Le budget de l’État, jusqu’ici construit selon une logique de moyens, change de paradigme et s’adosse désormais à partir de ce mois de janvier sur une logique de gestion axée sur les résultats. Le budget dit de moyens laisse la place au budget programme, construit à partir des politiques publiques, décomposées en programmes auxquels sont associés des objectifs précis arrêtés en fonction de finalités d’intérêt général et des résultats attendus. L’atteinte de ces résultats est mesurée par des indicateurs de performance.
Conçu ainsi, le budget programme est un facteur de cohérence, de performance et de transparence. En effet les programmes rendent lisibles les choix de l’État en termes de finalités, d’objectifs et de résultats. Ils permettent également d’identifier les acteurs dont ils élargissent la liste tout en clarifiant les rôles. Le budget devient le plan des dépenses à engager pour réaliser un plan d’actions.
Au nombre des innovations, on peut signaler que le projet de loi de finances de l’année est élaboré par référence à une programmation pluriannuelle à travers le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) et les Documents ministériels de Programmation Pluriannuelle des Dépenses (DPPD) qui constituent le support du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB).
Il y a lieu, cependant, de noter que l’effectivité du budget programme s’accompagne d’un certain nombre de défis comme l’appropriation politique et administrative de la réforme. En effet, il serait réducteur de considérer le budget programme comme un simple exercice technique.</p>
Tous les acteurs doivent se l’approprier pour en faire le meilleur usage et en tirer le plus grand bénéfice. Parmi les autres défis, figurent l’utilisation des informations sur les performances mais aussi des mutations organisationnelles et technologiques.Le budget programme arrive dans un contexte où historiquement les appareils chargés de la formulation des politiques économiques notamment la planification du développement et de la préparation/exécution du budget sont expérimentés.
En outre, le budget programme jouit de l’adhésion des parties prenantes car il contribue à résorber certaines lacunes soulignées dans le passé comme la faible articulation entre la plan et le budget et l’insuffisance du suivi-évaluation. La réforme a été adoptée sous la forme d’une directive de sorte que l’État dispose d’une large marge de manœuvre dans sa mise en œuvre. C’est le lieu d’inviter les uns et les autres à travailler ensemble dans une démarche participative pour en tirer le meilleur parti. Le Ministère des Finances et du Budget s’est engagé à favoriser cette synergie.
En effet, le transfert de technologies favorise la mise en commun des connaissances pour accroître le niveau de compétences des travailleurs dont la mobilité assure la diffusion du savoir. Le transfert de technologies est d’autant plus profitable qu’il existe, au niveau interne, des ressources humaines compétentes capables d’en capter les avantages, de les démultiplier et d’en bénéficier de manière durable.
Par ailleurs, avec le basculement vers le budget programme, nous adoptons un nouveau paradigme qui met inévitablement en exergue l’importance de la mesure de la performance à la fois collective et individuelle de la ressource humaine.
C’est pourquoi, les ressources humaines doivent être vues comme un capital particulier, au même titre que les moyens énergétiques, technologiques ou financiers. C’est ce qui justifie la place de choix accordée au capital humain dans le Plan Sénégal Émergent (PSE). C’est également tout le sens accordé à la professionnalisation de la gestion des ressources humaines dans le Programme d’Appui à la Modernisation de l’Administration (PAMA) que Monsieur le Président de la République, son Excellence Macky SALL, a lancé le lundi 5 août 2019 au Centre international de Conférences Abdou Diouf de Diamnadio.
Nous entendons continuer notre action sur ce chemin car toute administration publique orientée vers la performance et la satisfaction du citoyen-client doit veiller à la qualité et au bien-être de ses ressources humaines. Son succès et son efficacité en dépendent.
M. Abdoulaye Daouda DIALLO
Ministre des Finances et du Budget