Attaques de la mosquée Al Falah de Colobane : l’Imam Ababacar Sall précise et donne sa version des faits

La mosquée Al Falah de Colobane a été le théâtre le 16 décembre dernier d’un incident majeur. En effet l’Imam Ababacar SALL (HA), avait été accusé d’avoir tenu des propos irrévérencieux contre les musulmans qui célèbrent le Gamou. Exfiltré par les forces de l’ordre, il a tenu à donner dans une lettre-contribution sa version des faits. Voici son texte en intégalité.

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« Au Nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Louange à Allah, Seigneur de l’Univers.
Que la paix et le salut soient sur notre Prophète Mouhammad…
Comme vous avez pu le constater, vendredi dernier je n’ai pas honoré mon cours hebdomadaire sur la vie des prédécesseurs, à cause de ces événements  que vous savez.
Pour éviter toute éventuelle confusion ou inauthenticité, je vais vous éclairer sur ce qui s’est réellement passé. Je l’ai déjà expliqué pendant le prêche d’aujourd’hui, mais j’y reviens car la plupart parmi vous n’était pas présent
Le vendredi 9 décembre dernier, c’est moi qui ai dirigé la prière de vendredi à la mosquée d’Alfalah de Colobane .Nos prêches portent souvent  sur des sujets d’actualité. Nous avons orienté et contextualisé le prêche comme d’habitude  J’ai alors fait mon discours naturellement comme l’auraient fait mes autres collègues imam dans cette même mosquée.
Après la prière, et quelques moments de discussions fortuites, le temps que la mosquée se vide de tous ses fidèles, j’ai proposé à imam Demba Diop, avec qui j’étais le dernier à sortir, de rentrer avec moi en voiture.
C’est alors que, devant la sortie de la mosquée, un homme me supplia de rester dans la mosquée car une foule furieuse était devant le portail et promettait de me tuer car j’aurais dit dans le prêche que tous ceux qui célèbrent le « Mawludu Nabi » sont des mécréants.
Je lui répondis « cette parole était un pur mensonge. Je n’ai jamais dit ça dans mon prêche… »
« Mais comme vous me demandez de rester dans la mosquée, j’y reste. »
Je suis alors resté dans la mosquée. Des gens ont appelé la police qui est venue avec des bombes lacrymogène pour disperser la foule et ensuite m’embarquer pour un interrogatoire au commissariat du quatrième arrondissement.
Le commissaire me reçut et commença une discussion :

Le commissaire : Imam, qu’est-ce que vous avez pu dire dans votre prêche qui a causé cette réaction ?

Moi : je ne sais pas.

Le commissaire : vous devez quand même savoir. Un prêche qui a tant énervé ces gens…qu’est-ce que vous y avez dit ?

Moi : je ne sais pas car je n’ai rien dit d’inédit ni d’extraordinaire qu’on entendrait nul part ailleurs… donc je ne sais pas.
Par contre, grâce à ALLAH, j’ai enregistré mon prêche du jour comme je le fais toujours. Tenez donc cet enregistrement et écoutez le vous-même.

Le commissaire : Attendez alors dans la salle d’attente le temps que j’écoute ce prêche.

Un temps passa, il m’appela pour me faire logiquement un interrogatoire après lequel il me signifia qu’il n’avait personnellement aucune raison pour me maintenir au commissariat, mais que ses supérieurs lui avaient demandé de me garder pour ma sécurité. Ainsi j’y suis resté de l’après-midi du vendredi 9 au dimanche 11 décembre vers vingt-trois heures, quand il a reçu l’ordre de me laisser partir.
Pour revenir sur notre discussion, je lui ai expliqué que de mon discours, n’était inédit, ni de moi, ni de cette mosquée, ni d’un sermon de vendredi.
Par contre ce qui est nouveau dans ce pays c’est le non-droit qui donne totale liberté aux gens, de s’attaquer gratuitement à qui ils veulent, quand ils veulent.
Ces gens qui nous ont offensés, sont étrangers à la mosquée ; ils sont venus du marché, après que tout le monde est parti…Faites donc votre enquête car je suis convaincu que c’est un plan fomenté avant le sermon, et indépendant du contenu de ce dernier.
S‘agissant des mensonges tenus à mon égard, loin de mes principes l’idée de déclarer quiconque mécréant. Mon style et mon comportement dénotent de la tolérance. Personne ne m’a jamais entendu dire de telles choses dans mes sermons, mes conférences ou mes cours de sciences islamiques. Vous savez tous ma réticence dans ce domaine. D’ailleurs j’ai l’habitude de dire : « L’attitude de se tromper en considérant un mécréant comme croyant est préférable à celle de se tromper en considérant un croyant comme mécréant. » Donc ceci n’est pas mon propos. C’est un mensonge : je n’ai jamais dit que « ceux qui célèbrent le « Mawlud » sont des mécréants. »
Plus grave encore, à mon retour à la maison, j’ai vu une vidéo qui circule à travers les réseaux sociaux, dans laquelle il y est relaté qu’« aujourd’hui, 9 décembre 2016, Babacar SALL a proféré des propos très grave : il a attendu qu’on soit à deux jours du « Mawlud » pour dire que celui qui célèbre le « Mawlud » ira en enfer. »
C’est évident que si on s’adressait à vous, en vous disant que c’est moi, Babacar SALL qui ai prononcé de telle propos, vous démentiriez et vous diriez qu’il s’agit certes de mensonge. Car vous me connaissez très bien et vous reconnaissez mon discours.
Selon ma compréhension de la situation, cet acte d’agression est prémédité. Ces gens ont bien choisi le jour de vendredi et ont attendu que tous les fidèles quittent la mosquée pour venir commettre leur forfait. En effet vous savez que c’est impensable qu’ils accomplissent leur saccage avant ou pendant la prière sans qu’une riposte leur soit opposée.
Néanmoins ils ont récolté tout de même, de leur côté, tous les torts de ce drame aussi bien par les mensonges qu’ils ont inventés que par leurs actions pronatrices de la sacralité de la mosquée et de l’imamat.
Et malgré tout cela, je vais rester constant dans tous mes actes et mon discours. Mon combat demeurera le désaveu de la brutalité et de la violence. Aussi longtemps que je peux, ma mission consistera uniquement à enseigner selon les connaissances authentiques de l’islam.
Je cultiverai la paix et maintiendrai toute sa subsistance parce que je n’ai pas une autre patrie que le Sénégal. C’est la terre de mes ancêtres et celle de mes descendants. Sa préservation est une priorité pour moi.
Toutefois la recherche et l’enseignement des sciences authentiques de l’islam constituent, pour moi, un sacerdoce : c’est l’héritage que j’ai reçu de mes aïeux.
Quand le commissaire me demanda le nom de mon père, je lui répondis : «  Serigne Bamba. » il répliqua : « l’homonyme de Serigne Touba. » je lui dis : « non ! Mon père porte le nom de son grand-père qui a, lui-même, enseigné Mame Mor Anta Saly ; et ce dernier a eu un enfant à qui il a donné le nom de Serigne Bamba qui fut son maître. Ce Serigne Bamba est mon arrière grand-père.
En outre El Hadji Bara, le premier khalif parmi les petits fils de Serigne Touba a étudié chez mon oncle maternel. Il m’a, lui-même, raconté : « J’ai fait là-bas deux ans et quatre mois (en faisant des indications avec ses doigts). »
D’ailleurs on peut aussi vous conter la visite de El Hadji Oumar à mon arrière grand-père Serigne Bamba. A la fin de sa visite, quand ce dernier le raccompagnait, l’arbre sous lequel ils étaient arrêtés avant de se séparer est toujours vivant chez nous.
Fort de ce constat, personne ne peut me reprocher de manquer de respect aux anciens de ce pays car, sur le plan de la transmission de enseignement islamique, mes ancêtres font partie des plus anciens. Ceci dit : vous comprendrez que je suis très loin d’être ce que certains individus, malintentionnés, ont dit de moi.
Je poursuivis en disant au commissaire qu’il est la première autorité à qui j’ai fait une telle révélation car, naturellement, une quelconque importance de notre lignée familiale ne nous a jamais préoccupés. Notre principal objectif dans cette vie a toujours été la propagation de notre religion a travers le partage du savoir islamique.
En résumé, chers frères et sœurs, je voudrais vous faire comprendre que rien dans mon sermon n’a été spécial. Des malintentionnés étaient venus à la mosquée Alfalah de Colobane pour nous agresser et nous causer du tort, mais, par la grâce de Dieu, la situation s’était renversée à notre faveur. La police ne m’a pas retenu pendant trois jour parce qu’elle avait un reproche à me faire, mais juste pour ma sécurité
(Que la paix et le salut soient sur notre Prophète.)
Barakallahou fikoum ! »

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