S’exprimer en étant neutre sur le débat actuel concernant les ressources naturelles n’est pas chose aisée. Etant donné que l’esprit de parti corrompt le jugement, peut-on être ni pour le pouvoir, ni pour l’opposition mais pour le Sénégal?
A juste titre, le pétrole peut être surnommé « les excréments du diable ». Oui, la rente pétrolière constitue un puissant aphrodisiaque pour les luttes de pouvoir. Elle a été un facteur d’immobilisme politique au Gabon, Congo et au Cameroun. En outre, elle a été le catalyseur d’instabilité et de violence comme ce fut le cas au Nigeria, au Soudan, en Angola avec des guerres civiles particulièrement sanglantes.
Déjà dans certains pays, les ressources tirées du pétrole ont bénéficié à une élite pour ne pas dire une famille avec la complicité de puissances étrangères. Et le malheur c’est que la rente tirée de l’or noir permet aux élites de disposer de ressources pour une redistribution clientéliste en vue d’une conservation du pouvoir.
Donc, la question qui se pose est celle-ci: avons-nous retenu les leçons du passé? Manifestement, non.
Je dois préciser que je me méfie du reportage de la BBC car j’y vois soit une résurgence de la tutelle paternaliste des médias occidentaux ou une tentative de destabilisation menée par des intérêts occultes. Oui la BBC a des intérêts! Oui dans certains cas, la BBC peut pactiser avec des compagnies privées! Oui la BBC ne s’intéresse pas aux beaux yeux des Sénégalais. Cette chaîne, loin d’être le parangon de la vertu journalistique, a relayé la propagande lors des guerres d’Irak, de la Libye ou des Malouines. Donc, prudence!
Toutefois, le plus important c’est de noter qu’une gestion nébuleuse crée des polémiques, des contestations et une tension. C’est pourquoi, tout citoyen doit exiger la transparence dans la gestion des ressources naturelles. Par conséquent, il appartient à notre presse et aux institutions sénégalaises de jouer pleinement leur rôle.
La paix sans la Justice est une illusion.
La paix dans l’opacité est une vue de l’esprit pouvant entraîner une fébrilité de nos institutions.
Naturellement, la stabilité est tributaire d’une gestion saine et transparente des ressources publiques au service exclusif d’un peuple mature. Toute cupidité est synonyme de conflits. Cependant, vu le contexte sécuritaire actuel avec une sous-région devenue une poudrière, la retenue s’impose.
Donc, notre destin dépend de notre capacité à gérer les effets économiques, sociaux, politiques et environnementaux des ressources naturelles car l’exemple du Norvège – un pays ayant des institutions fortes – montre que la malédiction du pétrole n’est pas une fatalité.
Il a suffi d’un seul reportage de la BBC pour déclencher toute cette polémique. Imaginez quand France 24 et RFI s’en mêleront à travers des « éditions spéciales » ou « enquêtes exclusives »!!!
Massaer Gaye, citoyen sénégalais