Cessez-le-feu en Syrie: un accord et beaucoup de questions

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Annoncé par la Russie et parrainé par la Turquie, un accord de cessez-le-feu entre le régime syrien et les rebelles doit entrer en vigueur ce jeudi 29 décembre à minuit. Mais cette trêve ne concerna pas les djihadistes de l’organisation Etat islamique et du Front Fateh al-Cham qui ne sont pas concernés par cet accord, renseigne RFI.

Moscou affirme par ailleurs que le régime et l’opposition sont d’accord pour s’engager dans les discussions de paix parrainées par la Russie, la Turquie et l’Iran. Cette annonce spectaculaire pourrait constituer un tournant dans le conflit syrien mais pose de nombreuses questions.

Le cessez-le-feu sera-t-il observé sur le terrain ? Voici la première incertitude après l’annonce russe de ce jeudi 29 décembre. Dans le passé, d’autres trêves ont volé en éclat en Syrie et la fragmentation de la rébellion est un facteur de risque.

Le Front Fateh al-Cham (autrefois Front al-Nosra) représente l’autre grand point d’interrogation. Tout comme le groupe État islamique (EI), il n’est pas concerné par le cessez-le-feu. Le Front Fateh al-Cham est l’ancienne branche syrienne d’al-Qaïda. Ses hommes combattent souvent aux côtés d’autres factions rebelles, notamment à Idleb dans le nord du pays. Que se passera-t-il dans les régions où ces djihadistes se mêlent aux autres rebelles syriens qui, eux, sont concernés par la trêve ?

Le cessez-le-feu annoncé ce jeudi est notamment le fruit du rapprochement entre la Turquie et la Russie. Or, les alliances de ces deux pays restent opposées dans le conflit syrien. Les intérêts de Moscou et d’Ankara ne risquent-ils pas de diverger et de faire dérailler le cessez-le-feu ou le processus de négociation d’ores et déjà annoncé par la Russie ? Par ailleurs, le cessez-le-feu, s’il tient, va-t-il apporter un réel répit aux civils syriens, après presque six années de guerre ?

Pour Ankara, le cessez-le-feu confirme la rupture avec Washington et le rapprochement avec Moscou dans le dossier syrien, commente notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Le président turc Recep Tayyip Erdogan n’a pas hésité à attaquer frontalement les États-Unis cette semaine en allant jusqu’à déclarer par exemple que les Américains avaient soutenu l’organisation Etat islamique.

Pour la Turquie, l’entente avec le Kremlin semble pour le moment plus fiable. Juste après l’annonce du cessez-le-feu, des frappes aériennes russes ont appuyé les forces turques à Al-Bab, ce que le président Erdogan reprochait aux alliés occidentaux de ne pas faire. La trêve pourrait aussi permettre aux rebelles syriens fidèles à Ankara de se redéployer plus facilement là où les Turcs en ont besoin.

Dans la perspective de négociations, le pouvoir turc espère avoir convaincu ces derniers jours : hors de question d’accepter à la table les forces kurdes, des « terroristes » aux yeux d’Ankara.

 

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