Le porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (Afp) souligne que l’espoir et le progrès portés par l’Appel du 16 juin sont toujours d’actualité, 21 ans après. Dr Malick Diop garde également l’espoir dans la gestion du Covid-19 qui, selon lui, est jusque-là «très correcte» parce que le Président Macky Sall a eu le sens de «l’anticipation». Si le pharmacien est convaincu que «la meilleure gestion d’une pandémie c’est naturellement le confinement total», il souligne cependant que le modèle économique et social du Sénégal ne le permet pas. Dans cet entretien, l’ancien maire de Fann-Point E évoque aussi le «contentieux» entre Palla Samb et Barthélemy Dias sur le littoral.
L’Alliance des forces de progrès a célébré ses 21 ans il y a quelques jours. Que reste-t-il de cet appel du 16 juin 1999 ?
L’Afp vient de fêter ses 21 ans suite à l’Appel du 16 juin par le président Moustapha Niasse. C’était un appel à toute la société sénégalaise, particulièrement les jeunes, la frange la plus dynamique et qui porte le plus d’espoir pour une population. Mais c’était aussi un appel en direction des femmes qui sont la sève nourricière d’un Peuple avec cette particularité de gérer nos foyers et d’être des actrices de développement. Un appel aussi à l’engagement citoyen et à toutes les forces vives de la Nation pour que le Sénégal puisse retrouver son lustre d’antan et aller vers l’émergence dans des secteurs comme la santé, l’éducation, les infrastructures et de façon générale, les différents agrégats économiques.
Ce qui est fondamental, c’est que l’Appel du 16 juin du président Moustapha Niasse résonne comme un bon livre à la disposition de toutes les générations qui se succèdent. Ceux qui venaient de naître en 1999 ont aujourd’hui 21 ans, ceux qui avaient 20 ans en ont 40. Et ce sont les tranches actives du développement du pays. Et ceux qui avaient dépassé la cinquantaine sont aujourd’hui les sages du pays et sont en train, chacun de son côté, de donner des conseils aux plus jeunes pour que ceux qui se sentent concernés par cet Appel puissent mieux s’impliquer dans le développement du Sénégal. Et c’était dans un contexte où il y avait une perte réelle des valeurs qu’il fallait restaurer. Il faut souligner aussi que des cadres du pays, comme nous autres qui n’étions pas des politiques, se sont engagés pour le développement du pays à grâce à cet Appel.
Que peut-on dire de cet espoir et de l’idéal de progrès qui sous-tendaient cet appel ?
L’espoir est toujours là encore plus important, parce que l’idéal progressiste a aujourd’hui cette particularité de s’adosser sur la social-démocratie avec la solidarité qui constitue le bréviaire de ce que nous faisons. Aujourd’hui, chacun est engagé autour des éléments structurels de cet appel d’un parti politique, l’Alliance des forces de progrès. Ceux qui y étaient sont davantage impliqués, parce que l’espoir continue.
Au-delà de votre casquette politique, vous êtes aussi un acteur de la santé. Que pensez-vous de la gestion du Covid-19 par l’Etat ?
La gestion du Covid-19 par l’Etat est très correcte et intéressante, même si naturellement, toute gestion peut être critiquée. Il n’existe dans aucun pays au monde une gestion parfaite. Le Sénégal a choisi une stratégie d’anticipation et d’adaptation qui est très intéressante dans la gestion d’une pandémie. Quelque part, c’est une chance pour le Sénégal, et l’Afrique en général, d’avoir reçu le virus après d’autres continents que sont l’Asie, l’Europe, l’Amérique. Nous avons eu le temps de prendre connaissance du danger du virus et des méthodes de gestion de la crise par d’autres pays. Le Président Macky Sall a eu le sens de l’anticipation en mettant en place très rapidement un comité constitué de spécialistes et professionnels de la santé et d’autres matières pour prendre les décisions qu’il faut et quand il le faut. Ce sont des propositions collégiales, mais bien évidemment à la fin, c’est le chef de l’Etat qui décide de la direction à prendre. Et sur ce plan, il est important de savoir que le Président Macky Sall a, dès le premier cas confirmé, réuni le Comité national de gestion et décidé de fermer les frontières. Une mesure importante puisqu’en ce moment, tous les cas étaient importés.
Ensuite, il y a eu l’Etat d’urgence, avec des mesures très fortes qui ont permis à un moment donné de pouvoir circonscrire la pathologie. Le troisième élément extrêmement important et qui constitue une particularité sénégalaise – même si nous ne sommes pas les seuls – c’est d’avoir décidé d’hospitaliser tous les patients qui ont été diagnostiqués positifs au Covid-19. Cela a permis de rationaliser le protocole thérapeutique, celui du Professeur Seydi, à savoir l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. Ce traitement donne d’excellents résultats avec un taux de guérison qui tourne aujourd’hui autour de 67%, donc très positif. Et bien sûr, tout est fait pour éviter les effets secondaires. Donc, la partie purement gestion des malades se fait vraiment de très belle manière.
Cependant, ce qui reste, c’est l’engagement citoyen afin de stopper cette transmission communautaire. L’Etat ne peut que donner les moyens nécessaires pour informer et sensibiliser sur les mesures de prévention, mais il appartient aussi à chaque citoyen de prendre ses responsabilités. Nul ne peut aujourd’hui se permettre de nier l’existence de cette pathologie qui, en plus d’être contagieuse et mortelle, a paralysé notre économie. A nous de prendre en mains notre destin en respectant les mesures barrières, mais surtout en évitant au maximum certains événements sans grande utilité. Et je suis convaincu que si nous continuons à mettre en application ces recommandations, nous pourrons gagner ce combat contre le Covid-19.
Au vu de la montée en flèche des cas et des décès, doit-on passer à un «reconfinement» comme le suggèrent des spécialistes ?
Je suis toujours du même avis technique que la meilleure gestion d’une pandémie, c’est naturellement le confinement total. D’abord, il y a la partie gestion de la pathologie avec les équipes du Professeur Seydi qui s’occupent du diagnostic, de l’hospitalisation, de la mise en place du traitement. Ensuite, il y a la partie purement communautaire. L’idéal aurait été que chacun reste chez soi et, le cas échéant, on allait limiter le nombre de malades. Cependant, il faut admettre que le confinement total est impossible dans un pays à économie informelle très importante. Beaucoup sont obligés d’aller travailler tous les jours pour nourrir leur famille. Bref, le modèle économique et celui social ne le permettent pas. Donc à défaut de cet idéal du confinement, il faut mettre en place un système qui permette aux Sénégalais de respecter les gestes barrières. Mais chacun a également la responsabilité de se soucier de sa santé et de celle de ses proches.
La communication gouvernementale sur la crise sanitaire a-t-elle porté ses fruits au vu de l’évolution de la pandémie ?
Je pense qu’on ne peut pas communiquer au-delà de ce qui se fait actuellement ? D’abord tous les jours, les autorités mettent des informations à la disposition des citoyens à travers les points du jour du ministère de la Santé. Cela fait partie de la communication. Les Sénégalais savent très bien ce qui se passe avec cette maladie. L’autre élément, ce sont les informations à la base et sous ce rapport, le Sneips (Service national de l’éducation et de l’information pour la santé) fait un travail important de sensibilisation sur les mesures de prévention. Le plus important, c’est qu’il y ait plus de conscience pour vaincre cette pandémie.
Que répondez-vous à Barthélemy Dias qui accuse votre régime d’avoir bradé le littoral ?
La personne que vous avez citée ne s’est pas adressée à moi directement. Donc je n’ai pas à répondre personnellement. Par contre, sur le sujet relatif au littoral, il est important que les gens sachent que le domaine public maritime est inaliénable et appartient à tout le monde. Bien entendu, l’idéal c’est qu’il puisse être aménagé à des fins d’utilité publique. Il convient de rappeler tout de même que la spoliation du littoral a démarré avec le régime d’alors (Ndlr : le Pds) qui avait mis à la disposition de certains privés des baux. Ce qui était inacceptable et anormal. Aujourd’hui, la plupart des contentieux dont on parle datent de la période 2000 à 2012 et je fais partie de ceux qui ont combattu ces pratiques. Nous étions encore sous l’Acte 2 de la décentralisation où les autorisations de construire venaient de la ville de Dakar. En tant que maire de Fann-Point E-Amitié de 2009 à 2014, je n’ai donné aucune autorisation de construire à aucun Sénégalais. C’est avec l’Acte 3 de la décentralisation que les communes ont eu ces prérogatives de délivrer des autorisations de construire sur le domaine public maritime. Mais le sujet de discorde aujourd’hui, c’est entre l’actuel maire de Fann-Point E-Amitié, Palla Samb, qui a donné l’autorisation de construire à un certain Djibril Diallo et le maire de Mermoz-Sacré Cœur (Ndlr : Barthélemy Dias). C’est un contentieux entre ces deux maires qui se disputent la zone. Dans tous les cas, ce qui est quand même fondamental, c’est la décision majeure du président de la République de permettre, en cas de blocage, au représentant de l’Etat de délivrer une autorisation de construire. Il y a aussi que le ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, Abdou Karim Fofana, qui a annoncé le retrait des différents baux dans la zone du littoral au niveau des Mamelles. Ce qui est important, c’est que les Sénégalais puissent utiliser la façade maritime qui appartient à tout le monde.