Brigitte Macron, une dame de cœur à l’Elysée

Brigitte et Emmanuel Macron forment un couple inédit dont l’originalité n’est pas seulement la grande différence d’âge. Après avoir eu l’audace et le courage de vivre pleinement sa passion avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle, Brigitte Macron s’est imposée comme la partenaire idéale dans l’ascension vers le pouvoir du nouveau président.

Le temps ne fait rien à l’affaire ; quand on s’aime, c’est pour de bon. On a presque envie de paraphraser Georges Brassens en évoquant le couple inédit formé par Emmanuel et Brigitte Macron, vingt-quatre ans de différence d’âge, exactement le même écart qu’entre Donald et Melania Trump mais avec inversion des genres.

Aussi surprenant que cela paraisse encore à beaucoup, c’est un couple amoureux et soudé – tous ceux, proches ou moins proches, qui les ont approchés l’affirment – qui va prendre la semaine prochaine ses quartiers à l’Elysée. C’est une bénédiction qui n’est pas si fréquente si l’on se réfère aux précédents chefs de l’État, lesquels, de François Mitterrand à Nicolas Sarkozy en passant par Jacques Chirac, sans parler de François Hollande, ne vivaient pas l’union parfaite avec leur conjointe officielle au sein et en dehors du palais présidentiel.

L’histoire a commencé de façon presque banale : quel(le) adolescent(e) en effet n’a pas éprouvé, à un moment ou à un autre de sa scolarité, de l’attirance et des sentiments pour l’un ou l’une des enseignant(e)s de son lycée ? Cela ne va le plus souvent pas beaucoup plus loin que des élans sans lendemain mais lorsque le tabou – légal, moral, sociétal – est franchi, l’histoire finit mal, en général.

C’est d’ailleurs cette certitude d’une relation vouée à l’échec qui incita longtemps les parents d’Emmanuel Macron à faire barrage à la relation entre leur fils de seize ans et sa professeure de lettres et de théâtre alors âgée de quarante. Ils essayèrent plusieurs fois d’y mettre fin, eux qui pensaient d’abord qu’Emmanuel fréquentait Laurence, la fille aînée de Brigitte, sa camarade de classe, née comme lui en 1977.

Une fois connue à Amiens, la liaison fit d’ailleurs scandale en ville et dans chacune des deux familles. André-Louis Auzière, le mari banquier de Brigitte, née Trogneux, quitta le domicile conjugal alors qu’Emmanuel s’en alla de chez ses parents et rallia Paris pour terminer ses études secondaires au lycée Henri IV, vite rejoint par Brigitte qui trouva un poste d’enseignante dans la capitale.

Plus de vingt ans ont passé depuis et, comme on l’écrit souvent dans les bluettes, c’est l’amour qui a triomphé. Hormis André-Louis, dont Brigitte n’a divorcé qu’en 2006 pour mieux pouvoir épouser Emmanuel en 2007, aucune victime collatérale ne semble avoir souffert durablement de cette passion singulière. En revanche, on imagine aisément la multitude d’obstacles qu’a dû surmonter la femme amoureuse pour vivre jusqu’au bout sa passion transgénérationnelle.

Une famille normale

« Pour ma part, la différence d’âge, je ne la vois pas » confiait en janvier à l‘hebdomadaire L’ObsTiphaine Auzière, la fille cadette de Brigitte, qui est avocate et mère de l’un des sept petits-enfants que compte la future première dame de France et, par alliance, son président de mari. « Les choses se sont faites intelligemment  », poursuivait Tiphaine Auzière. « De les voir aussi heureux ensemble, ça balaie toutes les interrogations. Nous sommes aujourd’hui une famille recomposée comme des millions d’autres. Une famille normale ». Normale certes, mais qui doit désormais composer avec la célébrité, ce à quoi Brigitte Macron ne semble pas pas être tout à fait réticente. Une famille qui va aussi bientôt devoir s’atteler à la lourdeur de la charge élyséenne, une épreuve à laquelle le huitième président de la Ve République et son épouse semblent toutefois s’être préparés.

Quoique relativement novice en politique, le couple ne l’est pas dans la vraie vie. On relèvera d’ailleurs, sans malice, que la semaine prochaine Brigitte Macron aura cinq ans de plus qu’en avait Yvonne de Gaulle en janvier 1959 lorsqu’elle élut pour la première fois domicile au 55 de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Suffisamment bien placé en tant qu’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée sous François Hollande pour connaître les écueils à éviter, Emmanuel Macron a d’ailleurs émis le souhait, durant la campagne, de clarifier le rôle de Première dame, fonction qui n’a pas encore de statut officiel. «  Elle aura un rôle qu’elle a toujours eu auprès de moi, elle ne sera pas cachée parce qu’elle partage ma vie, parce que son avis est important » déclarait-il le 3 mars sur RTL, précisant que son épouse « n’avait jamais été rémunérée par la République » lorsqu’il était ministre et qu’elle ne le serait pas plus en tant que Première dame.

Ce n’est d’ailleurs qu’en juin 2015, à l’âge légal de la retraite, que Brigitte Macron a cessé d’enseigner pour se consacrer pleinement à son mari alors encore ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Plus jeune d’une famille de six enfants, Brigitte Trogneux est née le 13 avril 1953 de Jean et Simone Trogneux, chocolatiers depuis plusieurs générations dont les successeurs ont toujours pignon sur rue à Amiens. Titulaire d’un CAPES de lettres, elle a d’abord été professeure à Paris, puis à Strasbourg avant de revenir enseigner le latin et le français au lycée La Providence dans sa ville natale d’Amiens, celui où elle a rencontré Emmanuel Macron, alors en classe de seconde. Elle a laissé à la plupart de ses élèves le souvenir d’une enseignante attentive, dotée d’une nature positive, aux dires des nombreux témoignages qui ont fleuri ces derniers temps dans la presse à grand tirage.

Une people consentante

Cette presse people, Brigitte Macron a appris à l’apprivoiser et à s’en faire une alliée en particulier depuis que l’agence Bestimage s’occupe de la « com’ » du couple et que l’ambition présidentielle s’est faite plus ardente. Souriante, aimable, à l’écoute sans avoir à se forcer, élégante quoique parfois un peu à la limite de la fashionista, elle a su trouver sa place durant la campagne, une place très exposée, en première ligne auprès de son mari qui n’aurait pas voulu voir les choses se dérouler autrement.

« Beaucoup ont eu des commentaires au début de cette campagne quand Brigitte est apparue », confiait le futur président au micro RFI de Valérie Gas, il y a quelques semaines. « La vie politique est très violente, très injuste, pour l’entourage en particulier », poursuivait-il avant de préciser : « ce qui est extrêmement important, c’est qu’elle continue à être là pour porter son regard ». « Et si demain je suis élu, concluait-il, eh bien elle aura à ce moment-là, ce rôle, cette place, cette exigence. Pas cachée derrière, pas dissimulée, pas derrière un tweet, ou une cachette ou autre, elle l’aura à mes côtés. Parce qu’elle a toujours été à mes côtés ».

On peut donc s’attendre à voir Brigitte Macron jouer un rôle de Première dame active dans des contours qui restent à définir mais qui ne déborderont jamais sur le terrain de la politique. « On a un fonctionnement de couple qui intrigue. Emmanuel et moi, on part du principe que c’est mieux à deux. Et comme c’est dur, on partage » déclarait-elle au JDD le 2 mai dernier. « Moi, je trouve ça plus sympa que d’être disjoints. J’aurais du mal à vivre autrement. Et tant pris si ça dérange ». Il est vrai que Brigitte Trogneux-Auzière-Macron a depuis longtemps appris à faire fi du « qu’en dira-t-on ? »

 

Auteur: Christophe Carmarans – RFI

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