Dans la ville dont il est l’édile, il a reçu cette semaine la visite du maire de Mante la-Jolie, Michel Vallay et se concentre sur son rôle de premier magistrat de cette ville importante de Dakar. «Il a bien digéré son retrait des listes. C’était très difficile au début, mais il a fini par se faire une raison ».
Depuis plusieurs semaines, il a fait la paix des braves avec Lat Diop, considéré, pendant longtemps, comme un de ses ennemis intimes dans le camp de Bennoo. «Il lui a facilité la gestion des comités électoraux de tout Guédiawaye. Aliou s’entend désormais très bien avec Lat Diop et apprécie ce cadre qui émerge en politique ». «Ils ont décidé de travailler ensemble en direction du scrutin du 30 juillet et vont faire campagne ensemble. »
«Malgré tout ce qui a été dit, Aliou ne pouvait pas défier la parole de son grand frère », dit ce proche du maire de Guédiawaye. Sa participation à la campagne sera comme s’il était le candidat principal. «L’essentiel pour lui est une victoire de Benno, c’est ce qu’il cherche, car une défaite serait catastrophique et donnerait un sérieux avantage à son adversaire, Malick Gackou.
«Il va mettre ses moyens matériels et humains à la disposition de la coalition parce qu’également, une partie de son avenir politique se joue dans ce scrutin ». En retrait des activités de son ami, Frank Timis, au Sénégal, Aliou Sall continue de travailler pour l’homme d’affaires mais intervient dans d’autres pays.
«Il sait que les opposants vont continuer à parler de ce sujet en racontant du n’importe quoi car c’est un secteur stratégique qui intéresse beaucoup de monde et coalise des intérêts divers ».
Dans ses bureaux situés aux Almadies, il continue de travailler comme un « simple salarié ». «Il ne dispose d’aucune action dans les affaires de Timis au Sénégal. Mais en réalité peu de choses ébranlent ce Sénégalais, né12 août 1969 à Foundiougne (Sénégal), qui porte plusieurs casquettes car il est un homme politique, un homme d’affaires, un haut fonctionnaire, un diplomate et un journaliste sénégalais, président de l’association des maires du Sénégal, maire de la ville de Guédiawaye et frère cadet du président sénégalais Macky Sall.
Après des études primaires où les professeurs notent ses capacités, mais aussi son manque d’investissement, il intègre le lycée Coumba Ndoffène Diouf de Fatick, où il échoue en Première C et est par la suite réorienté vers la filière D. Banni du lycée Coumba Ndoffène, il passe finalement son baccalauréat au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack. Il y rencontre Abdoulaye Wilane qui devient son meilleur ami, en dépit de divergences politiques.
Passionné de géographie, Aliou Sall cherche ensuite à entrer au cursus de géographie appliquée de l’université Gaston-Berger à Saint-Louis mais n’obtient pas satisfaction. Il se retrouve, dès lors, à l’université de Dakar et abandonne le cursus en 1994, s’étant découvert une nouvelle passion : le journalisme. Il intègre alors, en 1994, le Centre d’études et techniques de l’information (Cesti). Il devient ensuite un journaliste engagé. Il travaille d’abord pour le mouvement And-Jëf, puis intègre la rédaction d’Info7, un média engagé auprès d’Abdou Diouf, où il est d’abord simple journaliste, puis chef du service politique.
Après un papier dans lequel il analyse les risques de défaite d’Abdou Diouf aux élections municipales, il est rétrogradé au rang de grand reporter. Il quitte Info7 peu avant 2000. Il rebondit, en 2000, en tant que rédacteur en chef de Sopi ak Alternance, la feuille de chou au service d’Abdoulaye Wade lors de l’élection présidentielle de 2000.
C’est lui qui, notamment, est aux manettes de la « marche bleue » qui portera Wade au pouvoir. L’accession de son champion à la présidence lui ouvre les portes des postes de pouvoir et il quitte le monde du journalisme. Après l’élection d’Aboulaye Wade, Aliou Sall occupe un certain nombre de postes dans la sphère étatique, tandis que son frère aîné, Macky Sall, devient Premier ministre.
Il reprend ensuite des études, pour se familiariser avec ses nouvelles activités, et intègre alors l’École nationale d’administration (ENA), à Paris, en France. Il est ensuite nommé, en 2006, conseiller technique à l’ambassade du Sénégal en Chine, chargé du bureau des affaires économiques.
En 2008, son frère, Macky Sall, tombe en disgrâce et devient l’un des principaux opposants à Abdoulaye Wade. Néanmoins, Aliou Sall reste à son poste jusqu’au bout, parce que l’ambassadeur, le général Pape Khalilou, souhaite le garder et pose alors sa démission dans la balance. Il profite des réseaux qu’il a créés au bureau des affaires économiques de l’ambassade du Sénégal en Chine pour mettre un pied dans l’univers des affaires et de l’entreprise.
En 2010, alors qu’il assiste à un cocktail à Pékin, l’architecte sénégalais Goudiaby Atepa lui présente l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis, spécialisé dans l’exploitation minière et pétrolière en Afrique de l’Ouest, et notamment au Sénégal. Ce dernier présente à Aliou Sall Wong Joon Kwang, un homme d’affaires chinois qui souhaite investir dans ces activités.
Il crée la société PetroTim Limited et nomme, en juillet 2012, Aliou Sall, pour gérer la filiale sénégalaise. Celle-ci obtient la concession de deux blocs offshore, une opération validée par le Président Abdoulaye Wade et son ministre de l’Économie, Karim Wade, en janvier 2012. Entre-temps, Aliou Sall est rentré au Sénégal en novembre 2011, pour participer à la campagne présidentielle de son frère, en 2012.
Macky Sall est d’ailleurs élu président, et l’un des premiers dossiers qu’il trouve concerne donc Petro-Tim Limited. Le nouveau président confirme alors les opérations déjà validées par son prédécesseur. En 2014, Aliou Sall décide, à la surprise générale, d’entrer en politique, malgré l’opposition de son grand frère de président, qui craint des accusations de népotisme.
Aujourd’hui, tout cela est derrière lui. «Macky Sall a toujours cherché à épargner son cadet des attaques politiques en bon grand frère ». C’est ce qui a guidé son choix de le retirer des listes malgré l’opposition de la base. «Aliou l’a bien compris et s’est rangé »
Source Le SOIR