition avec Didier Drogba, ont affirmé que c’est moi qui ne voulais pas qu’il revienne en sélection. Alors que Hervé (Renard, le sélectionneur d’alors, Ndlr) et moi n’avons pas cessé de l’appeler pour lui demander de reprendre sa place. Il n’est pas venu, et tout le monde m’a fait porter le chapeau», assène le milieu de terrain de 32 ans.
L’heure étant au grand déballage, l’ancien Barcelonais en profite pour remettre les pendules à l’heure avec la presse anglaise. «Ici, en Angleterre, les choses ne sont pas faites positivement. Ces dernières semaines, les journalistes ont parlé d’un nouveau départ pour moi. Mais quel nouveau départ ? Je sors d’une saison où City a fini deuxième du championnat anglais, qui est le plus difficile au monde, je marque douze buts alors que j’ai dû quitter le club pour rejoindre ma sélection qui disputait la Coupe d’Afrique, j’ai été absent presque deux mois, et on me reproche de ne pas avoir marqué autant de buts que la saison d’avant ? La saison d’avant, justement, j’en avais mis vingt-six et personne ne l’a mentionné. Pas de récompense, pas de trophée, rien du tout. Vous comprenez un peu mon dégoût. Ici, quand c’est mauvais, ils accentuent, quand c’est bon, ils mettent ça aux oubliettes. J’ai souvent l’impression que je gêne», lance l’ancien pensionnaire de Sol Béni.

«J’ai gagné des titres, beaucoup d’argent, mais, non, je ne suis pas heureux… »

D’après lui, les dés étaient pipés dès son arrivée. «Quand je suis arrivé à City, en 2010, j’ai entendu des gens dire, ici, que j’allais tuer le football ! Les journalistes parlaient de mon salaire en disant que c’était une honte. Alors que, moi, je venais juste dans ce club pour l’aider à progresser et à remporter des titres. Beaucoup de personnes, bêtes, je dois le dire, se sont moquées de moi quand j’ai dit ça. Ils se demandaient ce que moi, Yaya Touré, j’allais changer à City. Et alors, vous avez vu ce qui s’est passé ensuite ? On a presque tout gagné. C’est cette reconnaissance que je n’ai pas qui me fait un peu mal. C’est un peu dégoûtant.»
Aujourd’hui, ce dégoût incite le Mancunien à diriger ses trois enfants loin du ballon rond : «Je ne veux pas que mes deux fils fassent du foot. Je ne veux pas qu’ils supportent tout ce que j’ai enduré. Cela me ferait mal. Les études pour eux, voilà ce que j’ai dit à madame.» Car, au moment de glisser le mot de la fin, l’Ivoirien l’avoue, «j’ai gagné des titres, beaucoup d’argent, mais, non, je ne suis pas heureux…».

Afrik-foot

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