Côte d’Ivoire : deux responsables d’un quotidien satirique arrêtés par la gendarmerie

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Deux responsables du journal satirique et d’investigation ivoirien « L’Éléphant déchaîné » ont été entendus vendredi par la gendarmerie à Abidjan pour « fuite d’informations sensibles concernant la sécurité » du pays, a-t-on appris auprès de leur avocat.

« Le directeur de la publication, Valéry Bony, et le rédacteur en chef et auteur de l’article incriminé, Wenceslas Assohou, ont été convoqués par la cellule d’enquête de la gendarmerie » pour « fuite d’informations sensibles concernant la sécurité de la Côte d’Ivoire », a déclaré à l’AFP Me Emile Suy Bi Gohoré.

Cette audition, qui « a commencé à 10H00 (heure locale et GMT) pour s’achever à 16H00 », fait suite à « une plainte déposée par le ministre de la Défense (Paul Koffi Koffi) qui souhaiterait avoir les sources des journalistes » à l’origine de l’article, qui reproduisait « des échanges de courriers entre ministres », a-t-il poursuivi.

« Aucune charge n’a été retenue » contre les deux journalistes, a précisé Me Gohoré, affirmant qu’il s’agissait de « la toute première convocation » qu’ait connue ce journal.

Échanges de courriers

Dans l’article en cause, publié la semaine dernière et intitulé « On se presse lentement pour payer la facture! », le journal a affirmé que le ministère de la Défense tardait à payer des sociétés qui ont réalisé des travaux de réhabilitation d’infrastructures militaires après la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait environ 3.000 morts.

L’article reproduisait notamment des documents présentés comme des échanges de courriers entre les ministères de la Défense et de l’Economie.

Créé il y a deux ans, L’Eléphant déchaîné, qui paraît deux fois par semaine, s’est rapidement fait une place à part dans le paysage médiatique ivoirien, mêlant révélations sur des scandales financiers et caricatures mordantes, sur le modèle de l’hebdomadaire français Le Canard enchaîné.

Dans son éditorial publié dans l’édition de ce vendredi et annonçant cette convocation par la gendarmerie, le directeur de la publication assurait que le journal était « prêt à assumer » les conséquences de ses écrits, au nom du « rêve » de voir une société où la bonne gouvernance serait « la norme ».

 

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