Civisme et respect des institutions (Par Néné Fatoumata Tall)

Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,

Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,

Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne,

Alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie ».

Le rappel de cette sagesse de Platon traverse les âges et résonne aujourd’hui comme une loi d’airain. Cette sentence nous interpelle, nous parents et jeunes, en ces moments de perte de repère, qui fait le lit de la défiance de l’autorité, des institutions et du piétinement des valeurs cardinales de notre contrat social, culturel et cultuel. Condensé dans les vertus du Diom, du Mugn, du Kersa, de la solidarité, ce patrimoine immatériel s’incarne dans le civisme et la citoyenneté.

Or, on assiste avec regret à une banalisation des symboles de la République, à un déficit criard de civisme et de citoyenneté sans précédent. Par ce comportement dont font montrent beaucoup de jeunes, avenir de notre patrie, notre commune volonté de vivre en commun est fortement chahutée.

L’un des prétextes pour justifier cette rupture de ban social est la jouissance d’une liberté de penser et d’agir en société démocratique. Pourtant, la jeunesse perd de vue que l’usage d’une liberté rime avec une responsabilité à assumer. La liberté s’exerce dans la responsabilité.

A y voir de plus près, le ver était déjà dans le fruit depuis le premier âge de nos enfants dans une société devenue trop permissive. L’emprise dure du quotidien s’est emparée des parents plus préoccupés à assurer les besoins vitaux de leurs enfants que de veiller à forger et à cultiver les valeurs qu’eux-mêmes avaient reçues. Les enfants livrés à l’école, puis à la rue où ils demeureront le plus clair de leur temps, y apprennent des comportements qui jurent d’avec un état de civilité. En fine, les dérapages, les dérives sociales, les échecs scolaires, sont mis sur le compte d’une démission parentale dont nous sommes tous comptables. Cependant, aucune excuse n’est recevable, car c’est dans l’intérêt supérieur de notre existence en tant qu’Etat, Nation et Patrie.

Notre responsabilité, à nous jeunes, est de perpétuer le legs moral de nos ancêtres et de le transmettre aux futures générations. C’est un devoir historique auquel nous devons nous atteler, ici et maintenant, pour l’honneur de nos ancêtres, la vitalité de notre contrat social et l’avenir du Sénégal.

Nous devons d’autant y remédier que notre pays aspire au développement pour lequel le président Macky Sall a initié le Plan Sénégal émergent (PSE). Il est évident, comme le rappelle le chef de l’Etat, qu’aucun essor économique, social et culturel ne s’acquiert dans une culture de l’indiscipline.

Interpellé dans sa mission régalienne, le Ministère de la Jeunesse, a entrepris plusieurs actions innovantes qui promeuvent le civisme et la citoyenneté, afin d’amener les Sénégalais à s’approprier ou se réapproprier les symboles et la symbolique de la République.

Le projet de construction des « Maisons Citoyennes des Jeunes », sur instruction du Chef de l’Etat, participe de cette volonté des pouvoirs publics de prendre le taureau par les cornes.

Il est donc temps que tous les corps concernés, y compris les familles qui sont les cellules de base de nos sociétés, œuvrent de concert pour une reconstruction civique, afin de ne pas souffrir le remords d’avoir été insidieusement les artisans inconscients du déficit civique et citoyen.

Sont concernés par les bonnes pratiques de la citoyenneté en résumé.

la famille : éduquer et transmettre les valeurs religieuses, morales et culturelles.

le système éducatif : former l’homme, le citoyen.

l’Etat par ses choix politiques : bonne gouvernance.

les parties politiques : bon exercice de la démocratie.

société civile : lieu d’expression de la citoyenneté au quotidien.

les médias : aider les populations à se former, s’informer et se divertir.

L’éducation aux valeurs doit porter non seulement sur de nouveaux contenus de connaissances ou d’enseignement, mais aussi et surtout sur des comportements et des attitudes souhaitables relevant d’une prise de conscience nette des valeurs confirmées.

* Ministre de la Jeunesse

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